Le cabanon

Chapitre 1

- Allez, trouillard ! Vas-y seul si tu en es capable ! dis-je à Noah.
- Non, toi, vas-y, je vais choper le tétanos dans ton fichu tas de bois.

Il est plus bête que je ne le pensais. La preuve en est qu'il ne se souvient pas qu'il est vacciné.

- OK, amuse-toi seul dans la forêt sombre... je murmure d'un ton lugubre.
- Ouais, c'est ça, vas-y !

Noah me chasse d'un geste de la main.
Je lui fais ma plus belle grimace, puis je m'engouffre dans le vieux cabanon miteux.
Ma première réaction est de grelotter : on se les gèle là-dedans ! J'allume la torche de mon portable, et j'enfonce une main au plus profond de la poche de mon blouson.

Il fait plutôt sombre dans l'abri, et il n'est pas si grand que ça. J'éclaire de vieux outils de jardinage, recouverts de mousse, de toiles d'araignée... il y a aussi des bâches et des paires de gants piqués par la moisissure et l'humidité.

- Viens, Noah ! C'est Disneyland ici ! je hurle.

Je regarde par la fenêtre, mais je n'aperçois aucune silhouette dehors : ce dégonflé a mis les voiles !! Rageuse, je tente de lui envoyer un message, mais je ne peux pas : il n'y a AUCUNE barre de réseau, et je suis en 2G...
Je continue malgré tout mon urbex quelque peu « bancalisé ».

Mais soudain, je sens littéralement le sol qui s'effondre sous mes pieds. Le plancher vient de céder sous mon poids-plume, je rêve ! Un craquement des plus sonores retentit, puis j'effectue la glissade la plus longue et douloureuse au monde (j'exagère sûrement, mais ça fait tout de même extrêmement mal). Je m'époumone :

- Ouille, mes fesses ! Noah, j'te déteste, espèce de lâcheur !

J'ai dévalé un important tas de cailloux après l'effondrement du sol. Ma voix se répercute sur des murs de pierre.
Il n'y a toujours pas de réseau.
Un peu tremblante, je dirige ma lumière vers un tunnel rocheux que je viens d'apercevoir. Il est plus long que mon avenir ce tunnel. Je me tourne ensuite vers la montagne de cailloux : il est tout simplement impossible d'y grimper. C'est le plus beau jour de ma vie.
Je devrais peut-être voir ce qu'il y a au bout de cette fameuse grotte. Ainsi, je mourrai déshydratée et affamée, mais moins bête.

- Y'a quelqu'un ?! je hurle.

J'ai pas trouvé plus original à dire.
Mais des frottements répétés me parviennent en guise de réponse.
Ainsi que des rires.

- Noah, sérieux, c'est pas marrant !

Les rires, momentanément interrompus, retentissent de plus belle. J'aperçois une étrange lueur bleue au bout du tunnel.
Sans réfléchir, je m'élance vers la lumière.

- Noah, j'arrive ! Tu vas souffrir ! dis-je pour le prévenir.

Les rires se font de plus en plus proches, et une silhouette se dessine dans la lueur bleue.
Mais je remarque vite qu'il ne s'agit pas de mon ami Noah. À moins qu'il n'ait rétréci.
C'est une petite fille, très pâle, vêtue d'une robe d'été plus blanche que blanche. Et il y a un truc qui cloche : elle est presque phosphorescente !
Ma chute a dû me causer des dégâts au cerveau, j'en suis persuadée.
La petite ne rit plus, et me fixe, un peu apeurée.

- Euh, salut ? je hasarde.
- Bonjour, fait-elle d'une voix suraiguë.
- Tu... tu es perdue ?
- Non, j'habite ici. Je joue avec les cailloux.

Je suis toquée depuis ma naissance. Je le savais.

- Où est la sortie ? je demande.
- Je ne sais pas, je ne suis jamais partie.
- Tu... tu es seule ?

Elle s'abstient de répondre.
Pendant ce blanc, j'en profite pour la dévisager brièvement : elle a des yeux d'un noir profond, des cheveux dont la couleur est cachée par la lumière aveuglante qu'ils dégagent, et des lèvres très bien dessinées, dénuées de couleur.
Je dois halluciner, là.
Tiens, je viens d'avoir une idée.

- Euh, je peux te serrer la main ? je demande.
- Oui.

Et elle me tend une petite main aux doigts fins et translucides.
Cette main-là, je parviens à la traverser facilement.
Je hurle, puis m'effondre au sol.

📔📘📕📗📙📓

Coucou ! J'espère que ce premier chapitre vous a plu ;)
Je ne sais pas si je serai très régulière dans mes posts, mais je vais me débrouiller.
N'hésitez pas à voter, commenter (un truc sympa s'il vous plaît 🥺), vous abonner... vous faites ce que vous voulez ! 🤍