La Poupée De Berlin ~

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J'étais là, du haut de mes six ans. Toutes ces lumières, toutes ces décorations. C'était magnifique. J'étais émerveillée. Tout semblait si beau, si scintillant et si brillant. Je savais que cela ne durerait pas éternellement, tout ceci était éphémère. Mais ce décors était sublime. Le froid de l'air me faisait grelotter, mais je le cachais. Je ne voulais pas rentrer, et si ma mère pensait que j'avais froid elle partirait immédiatement. Je voulais rester encore. Rester toujours si cela avait été possible, même.

J'aurais voulu pouvoir tout acheter. Toutes ces confiseries, toutes ces guirlandes, ces décorations, ces jouets. Si j'avais de l'argent, et que j'étais adulte, j'aurais tout acheté, j'en suis sur. Il est vrai que tout était si joli. Je me serais cru dans un conte. Il ne manquait que la neige, qui ne parait pas le sol de sa joli soie blanche. Mais, il faudrait s'en passer cette année, apparemment. Dommage.

Je levais les yeux. Mes lèvres se rétractèrent d'elles mêmes, comme par réflexe, lorsque je vit le sourire qu'arborait ma mère. Elle qui était toujours si morne d'ordinaire, souriait toujours lorsque l'on venait ici. Tout les ans, c'était devenu une habitude. Toujours, nous venions toutes les deux. Mon père ne risquait pas de venir. Maman disait qu'il était partit en vacance dans un pays loin, très loin d'ici, par delà les nuages. Que, dans très longtemps, je pourrais alors le rejoindre. Uniquement dans beaucoup d'années. Je savais donc qu'il ne reviendrait jamais. Il m'arrivait de pleurer. Mais, tout les ans, ce soir là, le bonheur revenait aussi vite que nous l'avions chassé.

J'étais petite, mais vous savez, vous les adultes, nous sous-estimaient. Ce n'est pas parce que nous sommes des enfants que nous ne remarquons rien. Nah. En vérité, je voyais bien que cet endroit redonnait le sourire à maman. C'était le meilleur remède qui existait. Toujours, elle venait, et me montrais les différents stand, des étoiles dans les yeux, et ce depuis mon premier anniversaire. Je ne pouvais pas imaginer une année sans y aller. Ce n'était qu'à une période, une courte période sur trois cent soixante cinq jours. Il était inimaginable pour nous de la rater.

Alors tout les ans, nous allions contempler cela. Les lumières, les décorations, les stands, les autres enfants qui souriaient, ou pleuraient parfois, lorsque leur bonbon était tombé par terre ou que leur parent avait dit non pour quelque chose. Tout les ans, nous venions et nous sourions comme nous n'avons jamais sourit. Jamais outre les autres visites en ce lieu.

Cette année était spéciale. J'avais pris six ans. Je devenais grande et maman était très fière de sa petite fille. Je lui souriait, heureuse. Sur un stand, orné de rouge et de blanc, étaient assises en rangs organisés de jolies petites poupées aux tresses rousses, blondes ou brunes. Elles étaient si jolies, et semblaient si joyeuses. Elles correspondaient tellement à l'ambiance festive de cette soirée, de cet endroit. Cet endroit si spécial qui réunit tant de personnes. Maman m'en a acheté une.

Je l'avais dans la main lorsque nous avions reprit notre marche le long de l'allée. C'est alors que tout à changé. Un cri a résonné, et une multitude d'écho se sont fait entendre. J'avais peur, tellement peur. Les décorations se brisaient, les sapins se faisaient arracher. Les gens courraient, sans savoir où aller. Je courrais, les larmes coulaient sur mon visages. Du haut de mes six années d'existences, j'étais terrifiée. Ce lieu qui m'avait toujours semblé si joli, si lumineux et si magique. Ce lieu qui représentait l'incarnation de l'esprit de noël, une fête sacrée. Il n'avait plus rien de joli. Il avait perdu tout son merveilleux lorsque maman avait pleurée qu'on allait retrouver papa. Et c'est là que je l'ai vu.

Un morceau de sapin était à l'intérieur, débordait, comme arraché. Les cris retentissaient, certaines personnes n'arrivaient à courir assez vite. J'avais beau dépêcher mes jambes autant que possible, rien n'y faisais. J'ai lâché ma poupée, et le grand camion noir est arrivé sur nous. Ravageant le marché de noël, ravageant la vie des personnes s'y trouvant, ravageant notre vie à moi et maman. La roue a écrasé ma poupée. De la même manière qu'elle a écrasé tant de personnes.

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⏰ Last updated: Dec 24, 2016 ⏰

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