prologue

5 0 0
                                    


Paul courrait encore, de plus en plus vite. Il savait que sa vie pouvait basculer en quelques secondes.

« Merde ! Si seulement on avait suivi le plan de Bruno à la lettre, on en serait pas là. »

Les gars du clan Razer étaient dangereux ; il ne fallait pas se foutre de leur gueule au risque d'être retrouvé 'suicidé' de deux balles dans le dos. Ces fils de putes avaient corrompu la moitié des flics de la ville.

« Cours plus vite Lucas, ils vont nous chopper ! »

« Tout ça, c'est la faute de Marc ! cria Lucas. »

Le bruit des moteurs s'intensifiait. Les Razer n'étaient pas loin derrière eux. Il fallait trouver un moyen de les semer coute que coute. Les deux fugitifs escaladèrent rapidement une barrière, et sautèrent pour gagner quelques secondes vitales. Paul était mal retombé et s'était foulé la cheville, mais il ne ressentait rien grâce à l'adrénaline et courrait même deux fois plus vite qu'avant. Ils connaissaient bien la région, ils savaient qu'en montant au troisième étage de l'immeuble abandonné B16 du district 5, ils réussiraient à utiliser l'échelle de secours et à repartir d'où ils étaient venus.

Paul et Lucas entrèrent dans l'immeuble par la porte principale, grimpèrent les marches, déterminés à sortir de cette course poursuite et d'échapper aux motos qui les pourchassaient, rugissantes en roulant sur les escaliers sans aucune difficulté.
Sauvé ! Ils étaient enfin arrivés sur le toit. Paul ouvrit la porte aussi vite qu'il le pu avant de regretter instantanément son geste. Les Razer avaient anticipés leur plan d'évasion depuis le départ et les attendaient de pied ferme.

Plus aucun moyen de fuite ne se présentait à eux. Devant eux se tenaient six ou sept membres armés de couteaux et de battes de baseball. Derrière eux, les motards énervés de les avoir poursuivi toute la nuit et qui n'hésiteraient pas à leur faire la peau.

Ils choisirent de se rendre en levant les mains. Paul essaya de négocier :

- C'est bon, on se rend. Pas besoin d'en venir aux armes. On est du clan des PiperHead , on peut s'arranger...Si vous nous laissez partir on vous dira ou sont cachés nos provisions et ...

Des bruits de pas l'interrompirent. Une fille s'avança vers eux. C'était une blonde avec des mèches colorés rouge. Elle portait une veste en cuir, et des collants troués qui paraissaient inconfortable. Chez les voyous, ça devait être une princesse. Elle prit la parole :

« Te fous pas de ma gueule ! Tu es Paul Varen, tu fais parti des Griffs et ton petit copain c'est Lucas Tappel, le cousin de Old Jack et nouvelle recrue des Griffs. »

Paul était frustré, comment se pouvait-il qu'elle connaisse tant de chose sur lui ?

En 4 ans d'activité chez les Griffs, il avait réussi à se faire tellement discret que même dans son propre clan, beaucoup ignoraient son nom.

Y avait-il un traitre parmi les Griffs ?

La mystérieuse fille reprit la parole d'une voix suave : « Bon, écoutez-moi bien les merdeux. Mes gars vous ont pourchassé toute la nuit et ils ont vraiment envie de faire la peau à des puceaux comme vous. Un mot de ma part et vous êtes finis. »

Paul et Lucas se regardèrent. Ils avaient beau retourner le problème dans tout les sens. Rien à faire, il n'y avait aucune solution.

La jeune fille s'avança de Paul et lui toucha le visage : T'as plutôt une belle gueule pour un vandale. Pourquoi tu perds ton temps chez les Griffs ? Tu sais que c'est rien d'autre que des illuminés hein ? Ou bien t'es comme eux ?

Paul ne répondait pas. Il se sentait mal à l'aise et il savait qu'il devait surveiller ses mots pour ne pas avoir à le regretter.

« Je te donne une alternative Paul. Je sais que tu es un garçon intelligent. Si tu rampes à mes pieds et tu insultes Bruno et les Griffs je te laisserai la vie sauve »

Lucas regardait intensément son meilleur ami. Allait-il trahir tous ces amis pour garder la vie sauve ? Est-ce que ça valait la peine de mourir pour une cause qu'on ignore ?

« Je préfère mourir que d'insulter mes frères », dit Paul d'un air déterminé.

« T'es vraiment un garçon ennuyeux finalement. » dit-elle en soupirant. « Embarquez Lucas, c'est le cousin de Old Jack, il a une valeur en tant qu'otage. Par contre, coupez-lui un doigt comme d'habitude. Mais cette foi cautérisez la plaie ! je ne veux pas qu'il pisse le sang toute la route. »

- Et l'autre ? On en fait quoi patron ? demanda un d'entre eux qui semblait être un simple homme de main.

- Tuez-le, il ne nous est d'aucune utilité. Balancez-le par la vitre, les balles coutent de plus en plus cher ces temps-ci. Mais avant, faite-lui une marque au couteau pour qu'on sache bien qui a fait ça.

Les hommes de mains obéirent. Ils attrapèrent Paul et lui retirèrent son T-shirt. Puis gravèrent un éclair en forme de Z, un des symboles des Razer, sur son dos. Il voulait crier. Les raisonner. Trouver un moyen de négocier avec eux. Mais on lui avait mis un chiffon dans la bouche qui l'empêchait de parler. Il se contentait de faire des bruits incompréhensibles qu'on pourrait traduire par des supplications. Mais les Razer n'étaient pas des âmes à se laisser attendrir, et aussitôt qu'ils aient terminés de lui graver cet éclair, le balancèrent par la fenêtre machinalement. Une soirée banale.

La chute était longue et douloureuse, et Paul atterrit dans une poubelle ou bien fut-il mort ; personne ne prit la peine de vérifier. La seule chose de lui qui restait intacte, fut son pendentif bleu des Griffs.

You've reached the end of published parts.

⏰ Last updated: Sep 25, 2017 ⏰

Add this story to your Library to get notified about new parts!

Une ville où je n'existe pasWhere stories live. Discover now