Ton

221 15 1
                                    




· · ──────·本·──────· ·


Xie Lian poussa un faible soupir.

Une brise fraîche se soulevait dans les airs lorsque l'homme passa une main dans sa longue chevelure brune, soucieux. Quelques pétales, ayant quittés leur nid, s'étaient coincés entre certaines de ses mèches de cheveux.

Le soleil était haut dans le ciel, inondant le paysage de sa généreuse lumière. Comme un rêve, on se serait cru dans un conte de fées idyllique, fantastique, presque magique. Tout était calme. Les herbes ondulaient doucement sous le vent, parfaite vague dans un océan apaisé et coloré, tandis que quelques oiseaux chantaient ici et là, cachés dans de hautes branches, une mélodie qui leur était propre.

Toute cette beauté et ce décor angélique lui rappelèrent quelqu'un. Cela lui arracha quelques mots, silencieux dans la foulée. Deux syllabes, simples, douces, légères mais essentielles, comme la brise qui frôlait le visage du dieu à cet instant. Car il manquait quelque chose à ce paysage trop parfait.

Un prénom.

" Sang Lang... "

Cela le lui avait échappé.

Surpris, Xie Lian écarquilla les yeux.

Un amas argenté et lumineux lui fonçait dessus à la vitesse à laquelle un éclair aurait frappé la terre.

Mais à y regarder de plus près, il s'agissait là de papillons. Des centaines - non, certainement des milliers - de petits insectes s'approchèrent avant d'entourer le jeune homme comme une tornade, une pluie forte et abondante, mais qui cette fois-ci ne viendrait pas du ciel. D'ailleurs, d'où ces papillons venaient-ils exactement ?

Aucune idée. Il était préférable de laisser notre imagination nous donner une réponse.

Cependant, loin d'être effrayé, le visage du jeune dieu s'apaisa, armé d'un tendre sourire. Ses prunelles, mordorées, se firent plus douces, observant chacune de ces petites créatures voltiger et tourbillonner autour de lui avec bienveillance. Pourquoi diable Mi Qong et Feng Xin les craignaient autant ? Lui, il les trouvait plutôt jolis. Ils étaient adorables, même. Et pas franchement différents des autres espèces de papillons, même si... ceux-ci étaient spéciaux.

En marge des autres.

" ... Tu m'as appelé, Gege ? "

À cet écho qui résonna comme l'on chanterait une berceuse, l'amas de papillons se regroupa, formant ainsi une immense boule lumineuse et argenté, agités. Sous le regard de Xie Lian apparut alors une silhouette dont la couleur se distinguait du reste du paysage, singulière.

Entièrement vêtu de rouge, son arrivée provoqua une bourrasque bien plus forte que la brise matinale, qui manqua presque d'emporter le jeune prince, dont le vent faisait s'envoler sa robe Taoïste blanche comme sa chevelure. Son regard, habituellement sournois, se posa alors sur le principal intéressé. Son sourire s'agrandit aussitôt, alors que le borgne se rapprochait de son ami pour le saluer, sa longue chevelure noire de jais flottant derrière lui comme une élégante cape.

" Tu... tu m'as-tu entendu ? " s'étonna alors Xie Lian. Et pourtant, en son for intérieur, la présence de son cher ami lui donnait du baume au cœur. Et puis au final, ce n'était même pas si surprenant.

Il avait eu envie que celui-ci vienne.

" Tu avais envie de me voir, non ? répondit simplement le Roi des fantômes en haussant un sourcil. Alors, me voilà. Je suis là, tout à toi.

- Sang Lang... merci. Je suis content de te voir.

- Tu prévoyais de faire quelque chose de spécial, aujourd'hui ? demanda le noiraud en posant ses mains sur ses hanches.

- Oh, euh... non. La terre semble endormie, aujourd'hui. Le royaume des cieux a l'air silencieux, lui aussi. Alors... je pense que je vais simplement aller me promener un peu dans les alentours. Tu voudrais venir avec moi ? "

Hua Cheng - Sang Lang pour les intimes - observa quelques secondes son ami, l'air pensif, avant de finalement opiner en silence de la tête.

" Bien sûr. Je te suis, allons-y. "

Satisfait de cette réponse, le sourire de Xie Lian s'agrandit, alors que celui-ci entama le début de sa promenade sur un chemin de terre sèche, qui serpentait en direction d'une forêt. Il connaissait bien ce coin, après tout, c'est ici qu'il avait décidé de s'installer en rénovant son temple Taoïste quelques mois auparavant. Celui-ci n'était pas encore complètement reconstruit mais, au moins, cela lui semblait être une maison idéale. Chaleureuse, accueillante, agréable, et puis... simple, et entourée de verdures.

Qu'est-ce qu'un jeune dieu de sa trempe pourrait demander de plus ? Enfin, c'était un peu idiot comme réflexion. Les dieux aimaient depuis toujours la luxure et l'espace, car c'était ainsi qu'ils se construisaient une fois leur ascension passée. La terre n'était plus leur demeure, mais bien celle des mortels. Les êtres transcendants comme Xie Lian s'installaient traditionnellement dans les cieux, dans des palais, pas dans de petits cabanons complètements démolis.

Le confort des supérieurs n'était pas négligeable, après tout. Mais Xie Lian ne partageait pas cette avis.

" Tu penses trop, lâcha brusquement Hua Cheng sur un ton moqueur. Je te l'ai déjà dit, non ?

- Hein ? "

Arraché à ses songes, Xie Lian se tourna brusquement vers son ami, incrédule. En guise de réponse, le noiraud lui adressa un sourire tendre.

" Tu veux toujours vivre dans ton temple ? ajouta-t-il alors, comme si la moindre de ses pensées n'était qu'un livre à ouvrir pour lui... ou pire encore, à feuilleter.

- Euh, bah... oui, je pense, répondit alors Xie Lian, surpris de constater que son ami avait tapé en plein dans le mille. J'aime bien, même si ce n'est pas encore rénové. Il manque toujours des choses par ci ou par là, et puis c'est un peu insalubre... mais je m'y sens bien. Et tant que je m'y sentirais bien, se sera mon domicile. Ma maison. Mon foy- non, juste ma maison.

- Hm ? Qu'est-ce que tu allais dire ?

- Non, je... j'allais dire une bêtise. Dire qu'une maison est comme un foyer, c'est.. c'est comme dire que l'on a une famille quand on est seul.

- Et ce n'est pas le cas ?

- Non. Je vis seul, je ne peux pas dire que j'ai une famille. Vivre avec quelqu'un, la personne qu'on aime, que l'on chéri, fonder une histoire et avoir des enfants pour ceux qui le désirent... c'est ça, un foyer. Une famille. Enfin, c'est ainsi que je conçois les choses. "

À cette réflexion, Hua Cheng écarquilla les yeux. Autour des deux hommes, un légère brise semblait s'être de nouveau levée, leur frôlant respectivement le visage. Les oiseaux chantaient pour eux, accompagnés par quelques cigales discrètes, cachées dans l'herbe. Il aurait même semblé que le soleil leur avait offert quelques uns de ses rayons les plus chauds.

Un foyer...

Une famille.

Quelque chose que l'on chérit avec la personne qu'on aime.

À cette pensée, le cœur du fantôme s'emballa. Ses pensées divaguaient, s'éloignaient bien loin de ce chemin, de cette promenade, de ce paysage...

La chaleur de son corps contre celui de l'être aimé inonda son esprit. Et alors, tendrement enlacés sous les draps, un rayon de soleil vint leur rendre visite.


· · ──────·本·──────· ·



· · ──────·本·──────· ·

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.
Ti Guan Ci Fu - Ton Nom Sur Mes LèvresWhere stories live. Discover now