Le petit soleil triste

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Hier, je me baignais dans la petite illusion du sourire. Vague après vague, vidéo après vidéo, mon esprit voguait et se dispersait près du vide. Des rires, des voix, tout passait sous mes yeux mais rien ne me saisissait. Il y avait comme un bourdonnement dans une masse floue presque inexistante. Mon téléphone s'activait mais je ne ressentais rien. Seulement une secousse dans un flottement.

Un instant, une danse ridicule me sortait de cet état étrange en me provoquant un rictus. Une réaction à l'absurdité ? L'existence du tragique néant. Quand le corps se force à être. Quand l'humain oublie sa finalité pour respirer. Devons-nous oublier notre nous et les autres pour exister ? Devons-nous nous perdre dans le vide pour nous laisser vivre ? Peut-être que notre condition nécessite le rien absolu.

J'avais à peine le temps d'y songer qu'une seconde vidéo attirait mon attention. Des bombardements causaient la mort de plus de trois cents enfants à Gaza. Une école venait de se faire détruire par une roquette de l'armée israélienne. Il y avait autour de cet insupportable scène, un cadre, mon téléphone. J'étais observateur d'un tableau qui me sautait au visage, qui s'immisçait dans mon corps, mon cœur, mes viscères, m'écorchant dans le calme absolu de mon appartement.

Mon rictus avait disparu mais mon corps, lui, ne réagissait pas à l'enfer qui brulait au creux de sa main. Mon esprit semblait perdu, frôlant presque, à certains moments, des idées, des images dérisoires.

Comment réagir à l'insoutenable ? Dois-je pleurer ou crier ? Crier ou pleurer ? Me noyer dans mes larmes. Étouffer ce feu ardent en criant.

Je n'avais jamais été habitué à compatir pour des humains qui vivaient si loin de moi. Ils étaient conçus du même sang, de la même chair pourtant. Mais je n'arrivais pas à les imaginer. J'étais statufié. Comme si les torrents du désastre humain me métamorphosaient en un objet quelconque. J'étais de moins en moins humain ou trop humain rapidement. C'était l'antithèse du néant. C'était l'existence vraie, dans sa forme la plus pure, et pourtant, je ne pouvais pas l'accepter. C'est dans la destruction violente et stupide que l'homme parvient à comprendre ses incohérences. C'est face à l'horreur même que nous nous refusons de vivre, de penser. C'est en pensant que nous accomplissons mais c'est en oubliant tout, même la vérité et la raison, que nous vivons, survivons.

Aujourd'hui, j'ai décidé de ne plus vivre quelques minutes. J'ai choisis de suspendre mes badinages puériles, d'ouvrir les yeux. Et j'ai peins cette fournaise que l'homme à créé pour que jamais il ne l'oublie.

Lowsleeperr.

Confessions sur GazaWhere stories live. Discover now