.• là haut dans les étoiles

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Un souvenir. 

Lointain. 

Si lointain, que quand il ferme les yeux, il ne voit que sa silhouette. Une silhouette resplendissante, mais noircie par les coups de la vie. Tachée de l'encre morbide de la (triste) réalité du monde. Vie envolée. Disparue. Enterrée. Écrasée. Brûlée. Par l'amour ardent qu'il lui portait. Il se rappelle. Il se rappelle de sa peau contre la sienne, de leurs lèvres comme soudées, de ses yeux, de ses mains, abîmées par le métal qu'il faisait courir sur sa peau. Sa peau d'ange. Il se souvient aussi de son rire. Son rire beau, son rire doux, son rire...faux. Oh, lui même, cela fait longtemps qu'il n'a pas rit. Il essaie, ouvre la bouche, mais aucun son n'en sort. Juste une larme. Seule, comme lui. Car depuis qu'il est parti, lui, son âme sœur, son épaule, sa joie de vivre, sa raison d'exister, son malheur, sa tristesse, son amour, sa boussole dans une vie perdue, depuis qu'il est parti, si les mots, eux, ne sortent plus, les larmes, elles, inondent son cœur fatigué.

Il rouvre les yeux, se lève, et sort de chez lui, il fait bientôt nuit, mais il s'en fout. C'est une nuit d'été. Chaude et accueillante. Paisible et tranquille. Une nuit passée seul. Encore. Il marche sur la plage. Il pose ses yeux sur l'océan, cette force belle et calme, qui ne se lasse pas d'envoyer sur la terre les vagues, ses plus fidèles compagnes, qui s'écrasent sur le sable en continuité. Il aimerait être comme elles, éphémère. Capable de disparaître, comme ça, sans prévenir, et que les gens ne se rappellent plus que de lui comme un ensemble, un composant, une goutte, du vase gigantesque qu'est l'univers. Il ferme les yeux. Replonge dans sa mémoire détruite ;

« Ils couraient. Imperturbables, vers un monde inconnu, peut être, nouveau, sûrement, mais ils couraient. Il se souvient qu'il entendait son pas a côté du sien, et qu'il avait tourné son visage vers lui. Il lui avait sourit en retour. Un sourire sûr, un sourire beau, un sourire faux (toujours), un sourire d'ange. Ils avaient accéléré. Ils auraient pu s'envoler, peut être, ou peut être pas, mais ils avaient eu l'impression que les ailes imaginaires du bonheur poussaient dans leur dos, les entraînants tout deux vers les étoiles. Là-haut. Dans le ciel. Il avait attrapé sa main, il s'était arrêté. Lui aussi. Ils étaient seuls, mais ensembles. Deux astres contraires ; mais les opposés s'attirent. Ils étaient le noir et le blanc, la lune et le soleil, la pluie et le beau temps. Ils s'étaient embrassés. Un baiser doux, profond, mais avec l'arrière goût amer de la tristesse de vivre. Et puis, un instant plus tard, fatidique il lui semble, il n'y avait plus qu'une planète. Qu'un opposé. Qu'une vie. Il s'était effondré devant lui, avait été pris de secousses incontrôlables. Et il n'avait rien pu faire - il sent les larmes couler sur ses joues. Il s'était aussitôt agenouillé auprès de son amant, mais les yeux de celui-ci étaient révulsés, absents, lointains... puis le silence s'était fait. Le silence d'un cœur qui s'arrête de battre. Le silence du fil d'une vie coupée. Le silence d'un amour perdu puis hurlé. Un silence assourdissant. Un silence de mort. »

Il rouvre les yeux, le visage noyé sous les larmes salées. Comme l'océan. Il hurle dans la nuit. Et puis il court. Il trébuche, tombe, se relève. Il sent l'eau lui arriver au cheville. Elle est froide. Comme la mort. Elle lui arrive à présent au genoux. Il repense à sa voix. Il a de l'eau jusqu'aux hanches. Il repense à ses cheveux. À son cœur immobile. À son corps idiot de s'être arrêté de vivre. L'eau arrive à ses épaules. Il est malmené par les vagues sans âme. Il lève les yeux vers le ciel. Une dernière fois. La lune est pleine, elle brille, comme son regard, parfois. Il inspire (une dernière fois). Il enfonce sa tête dans le silence profond des abîmes. Il ouvre les yeux, il le voit. Lui tend la main.

« Je te rejoins, mon amour. Là-haut, dans les étoiles. »

Dans Ma TêteWhere stories live. Discover now