Mathieu Marins- Les Marcherêves

Chapitre 1: Seul sur l'océan

La première chose que Mathieu ressentit fût la chaleur : les rayons du soleil caressaient sa peau, et le réchauffaient, diffusant dans son corps une agréable sensation de bien-être.

La deuxième chose qu'il identifia fût l'odeur : une odeur de sel.

Il ouvrit les yeux, et resta un moment allongé, à observer le soleil radieux qui brillait dans un ciel sans nuages au-dessus de lui. Il écouta, et se sentit bercé par le refrain hypnotisant des vagues et le rythme reposant du roulis et des remous qu'il sentait et qui résonnait autour et près de lui.

Il demeura ainsi, profitant de ce plaisir simple sans penser à rien... Puis il fronça finalement les sourcils, son cerveau détectant comme une anomalie.

Le bruit des vagues ? Pensa-t-il, bizarre...

Les souvenirs de la voiture et de l'accident lui revinrent alors tout à coup en mémoire, le frappant tel une batte de base-ball en plein dans le visage... Et il se redressa à toute vitesse, maintenant tout à fait réveillé.

—Marie ! S'écria-t-il en regardant autour de lui, l'estomac noué par l'inquiétude.

Il vit alors où il se trouvait... et en oublia de respirer, stupéfait.

Car rien au monde n'aurait jamais pu le préparer à ce qu'il allait découvrir. Rien. Jamais.

Il se trouvait sur un bateau, seul, au milieu de l'océan.

Mathieu fixa l'immensité bleue qui l'entourait, incapable de croire à ce qu'il voyait.

Comment ? Se demanda-t-il, le visage comme bloquée en une expression de surprise mêlée d'incrédulité. Mais comment diable avait-il pu se retrouver ici ?

Mathieu fouilla dans sa mémoire, chercha dans les plus profonds recoins de son esprit un élément qui pourrait expliquer la manière de comment il avait atterri là : la dernière chose dont il se souvenait, c'était de s'être fait renverser par une voiture qui lui avait foncé dessus à toute berzingue... Et de s'être envolé sous la violence du choc (ce souvenir le fit grimacer).

Alors, par tous les saints, comment avait-il fait pour se retrouver au milieu de la mer ?

Il demeura ainsi plusieurs longues minutes, immobile sur les fesses, les questions se mêlant dans son esprit en un tourbillon incessant et indéchiffrable.

Puis un détail attira sont attention... Et il remarqua à quel point l'océan qui l'entourait était étrange : en effet, cela ne l'avait pas frappé au premier abord (son esprit avait plutôt été concentré sur la raison de l'apparition de cette mer, plutôt que sur ce à quoi elle ressemblait)... Mais maintenant qu'il y faisait plus attention, il devenait évident que celle-ci n'était pas d'un type habituel : les rayons chaleureux du soleil se reflétaient sur l'eau, scintillants comme si d'innombrables diamants les renvoyaient dans toutes les directions, en de petits traits de lumières illuminés de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Et l'eau elle-même ne paraissait pas commune : elle semblait plus dense et plus... Brillante. Comme si une lumière diffuse s'en dégageait ; issue non pas de l'astre au-dessus de sa tête, mais bien d'elle-même...

Ce qui était aussi, bien entendu, impossible.

Mathieu réfléchissait encore à ce mystère, les méninges tournant à une vitesse folle... Quand un son retentit soudain, et le fit sursauter: bien loin de toutes ces considérations philosophiques, son estomac, lui, le rappelait à l'ordre et à la réalité, comme toujours.

Mathieu se gratta la tête... Puis finit par sourire au bout d'un instant, et il se dit que son ventre avait probablement tout à fait raison : il fallait qu'il trouve à boire et à manger, et vite. Peu importe où il se trouvait, s'il mourrait de faim, il n'aurais jamais l'occasion de comprendre ce qui lui était arrivé.