Traquée par un vampire

Au commencement

L'homme encapuchonné se tenait face à elle. À sa manière de dominer, elle avait compris que c'était un vampire. En fait, elle l'avait compris à l'instant où elle comptait faire demi-tour après l'avoir percuté. Elle l'avait comprit trop tard. Maintenant elle se tenait raide comme un piquet à chercher désespérément un échappatoire là où il n'y en avait pas.

Quelle ironie. Elle était raide, mais tremblante face à un dominant qui, lui, ne cillait pas. Il la dévisageait, sûrement en pleine réflexion de s'il devait la laisser vivre, la tuer ou l'amener dans son repère de vampire.

Elle qui faisait la maligne auprès de son frère quelques instants plus tôt se retrouvait maintenant en position de faiblesse, sans personne pour la sortir de ce pétrin.

Le vampire à été créé pour être dominant, l'humain pour être dominé. Et pas question de déroger à la règle. Quelle situation déplaisante.

- Quel est ton nom ?

La voix de la bête était rauque, pleine de reproches. Elle lui avait juste foncé dedans, ce qui n'était pas une chose très grave en soi. Pourtant, le vampire n'avait pas l'air d'avoir apprécié. Ou alors n'avait-il pas apprécié qu'elle ait tenté de s'enfuir la seconde après s'être aperçue de ce qu'il était ?

L'adolescente ne répondait rien, top effrayée pour dire quoi que ce soit. Elle n'était pas du genre timide, cependant, on lui en avait raconté des tonnes d'histoires plus terrifiantes les unes que les autres sur les créatures de la nuit ! Et la loi instaurée il y a peu concernant l'obéissance, le respect et la soumission à avoir à l'égard de ces derniers n'avait rien fait pour arranger les choses.

- Je ne te le redemanderai pas une troisième fois. Donne-moi ton nom.

Cette fois, il s'avançait de quelques pas, provoquant chez la jeune fille un sanglot à fendre le cœur de toute personne censée. À défaut de pouvoir reculer, elle glissait contre la paroi bétonnée jusqu'à se retrouver à genoux sur le sol. Pathétique.

Le vampire souriait face à cette position plus que gratifiante pour lui, le dominant le plus haut placé. Malheureusement, le silence de la jeune fille lui faisait perdre la patience dont il avait fait preuve jusqu'alors.

Soupirant lentement, il tendait son bras gauche en avant, dirigé droit sur la petite brune qui pleurait encore plus à chaque mouvement de son interlocuteur. Le vampire levait simultanément l'index et le majeur et fit pivoter son poignet au moment même où le cri perçant de la demoiselle s'élevait dans les rues sombres de la ville.

Elle criait depuis plusieurs secondes, se tenait inlassablement la poitrine tant la douleur infligée lui meurtrissait le cœur, puis l'homme décidait de s'arrêter, faisant s'atténuer la douleur de sa victime.

Elle était à présent recroquevillée sur le sol miteux, pleurant silencieusement à chaude larmes, implorant n'importe qui pourrait l'entendre à l'aide.

- Eh bien ?

Mais personne ne viendrait. Personne ne prendrait le risque de se retrouver captif dans la toile d'un vampire. Le meilleur moyen dans une telle situation était de se soumettre, d'obéir, de respecter. Toujours.

Avec le peu de souffle qui lui restait, elle susurra :

- Auria... Auria Walters...

Voilà que ses dernières forces venaient de la quitter. Désormais elle ne pourrait plus parler. Elle garderait simplement les yeux ouverts dans l'espoirs de voir cette créature s'en aller, la laisser libre.

Quelle espérance. Aucun vampire ne ferait cela. Pas même lui, qui s'avançait prudemment vers la jeune fille.

Il s'accroupissait devant elle, abaissant la capuche de son long manteau noir.

La dernière chose qu'elle aura vu avant de fermer les yeux sera une chevelure blanche, aussi immaculée que la neige ainsi que des yeux rouges remplis de malice. Les yeux du Diable.

- Enchanté de te rencontrer, Auria.

Et la dernière phrase qui aurait pénétrer ses oreilles fut tellement irritante que même inconsciente elle serait venue la hanter.

- Je suis Demyan Vasilis. J'espère qu'il te reste de l'énergie, car j'ai de grands projets pour toi ce soir.