Partie 1 sans titre

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Combien de temps étais-je restée dans ma chambre ? Combien de temps m'avait-il fallu pour trouver enfin le cran d'y sortir ? Je ne savais pas, et je ne le saurai jamais je pense. Chaque jour était une véritable torture pour moi, et j'avais du mal à croire que c'était encore reparti pour un tour. Dans un geste à la limite de la précision et de l'habitude, je tirai longuement sur la manche de mon uniforme scolaire en faisant apparaître la peau de mon bras, totalement lisse et sans égratignures. C'était déjà ça. Je devais me rendre à l'évidence, les vacances étaient terminées et je reprendrais officiellement demain les cours. Toute mon âme entière criait qu'elle préférait mourir plutôt que d'y retourner, mais mon corps comme hypnotisé, se contentait de dévier mes véritables envies et faisait ce qui était en son devoir. Aller en classe, étudier, rentrer à la maison, travailler, manger et dormir.

Une routine qui s'appliquait à n'importe qui, en soi, pas de problème. Mais pour moi c'était une routine ajoutée à une souffrance supplémentaire, celle de ne plaire à personne et à subir la haine des autres. Et puis, je me mis à penser à ma mère. Si vous saviez le nombre de fois où j'ai songé au suicide et le nombre de fois où son image m'est venue en tête, vous seriez franchement étonnés.

D'un geste las, je me débarrassai de mon uniforme, le pliai soigneusement et le déposai sur ma chaise avant de me diriger vers la salle de bains. Mon corps était encore intact. Je n'y avais pas touché, mais je savais que bientôt je serais dans l'obligation de recommencer toutes ces conneries.

« Yukari ! Réveille-toi ma chérie, tu risques d'être en retard ! »

Yukari se leva alors en sursaut, faisant rire légèrement sa mère au passage. De la distance qui les séparait toutes les deux, l'adolescente aux cheveux mauves pouvait sentir sa délicieuse odeur de lavande. Elle donnerait tout pour pouvoir humer ce parfum pendant des heures, plutôt que de se rendre dans ce lieu qu'elle considérait comme un véritable enfer sur terre.

La lycéenne remercia alors sa mère d'un petit sourire avant de la regarder s'en aller. Si seulement elle savait...Yukari ne voulait absolument pas se montrer égoiste. Sa mère travaillait très dur pour pouvoir lui offrir une vie un minimum confortable. Elle allait jusqu'à se priver pour essayer de rendre sa fille heureuse. Bien évidemment, Yukari lui en était plus que reconnaissante et essayait de lui rendre la pareille en ayant des bonnes notes à l'école et en ayant un comportement irréprochable.

Et son père dans tout ça ? Il était bien présent, mais ne vivait pas avec elles. Il était parti lorsqu'elle venait de fêter ses 10 ans. Ses parents avaient donc divorcés à cause de problèmes que Yukari ne connaissait toujours pas. Peu importe, elle n'avait jamais porté son père dans son coeur. Elle avait en permanence l'horrible sensation qu'il n'était qu'un objet de décoration dans leur vie familiale à tous les trois. Elle lui rendait visite quelques fois, mais ça s'arrêtait là.

En descendant prudemment les escaliers, la jeune fille s'installa à table et se mit à entamer d'un air mélancolique son petit-déjeuner que sa mère avait la gentillesse de lui préparer chaque matin. Une larme roula sur sa joue. J'en ai marre de vivre cet enfer. Sa génitrice partie, Yukari n'avait plus à se cacher pour exprimer sa tristesse. C'était avec courage qu'elle réussit à rassembler ses affaires dans son sac avant de passer la porte d'entrée.

« Je vous souhaite la bienvenue au lycée. Cette année vous entamez votre tout dernier parcours, avant d'avoir, je l'espère, un futur plus qu'ambitieux. »

Ce discours était d'une telle hypocrisie. S'il pouvait sembler plaisant à leurs premières années lycée, ce dernier avait l'air tout à fait faux et hypocrite à présent. Dans cette école, il n'y a que des lâches et des hypocrites. La boule au ventre, Yukari suivit les autres étudiants dans sa toute nouvelle classe. Elle n'était désormais plus avec les personnes qui s'étaient amusées à la persécuter pendant 2 longues années qui lui avaient parues horriblement lentes et pénibles. Mais rien ne garantissait qu'elle aurait la paix maintenant, il suffisait d'entendre les chuchotements que les autres faisaient et d'apercevoir les regards qu'ils lui lançaient. Quand me laisseront-ils enfin en paix ? Qu'est-ce que je leur ai fait ?

«Regarde, c'est Yuzuki. Cette meuf a vraiment du cran de se pointer au lycée comme une fleur, je pensais qu'elle s'était suicidée pendant les vacances.

- Ça ne tardera pas à arriver, elle est vraiment inutile. »

Oui, je suis inutile. Alors pourquoi s'acharner autant sur une personne comme moi ? Elle avait envie de crier, d'hurler à leur arracher les tympans. A peine avait-elle commencé l'année scolaire que sa nouvelle classe était déjà au courant de qui elle était. Pourquoi ? Pourquoi étaient-ils aussi odieux ? Avec une énorme patience, Yukari ne réagit pas, se contentant de les ignorer du mieux qu'elle le pouvait. Oui, c'était dur, mais réagir et à en venir aux mains serait encore pire.

De l'autre côté, l'adolescente n'avait pas remarqué qu'un jeune homme l'observait avec attention, comme s'il savait le fond de sa pensée.

Il n'avait jamais aimé le lycée. Jamais. Comme un robot, il se contentait de s'y rendre chaque jour, mais ce qu'il détestait encore plus, c'était bien ce lycée. Il y était depuis la seconde et franchement, il ne comprenait toujours pas pourquoi ses parents tenaient à ce qu'il y reste. Les autres étudiants étaient désagréables, méchants, snobs au possible, et ça, il ne le supportait vraiment plus.

Fort heureusement, personne n'était venu se frotter à lui, et il préférait largement être mis sur le côté d'avoir à adresser la parole à ces déchets. Mais quelque chose perturbait Fukase. Cette fille, Yuzuki Yukari. Il était dans la même classe qu'elle depuis leur toute première entrée au lycée, et cette année encore, ils se retrouvaient ensemble. Fukase ne lui avait jamais adressé la parole et s'était contenté de l'observer pendant tout ce temps. Il savait. Il savait qu'elle était affreusement mal. Pourtant, il n'avait jamais rien fait pour elle, il avait été lâche. Dans le fond, son attitude était pire que celle de ceux qui s'amusaient à lui faire du mal. Il aurait pu lui tendre une main, l'aider à se hisser vers le haut, mais rien.

Alors lorsqu'il entendit ces gens parler d'elle comme si c'était une ordure, il ne sut se retenir. Il se leva alors, d'un bond, faisant également du bruit pour qu'on le remarque bien. Le prof n'était pas encore arrivé et cette fois-ci, il avait toute l'attention de la classe.

« Et sinon ? C'est quand que vous la laissez tranquille ? Vous en avez pas marre de parler constamment en mal d'elle ? s'exclama t-il en leur adressant un regard plus que froid.

Les réactions ne se firent pas attendre. Il y'avait ceux qui fuyaient son regard, ceux qui l'ignoraient et ceux dont la colère bouillonnait. Yukari s'était figée. A en juger son expression du visage, elle était plus qu'étonnée qu'on prenne enfin sa défense après tout ce temps.

-Mêle de toi de ce qui te regarde, sale con ! Répondit une fille aux longs cheveux blancs.

-Si moi je suis un sale con, toi tu n'es qu'une vulgaire salope ! »

Par extrême chance, le professeur venait d'arriver et Fukase regretta presque immédiatement ses paroles.

« Takayashi, tu viendras dans mon bureau en fin de cours. Les autres, retournez à vos bancs, la leçon va commencer. »

L'adolescent aux cheveux rouges poussa alors un soupir discret, avant de croiser le regard reconnaissant de Yukari. Il lui sourit donc en retour, évitant royalement les mauvais regards de ses camarades de classe.

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⏰ Last updated: Jun 02, 2017 ⏰

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