Simon - Tome 2 : mots-croisés

Chapitre 1 - Voyage

— Du coup, tu fais quoi comme métier ?

Simon fronça les sourcils ce qui fit sourire Louise.

— Heu... Je ne comprends pas la question.

— Pour ma famille, tu feras quoi comme métier ?

— Attends...

Il cligna plusieurs fois des yeux avant de les écarquiller dans une lueur de lucidité.

— Ohhhhhh ! Tu veux dire que tu n'as pas dit à ta famille que j'écrivais des romans érotiques ?

Louise haussa les épaules tandis qu'elle gardait le regard rivé sur la route qui défilait devant eux à vive allure. Simon ajouta :

— Tu en as honte ?

— Pfff bien sûr que non ! Mais je n'ai pas envie que tout le monde pense que tu es un pervers.

— Un auteur érotique, c'est un pervers ?

Simon était effaré. Il se redressa sur son siège en cuir, la torpeur qui l'avait gagné durant les deux longues précédentes heures de route avait totalement disparu.

Louise dodelina de sa si jolie frimousse avant de répondre.

— Un peu, quand même...

— Quoi ? Simon resta coi un moment. Imaginatif, fortement sexué, obsédé si tu veux, mais pervers...

— Tu sais, pour certaines personnes, il n'y a pas de différence entre obsédé et pervers.

Simon croisa les bras sur sa poitrine :

— Chez les vieux, tu veux dire...

— Pas seulement...

— Mais toi, tu comprends la différence.

Elle laissa courir volontairement un petit silence avant d'ajouter :

— Oui, bien sûr...

— Quelle conviction !

— Ah ah ! Allez, arrête, je te taquine. Tu sais très bien ce que je veux dire ! Mon ex était banquier, tu comprends que la différence puisse faire un choc. Donc, on va dire quoi ?

— Je reste écrivain !

— Si tu veux. Tu écris quoi ?

Simon continuait à faire la moue, mais il finit par répondre, par-dessus le ronronnement du moteur.

— Des romans jeunesse, style Harry Potter.

— Ah bon ? Pourquoi ?

— Parce que si je dis que j'écris des thrillers, des polars, des livres politiques ou des romans historiques, ils vont vouloir les lire. Là, je suis tranquille. Ou alors des guides touristiques ou des encyclopédies animalières...

— Pfff... T'es bête !

La route défilait devant eux. La grisaille et les tours de béton avaient laissé place à des collines boisées et des prairies où paissaient mollement quelques bovidés tachetés.

Cela faisait maintenant quatre mois qu'ils roucoulaient tous les deux et trois semaines que Mathilde se confiait davantage à Louise qu'à son père. Simon en avait donc conclu qu'il était temps de faire un petit pas dans l'engagement en rencontrant les parents de la jolie blonde le temps d'un week-end. Ce qu'il commençait à regretter. Surtout qu'il n'était pas prévu au départ qu'il y aurait une réunion quasi complète de sa famille.