Dépression

Besoin d'aide

Je suis encore une fois seule dans ma chambre, seule à réfléchir et à ressasser certaines pensées qui me viennent. Et une larme se dessine dans le coin de mon œil. Elle coule doucement le long de ma joue. Je l'essuie puis me recroqueville. Ma tête posée sur mes genoux, je regarde le ciel. Je suis souvent assise près de ma fenêtre. J'aime cette place. Comme aujourd'hui j'y réfléchis. Mais réfléchir à quoi me dirait-on ? Eh bien réfléchir à tout... à ce qui me tracasse, à ce qui me rend heureuse. A des choses simples de la vie. Une autre larme coule et glisse dans mon cou. J'ai envie d'évacuer, lâcher prise... Puis je laisse mes larmes aller, je cesse de les retenir. Je pleurs mais ne sais pas pourquoi. Je pleurs c'est tout. Je perd tout contrôle de moi même. Un flux de larmes se déversant. Je lève la tête en l'air, la pose contre le mur,me stoppe et souffle un bon coup. J'inspire puis expire une dizaine de fois. Je n'en peux plus... Une accumulation d'innombrables choses fait que je me sens mal. Ces petites choses misent à part ne valent pas autant de larmes. Mais les unes après les autres font que ça devient plus lourd de les supporter. Elles pèsent sur mon esprit chargé. Je parviens parfois à les oublier, avec quelques bons moments de la vie. Mais quand revient la solitude, les soucis mis de côté l'accompagnent. A un moment, on a envie d'arrêter le carnage et on en vient à penser au pire. Rien que l'espace de quelques secondes... Quelques secondes... Mais c'est déjà beaucoup trop. Le pire... Non pas ça, pas cette solution... Elle n'est pas rationnelle. Pourtant... Tout s'arrêterait... Rejoindre un monde de paix sans soucis, sans tracas, sans problèmes, rien de tout ça. Ne plus rien ressentir ni tristesse, ni colère, ni haine, ni jalousie... Plus rien vraiment, plus rien. Malheureusement, cela inclus joie, rires, bonheur, amitié, amour... Tout serait fini. Un silence sans terme, sans fin. Une fin sans interruptions, sans retour en arrière. Un retour en arrière, effacer les erreurs, réparer l'irréparable , reconstruire l'inconstructible. Non. Rien de tout cela ne me le serait permis. Ce serait bel et bien fini. Mais suis-je à ce point désespéreée ? J'ai besoin d'aide mais je la repousse. Non, je ne veux pas que l'on m'aide, de toute façon je ne suis promise à aucun destin. Seulement des gens qui me retiennent ici. Mais leur vie serait mieux sans moi, je ne leur sers a rien. Je ne suis d'aucune utilité. Ils seront peut-être tristes au début mais ça finira par leur passer. Je ne suis pas indispensable. Que je sois présente ou non, le monde se portera bien. Je ne suis due à aucun avenir, je n'ai plus qu'à partir.

           Laisser mes proches. Peut-être un adieu ? Très discret. Je ne veux pas être empêchée de faire ce que je souhaite. Non, pas cette fois, plus jamais. Toutes ces années à vivre sans but, a essayé d'être une bonne personne. Mais au fond, quand on est bon, sage, gentil, on y perd au change. On se fait vitre remplacer, oublier. On essaye de tenir bon durant les mauvaises passes, soutenir ceux qui en ont besoin. Pourquoi ? Aucun remerciement, aucune reconnaissance. On a beau être le pilier de certaines personnes, assister à des scènes dont on aurait pas du être témoin, jamais une phrase, un mot, un geste... Rien. Rien pour avoir été là. Alors à quoi bon essayer de rester puisque là ou pas on est vite fait jeté aux oubliettes. Donc je peux partir de ce corps, dont l'âme s'est de toute façon volatilisée. Un corps vide aura plus d'importance sous terre, caché dans une boîte. Une pierre avec mon identité et le temps que j'aurais passé dans ce monde. Un monde qui n'aura pas fait de moi, une personne que l'on aime. Mon visage restera lui accroché au mur, sur le réfrigérateur, dans un album ou un téléphone. Une image fixe sur une photo, voilà la trace qui sera faite de mon passage, ce qu'il restera de mon être. Un tas de poussière oublié qui s'est envolé avec le vent, avalé par les vagues d'une mer déchaînée. Être oublié et se faire oublié fini alors par avoir le même sens quand on imagine le pire. On se dit que l'on aurait pu essayer de persister d'avantage, mais à quoi bon ? A quoi bon essayer de se débattre sur une terre enflammée. Alors plus rien n'a d'importance dans ce moment précis. On a juste envie de se laisser aller à un monde où l'on ne ressent plus rien.

                                                  Devenir immortel dans le monde des morts.