Ascenseur émotionnel

            Gajeel n'aimait pas l'idée d'ascenseur émotionnel. Il était sensé savoir contrôler ses émotions, aussi intense soient elles, et les maintenir stables pour ne plus souffrir. Il se devait de rester impassible ou de sourire aux remarques provocatrices et insultantes de ses ennemis. Il ne devait pas rentrer dans leur jeu et s'effondrer, que ce soit sur un champs de bataille comme dans la vie de tous les jours. Il était le fils d'un dragon d'acier, il était le seul et unique dragonslayer d'acier. Se forger une carapace était naturel pour lui,indispensable même à sa santé mentale. Il se devait de contenir ses peurs comme ses peines. Bien sûr, il s'était ouvert aux autres à Fairy Tail, mais il se refusait à laisser ses émotions négatives dominer son esprit. Par fierté, certes, mais aussi parce que ce n'était pas comme ça qu'il avait été éduqué. Metalicana n'était guère un père particulièrement chaleureux mais il avait su inculquer certaines valeurs à son fils adoptif. Et cacher ses faiblesses aux ennemis comme aux amis en faisait parti. Pour ne pas inquiéter ou pour ne pas leur laisser la chance de vous toucher aux endroits les plus sensibles. Alors, Gajeel détestait le principe d'ascenseur émotionnel. Parce que c'était d'autant plus difficile de se retenir d'afficher sa douleur lorsque l'on chutait de haut.

             Évidemment, cette fausse joie fut la pire. Depuis combien d'année attendait-il de revoir son père ? De le taquiner ? De le sentir ? De se blottir contre ses flancs par une nuit de pleine lune ? Plus de dix ans que le petit dragon slayer cherchait à retrouver celui qui l'avait élevé malgré leurs évidentes différences... Il avait tellement de chose à raconter au dragon d'acier. Tellement d'évolution qu'il voulait lui montre... Tellement de personne à lui présenter. Gajeel voulait aussi prouver à son père qu'il était devenu un homme bien malgré ses erreurs passées... Mais il ne pourrait pas. Il ne pourrait plus jamais ne serait-ce qu'avoir l'espoir de le revoir, ailleurs que dans la mort. Ce simple constat lui déchirait le cœur à coup de crocs aiguisés, bien plus dangereux que ceux d'un dragon.

               Une heure plus tôt, il avait cru que toute la joie dans son cœur allait le faire exploser.Une heure plus tôt, il avait senti tout son courage revenir afin de terminer les combats en cour, un regain de force dont il avait eut sérieusement besoin pour porter Laxus malgré sa fatigue. Une heure plus tôt, il avait eut l'espoir que son avenir serait radieux, aux côtés de Metalicana. Mais non. Le destin lui avait joué un sale tour et son cœur s'était à nouveau brisé.

            Bien sûr, il avait fait bonne figure auprès du reste de la guilde. Et surtout, devant le regard d'acier de son père. Gajeel voulait qu'il soit fier de lui,au moins une dernière fois. Puis la petite dragon slayer des cieux avait besoin de son soutien. Il savait qu'il devait lui faire comprendre qu'il serait toujours là pour elle. Qu'ils étaient une famille maintenant. Alors, il avait sourit à son père alors que celui-ci disparaissait une ultime fois de earthland. Son cœur semblait s'effriter en millier de particules en même temps que ceux des dragons. Les hurlements de Wendy, bientôt suivi par ceux de Natsu lui nouèrent encore plus l'estomac. Les larmes silencieuses de Sting et Rogue lui lacérèrent les entrailles. Mais il ne pleura pas. Il caressa délicatement les cheveux de sa jeune camarade en larme, regardant une dernière fois les pupilles bleu ciel de son père, qu'il aimait tant et qui lui disait à sa façon leur amour familial partagé. Un bleu si réconfortant. Qu'il aimait tant.

             Les minutes défilèrent lentement puis les autres mages commencèrent à retourner prêt de Fairy Hills, qui n'avait pas été détruite par chance. Ils s'y reposeraient cette nuit et y soigneraient les blesser avant de recommencer à construire la guilde. Lucy alla chercher Natsu et nombreux furent les mages qui prirent dans leurs bras la plus jeune des DragonSlayer. Gajeel s'éclipsa discrètement, espérant pouvoir être seul quelques instants. Il avait besoin de cette solitude pour pouvoir reforger son armure qui menaçait violemment de s'effriter en lambeaux, en même temps que son masque souriant qu'il avait offert aux membres de la guilde.