L'Âge Primordial

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« Que sait-on de l'âge primordial ?

A vrai dire, pas grand chose. Tout ce qui nous reste de cette ère, dont on ne parvient même pas à estimer la durée, ni à placer chronologiquement, sont des édifices gigantesques et majestueux, froids et à l'aspect inaltérable, inaltéré. Ces lieux ne semblent pas être dédiés à la vie en communauté, tant leurs dimensions sont impressionnantes. De tous les archéologues qui s'y sont aventurés, aucun n'a jamais trouvé de signe de vie civilisée : Ni tombes, ni outils, ni objets... On pourrait presque croire que les blocs de pierre formant les édifices se sont agencés seuls. Plus énigmatique encore sont les écrits ornant certaines des « ruines » -terme à prendre avec des pincettes puisque, comme dit précédemment, les lieux sont encore en parfait état-. Une langue dont on ne retrouve aucune trace en dehors de ces endroits, qu'aucun livre ne répertorie, et qu'aucun peuple, de mémoire d'homme, n'a jamais parlé. On ne sait pas non plus qui les a déchiffré en premier lieu, et la signification des textes pourrait ne rien avoir à faire avec la manière dont ils nous sont traduits et présentés. Il s'agit d'une énigme visiblement insoluble. »
- « La science de l'ignorant », Heigmar Sans-Fond.


« « On dit que les cryptes sont les pires choses qu'un archéologue puisse explorer. A cela je réponds : « non ». Le frisson de dégoût et de terreur ressenti en explorant des catacombes n'est rien face au sentiment mêlé d'angoisse et de fascination morbide provoquée par l'arpentage des témoignages de pierre de ceux qui ont -ou n'ont pas- peuplé l'ère primordiale. »
L'archéologue nain Thurfenn nous offre, dans son récit d'exploration, un exemple saisissant de la beauté indicible de l'âge primordial.
La Cité Blanche est une cité souterraine, reposant sous une vaste prairie dans les terres Taroises. L'endroit s'étend dans des galeries gigantesques en largeur, mais aussi en taille, plusieurs lieues de longueur, d'interminables couloirs de pierre blanche menant vers des cavernes titanesques où reposent des édifices gargantuesques, des forteresses à l'aspect de temples et de palais, sobres et majestueux. L'équipe n'a jamais eu besoin de torches ou de lanternes, une étrange lumière blanche illuminant l'endroit, comme exposé à un soleil voilé de nuages. Mais le plus intriguant vient ensuite : La première expédition de Thurfenn a duré quelques jours. En bon archéologue, il a bien sûr griffonné un nombre saisissant de croquis –ces derniers sont de toute beauté et je vous recommande vivement de les voir si vous passez par Anglekal, ville natale de l'explorateur- et établi une carte détaillée des lieux, avant de repartir pour se ravitailler.
A sa deuxième entrée, la Cité Blanche n'était plus la même. Le labyrinthe avait changé de forme, et de disposition. Là où se tenait un mur la veille s'ouvrait maintenant un nouveau passage. « Choqué par cette découverte, mais aussi follement excité, j'ai laissé mes compagnons terrifiés derrière moi et me suis enfoncé dans les nouvelles galeries. [...] Les temples, les citadelles, les palais n'étaient plus les même : Des pièces s'étaient rajoutées, des ailes entières, d'autres s'étaient amputés, certains passages étaient bloqués par des portails absents le jour précédent. » Tharsenn a rebroussé chemin après deux jours dans l'endroit, et a réitéré l'expérience une quinzaine de fois sur plus de 9 semaines, faisant parfois exploser des pans entiers de murs à l'aide de dynamite pour s'engouffrer plus profondément. Le résultat était saisissant : Non seulement l'endroit se renouvelait à chaque nouvelle visite, mais les atteintes qu'on lui avait porté semblaient ne l'avoir endommagé en rien. La Cité Blanche est l'exemple parfait de la beauté terrifiante de l'ère primordiale, et sa nature même nous révèle la nature profonde de cet âge : Il nous est impossible de le comprendre. »
- "Des Explorateurs de l'Invisible: Curiosités Archéologiques et Cryptozoologiques" , Othalar le Vieux, Ancêtre Révéré et écrivain amateur, explorateur et aventurier.

« J'avais trouvé, dans la Tour Noire, une antichambre secrète, aux murs couverts d'écritures primordiales. J'ai bien fait de tout noter pour les présenter de retour au campement : Quand j'y suis retourné le lendemain avec mes camarades, les gravures avaient disparues. Le jour suivant, l'antichambre entière n'existait plus. Je ne comprends pas vraiment ce qui s'est produit, mais je ne vais pas creuser plus loin. »
- Propos recueillis par Sakah'Azriss, bibliothécaire Si'Tzil renommé pour ses traductions depuis le primordial vers les langues insectes et Caldeniennes.

Exploration d'AutyreWhere stories live. Discover now