L'homme et la Forêt-parmi-nous

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Il est bientôt deux heures de l'après-midi et Rodolphe se dirige, comme tous les jours, vers le centre de la forêt qu'il a baptisé du nom de forêt parmi nous. Ce nom, il ne l'a pas choisi par hasard: c'est au gré du temps, ou plutôt des années, qu'il s'est imposé, car voilà plus de soixante ans qu'il s'y rend chaque jour. Au début, il y venait avec son ouvrage de cordonnier, accompagné de son âne portant ses outils. Il s'était même monté un petit établi, avec un toit pour s'abriter du soleil et de la pluie. Il s'y trouvait bien, là, à l'abri des gens et de leurs querelles. Il aimait bien être entouré des arbres, des plantes et des animaux. Ceux-ci lui offraient leur affection et, en retour, Rodolphe les respectait et en prenait soin, partageant ses repas avec eux, allant jusqu'à soigner tant les bêtes, que les plantes. Il s'y trouve encore aujourd'hui en paix, bien qu'il ait beaucoup vieilli et qu'il se déplace à présent avec difficulté et lentement. Pourtant il continue de se rendre fidèlement chaque jour vers sa forêt. Il ne vient plus avec son âne, celui-ci s'étant endormi pour toujours, et il a troqué ses outils pour un carnet à dessin. Depuis longtemps, il vient avec sa sagesse et sa cane. Il s'assoit sur une bûche, il crayonne et discute avec les animaux, leur distribuant les restes de ses repas, en n'oubliant personne: même les truites ont droit à quelques bouts de pain, qu'elles gobent en sautant hors de la rivière. Ces derniers temps, il est devenu nostalgique en se disant qu'il n'aura bientôt plus la force de venir à chaque jour dans la forêt: qu'adviendra-t-il alors de tous ses animaux, plantes et arbres? Il aimerait pouvoir remonter le temps et retrouver sa jeunesse pour trouver quelqu'un à qui transmettre sa passion, afin que cette personne le remplace le jour où il s'endormira pour toujours. Mais ce qu'il ne sait pas, c'est qu'il n'est pas le seul à s'inquiéter. Les habitants de la forêt ont eux aussi remarqué que Rodolphe vieillissait, et cela les inquiète, car ils l'aiment beaucoup se sentent protégés par lui. C'est ainsi que, lors d'une réunion, ils décident qu'ils partageront avec lui le secret de jouvence. Dès le lendemain, ils mettent leur projet à exécution: Coquin l'écureuil est chargé d'amener Rodolphe au vieux chêne magique. Dès l'arrivée de Rodolphe, Coquin s'empare de son sac et commence à courir. Rodolphe le poursuit afin de lui reprendre. L'écureuil ralentit alors pour lui permettre de le suivre. Son stratagème réussi, Coquin dépose le sac au pied du vieux chêne. Lorsque le vieil homme vient pour le reprendre... apparaît devant lui un petit lutin au bonnet rouge, qui le salue :

- Bonjour! lui dit-il, il paraît que tu aimerais retrouver jeunesse et vigueur.

- Oui, bredouille Rodolphe, un peu abasourdi.

- Alors, répète après moi : « Barmigin », trois fois tout en tournant trois fois sur toi-

même, et si tu as le cœur pur, ton voeu sera exaucé.

Dès lors que Rodolphe s'exécute, apparaît alors, devant ses yeux, au milieu de l'arbre, une porte lumineuse. Le lutin lui dit:

Ouvre la porte et traverse la clairière que tu apercevras, en allant tout droit devant toi. Tu verras trois bouleaux et, à leurs pieds, un petit ruisseau.

Plonges-y ta main et bois sept fois, pas plus, ni moins.

Cela te fera tomber dans un profond sommeil.

Quand tu te réveilleras, tes trente ans tu retrouveras. Ainsi tu pourras poursuivre ta quête: c'est-à-dire trouver une personne en mesure de te remplacer pour veiller sur ta forêt et ses occupants. Cependant, dès que tu l'auras trouvée, ton vieil âge tu retrouveras et ta vie s'achèvera.

Rodolphe fit tout ce que le lutin lui avait dit et tout se déroula comme prévu... malheureusement, plus de 300 ans se sont écoulés... et il cherche toujours un remplaçant!...

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