Missive première.

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Cher Monde ;

Explique-moi. Il y a tant de chose qui m'échappe. Si bien quand une seule lettre, je ne pourrais tout exposer. Alors ce n'est ni la dernière, ni la première fois que tu entends parler de moi. Car oui, tu as déjà vu, et potentiellement lu mes écrits, mes mots, mais apparemment, tu as préféré les ignorer, ignorer leur subtilité, les messages que j'ai voulus te faire passer. Alors j'ai décidé d'être direct avec toi, et si cela ne te plait pas... Tu m'en vois navré, ou pas.

Cette première lettre d'une longue liste, j'aimerais la dédier à un sujet qui me tiens parfaitement et complètement à cœur, quoi de mieux pour une première missive hein ? Alors ce fameux sujet, est l'image de la femme. Oui, je te sens déjà soupirer, je t'imagine déjà lever les yeux au ciel. Après tout, ça ne doit pas être la première fois que l'on tente d'aborder le sujet avec toi, mais cette fois ci, je te demande de faire un effort : lis-moi.

Pourquoi ces contes ? Pourquoi ce rôle de princesse toujours affublé ? Pourquoi le rose ? Pourquoi l'hypersexualisation des costumes ? Pourquoi la diabolisation du corps et du sexe ? Pourquoi une place prédéfinie dans la société ? Pourquoi une sous-estimation des ambitions, des compétences, des femmes ?

Oui tu vois, une multitude de questions me font cogiter, ça tourne depuis un moment, et je le sais, Monde, toi aussi tu t'es posé l'une d'elles à un moment. Ou alors, encore une autre, comme pourquoi des écarts de salaires, des femmes violées et battues, abandonnées à elles-mêmes sans aucune aide. Alors oui, puisque que tu ne semblais pas vouloir m'aider, j'ai fait moi-même mais propre rechercher : 24% d'écart à poste égal, 65000 viol ou tentative en 2015, une femme sur sept agressées, et seulement 14% de plaintes déposées pour seulement 1/4 de celles-ci qui aboutissent...

Alors Monde, qu'as-tu à dire face à ça ? Comment expliques-tu encore ces chiffres alors que nous sommes, aujourd'hui, au temps de l'ère moderne et du progrès ?

Je vais t'exposer ma théorie, mon idée : c'est une simple question de mentalité, de coutume, d'histoire et d'évolution. Nous en sommes tous victimes et contributeurs. Car depuis la préhistoire, en passant par l'antiquité et le moyen-âge, la femme est considérée inférieur au sexe masculin, et cela jusqu'à la grammaire, où le « il » prime sur le « elle ». Et ce mode de fonctionnement, cette répartition de pouvoir et de considération inégale, s'est répété, encore et encore, comme un énorme phénomène de mimétisme, ceci aidé par les contes, les jouets, les médias, les lois... Puis, comment pouvons nous espérer une image positive de la femme quand dans les textes religieux, c'est de leurs fautes si le malheur existe ?

Oui, je sais, Monde, tu tentes de changer les choses, par petites touches, de façon modérée, par ci par là, en donnant peu à peu des droits comme celui de travailler et d'ouvrir un compte en banque sans l'autorisation du mari ou du père, le droit de vote, et enfin, grâce à la grande dame qu'est Simone Veil, le droit à l'IVG et à la contraception. Après tout, sur ce point-là, je te dirais que chacun peut disposer de son corps comme il lui chante et comme il le souhaite, et de pouvoir choisir si l'on veut qu'un autre être pousse en nous, comme le droit de profiter librement et sans culpabilité des joies de la luxure sans avoir peur. Et oui, je sais, tu as fait un autre pas, en 2005, en donnant la possibilité aux femmes de faire perdurer leur nom de famille en le donnant à leur enfant, même si celle-ci sont mariées. Mais maintenant, Monde, c'est au niveau de l'image qu'il faut que tu agisses... Une femme doit pouvoir avancer professionnellement sans « promotion canapé » ou doit pouvoir, elle aussi, réduire son temps en ce qui concerne les tâches ménagères, qui est deux fois supérieur à celui d'un homme.

Une femme doit pouvoir faire ce qu'elle veut de son corps, de son apparence, sans jamais avoir à se soucier du regard des autres. Une femme doit pouvoir porter ce qu'elle veut et sortir à l'heure qu'elle veut sans avoir peur de se faire agresser. Une femme a le droit aux histoires d'un soir ou sans attachement sans passer pour une salope, comme au rêve d'une vie de couple stable sans passer pour une accro aux « je t'aime ». Une femme a le droit au respect et à la liberté, ainsi qu'à la considération. Les petites filles ont le droit d'être des supers héros, d'envoyer valser les barbies et la dinette pour devenir pilote de petite voiture, comme un petit garçon a le droit au rose. Une petite fille peut être une chevalière, devenir astronaute, pompier, chef d'entreprise, gendarme.

Alors oui, mon cher Monde, tu dois agir. Tu dois régler toutes ces questions, aider à l'égalité entre les sexes, qu'il n'existe entre les hommes et les femmes que la différence que la nature nous a donné. Je sais, pour certains, le changement ne se fera pas, car il survint trop tard, ou alors car ils sont trop bornés, trop près des moules qu'ils ont eux-mêmes créer, aidé par la société. Mais il y a de l'espoir, tu sais, et une chance, même infimes, pour tous, les nouvelles générations, comme les anciennes. Il suffit qu'eux, toi et même moi ouvrons désormais les yeux sur cette facette du problème...

Sur ceci, mon tendre Monde, c'est ici que s'achève ma première missive. J'espère que tu l'auras lu jusqu'au dernier mot, et que tu feras en sorte de trouver des réponses à tous ces problèmes. J'espère aussi que cela te fera au moins réfléchir jusqu'à ce que je t'envois de mes nouvelles. Tu n'as pas besoin de connaître mon identité, saches juste que je suis empli d'un espoir et d'un besoin de changement de mentalité grandissant.

A la prochaine lettre.



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⏰ Poslední aktualizace: Nov 26, 2017 ⏰

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