Fièvre du coeur

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Cette nuit-là fut agitée. Le sommeil mit longtemps à s'installer, et le répit fut de courte durée. La pluie, elle, battait. Wriothesley lui, tremblait. L'air ici était gelé.

Incapable de dormir, il finit par se redresser, en regardant à sa droite. Évidemment. Malgré les évènements de la veille, il avait tenu à ce que le juge suprême partage une partie du lit : pourtant, découvrir la place qui lui avait été destinée froide ne l'étonna pas tant que ça. Il commençait à lentement comprendre Neuvillette, et savait qu'il était têtu.

Mais lui aussi, il l'était un peu. Alors il se leva, se dirigeant vers le canapé, où il était allongé ; est-ce que son but était de le porter jusqu'au lit pour le forcer à mieux dormir ? Oui, ça l'était, avant qu'il ne le découvre tremblant et respirant fortement.

Tout de suite alarmé, Wriothesley s'assit à son chevet et lui prit son pouls. Son coeur ne battait pas normalement. Sentant sa présence, Neuvillette entrouvrit la bouche mais rien n'en sortit. Les yeux papillonant, il ne semblait vraiment pas en bon état.

Le duc se pencha alors vers lui, la paume de sa main posée contre son front. Bingo. Il était brûlant. C'était ça, de se surmener, sans dormir ni assez boire et manger. Cet homme était véritablement incapable de s'occuper de lui-même.

- Neuvillette. dit-il d'un ton ferme. Est-ce que vous m'entendez ?

Il tourna un peu la tête vers lui, comme si le contact de la peau fraîche de l'ébène lui faisait du bien, et hocha la tête.

- Vous êtes sûr? - Nouvel hochement de tête.
- Est-ce que vous êtes mort?

Le clignement de ses yeux montrant sans doute son étonnement, Wriothesley se dit que finalement, il allait peut être réussir à s'en sortir par lui-même sans alerter la nation entière.

Il le quitta quelques instants pour aller chercher une serviette humide et des médicaments anti inflammatoires de la trousse que lui avait confié Sigewinne, qu'il lui fit boire doucement. Il le couvra d'une couverture non loin d'ici et pressa le tissu contre son front, en écartant ses cheveux pour ne pas les mouiller. Quelques minutes plus tard, il semblait déjà aller un peu mieux. Cela le soulagea. Son regard clair cherchait à trouver le sien, et le duc crut y voir la crainte.

- Pourquoi êtes-vous parti du lit ? murmura t-il finalement, voyant qu'il ne savait pas par quoi commencer. Vous auriez pu vous reposer et cela vous aurait évité cette situation...
- Je ne voulais pas...enfin je...

Il fut interrompu par son propre hoquet et Wriothesley continua quand à lui de le rafraîchir, l'air soucieux. Puis il vit les yeux clairs de Neuvillette devenir plus brillants.

- Je vous demande pardon, je-
- Non. le coupa l'ébène en soupirant. C'est moi qui vous demande pardon. Je n'aurai pas dû vous mettre mal à l'aise. Mais je voulais simplement mieux vous connaître...c'était sans doute trop tôt.

Il eut beau tenter de le cacher au maximum, de prendre une voix neutre, il était quand même déçu. Pas du juge, non loin de là. Il avait simplement cru que, peut être, ils s'étaient suffisamment rapprochés pour qu'il se sente en confiance avec lui. Visiblement, ce n'était pas le cas. Une peine étrange lui serra le cœur.

- Wriothesley...

Son coeur loupa un battement, et sa peine s'envola.

C'était sans doute la première fois que son prénom franchissait la barrière de ses lèvres. Cela lui fit si étrange qu'il en resta sans voix, son regard stupéfait posé sur lui. Mal à l'aise par cette réaction de pur choc, le blanchâtre rougit. Et ce n'était définitivement pas à cause de la fièvre...

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⏰ Dernière mise à jour : May 18 ⏰

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: ̗̀➛ 𔘓 the dragon's rainy tears ( 𝙬𝙧𝙞𝙤𝙡𝙚𝙩𝙩𝙚 ) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant