Prélude

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Jiyong et moi sommes dans mon appartement.
Nous sommes tous deux assis en tailleur sur le sol, fermant les yeux, le dos de nos mains posées sur nos genoux, indexes et pouces joints.
De la musique «relaxante» passe dans la pièce.
Jiyong a absolument voulu me montrer une de ces techniques de «relaxation» asiatique.
Il est vrai que cela fait bientôt 2 semaines et ... rien. Rien.
Même pas un petit meurtre de rien du tout!
Je suis donc quelques peu sur les nerfs (je l'avoue) mais cette ambiance ne me relaxe pas du tout! Elle me stresse même d'avantage!
Je me lève brusquement et me dirige vers la petite radio grise posée sur mon bureau.
Je l'éteins puis tourne mon regard en direction de Jiyong.
Il ne bouge pas d'un centimètre.
Je viens pourtant de couper sa précieuse musique...
Je m'assois dans un fauteuil en face de lui.
-«Jiyong?»
Pas de réponse.
-«Jiyong?»
S'est-il endormi?
-«Jiyong?»
Je lève mon index droit vers le ciel avant de lui titiller la joue gauche.
Mon ami ouvre son oeil droit...
-«Ah! Bon, j'ai faim. Une idée pour le dîner?»
Puis il le referme.
Même en lui parlant de nourriture...
Je soupire avant de me traîner jusqu'à la cuisine.
Une idée me vient.
Je prends le téléphone fixe se trouvant sur le plan de travail et compose un numéro: celui du livreur de sushis!
-«...Oui, bonjour. Ça pour commander des sushis.»
Le regard de Jiyong se tourne automatiquement vers moi.
Il a l'air d'espérer ou d'attendre quelque chose.
Je pose ma main gauche sur le micro du téléphone.
-«Tu veux quelque chose Jiyong?»
Les yeux brillants et un sourire se dessinant sur son visage, il répond:
-«Des makis, s'il te plait...»
Mon idée a fonctionné!
Je retire ma main afin d'annoncer ma commande à la personne attendant à l'autre bout du fil.
-«Dix makis et dix california rolls s'il vous plait. ... Une demi heure?... Parfait! Au revoir!»
A peine ai-je le temps de raccrocher que Jiyong s'est déjà remis dans sa position de méditation.
Je soupire avant de reprendre place dans le fauteuil de cuir le plus chanceux au monde.
Évidemment! Il est dans MON appartement!
J'appuie mon coude droit sur mon genou droit, et dépose ma joue droite dans la paume de ma main.
-«Jiyong... Ne me dis pas que tu m'en veux encore pour hier?»
En effet, la veille, Jiyong a voulu que je lui trouve un surnom. Je ne m'étais pas rendue compte que celui que j'allais lui proposé est parfois identifié comme terme raciste dans certains pays asiatique... Notamment la Corée.
Jiyong ouvre les yeux et prend sa tête entre ses mains.
-«Non...»
-«Bon, alors quel est le problème?»
Il relève soudainement son visage dans ma direction et me regarde droit dans les yeux.
-«Le problème, c'est que j'ai l'impression que, parfois, tu oublies que je suis là.»
Je reste pendant un pendant un petit moment, sans rien dire, la bouche entrouverte, sans vraiment comprendre.
Comment peut-il dire une chose pareille?! Et comment pourrais-je oublié sa présence?! Il me colle comme un chewing-gum!
-«Est ce que tu te souviens du jour où nous sommes rentrés de Corée? Ce jour-là, tu m'as dit que, à partir de ce moment, je faisais définitivement partie de ta famille... Et bien, j'ai l'impression que tu commences déjà à oublier ces paroles...»
Je me sens soudainement terriblement mal...
Je passe en revue tous les moments passés avec lui pendant ces deux dernières semaines et... Il est vrai que je fais beaucoup moins attention à lui. Je ne rie plus autant à ses blagues, je ne lui demande plus son avis,... C'est comme s'il disparaissait...
Je ne peux soutenir son regard plus longtemps.
-«Je suis désolée. Je ne me rends pas compte de ce que je fais et je ne savais pas que ça te toucherait autant. Je te demande pardon.»
Jiyong me fait un léger sourire, se voulant rassurant, avant de me répondre.
-«Tu es pardonnée. Je voulais juste que tu saches.»
Son sourire  qui était d'abord plutôt timide, s'élargit maintenant de plus en plus.
-«Et puis... Sortit de ta bouche, mon nouveau surnom est... Comment dire... mignon?»
Il se lève et va souffler les trois bougies et le tube d'encens qui brûlaient encore.
-«Exactement! ...»
J'attends quelques secondes avant de terminer ma phrase.
-«Mon petit pancake!»
Ces derniers mots le firent sourire.
Je me lève moi aussi afin de faire revenir mon appartement à son état d'origine.
Je prends la radio, ouvre le placard en chêne se trouvant à côté de la cheminée et la dépose sur la troisième étagère.
Une fois tout le désordre rangé, Jiyong et moi nous regardons, l'air satisfait et, je ne sais pas pourquoi, mais nous éclatons tous deux de rire.
Notre fou rire est rapidement interrompu par la sonnette de la porte d'entrée.
Bizarre... Le livreur est-il si rapide que cela?

just HOLMES : Éléments *EN PAUSE*Hikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin