Le pyromane || Yoongi

Partie unique

Min Yoongi allait mal.

Min Yoongi allait affreusement mal.

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« La vie n'est qu'un fardeau que l'on doit traîner jusqu'à la mort. » Voilà la phrase que le jeune homme répétait sans arrêt. Simple, claire, et juste. Il n'avait jamais remis en question ces simples mots qui pour lui voulaient tout dire. C'était comme ça, et ça le serai toujours. Il n'y avait aucune raison que cela change.

Et ce soir encore, comme chaque soir, il observait les somnifères puissants qui ornaient sa table de nuit. Il observait la mort qui était à la portée de sa main. Cinq cachets, et tout serai fini. Plus de souffrance, plus de peine, plus de culpabilité ; plus de fardeau. Juste le vide.

Lentement, il attrapa la plaquette encore neuve et l'approcha de lui. Il sortit une gélule qui alla s'écraser dans un doux bruit sur le sol grisâtre de la pièce : celui de sa libération. Il en saisit une autre, bientôt suivie d'une deuxième, puis d'une troisième... Quatre cachets reposaient désormais dans sa main qui n'était que trop pâle dans cette obscurité ambiante.

Ses doigts fins virent alors ramasser le dernier comprimé posé à même le sol, le rapprochant dangereusement de son visage. Mais au moment de porter les gélules à ses lèvres, Yoongi s'arrêta. Il resta un instant sans bouger, comme figé, puis reposa les somnifères sur sa table de nuit avant de sortir dans la nuit noire sans se préoccuper de l'heure tardive ou encore du froid.

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Ce n'était pas le courage qui avait manqué au jeune homme cette nuit là. Ce n'était pas la peur qui l'avait fait reculer devant la mort. Non, c'était bien plus que cela. C'était la personne qu'il haïssait par dessus tout, et qui lui avait offert la vie. Cet être lâche, infâme, qui n'était autre que son père.

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« Tu n'aurai jamais dû exister ! Va donc mettre fin à tes jours, ça me fera des vacances ! »

Dans cette salle lugubre où l'odeur de l'alcool régnait en maître, l'adolescent avait lâché ses dernières larmes sous le regard haineux de son père. Seuls les sanglots du plus jeune brisaient désormais le silence pesant qui s'était installé.

La porte claqua, et il n'en fallu pas plus à Yoongi pour comprendre que l'adulte venait de partir, laissant son fils unique abîmé par ses propres coups et désespéré comme jamais.

« La vie n'est qu'on fardeau que l'on doit traîner jusqu'à la mort. »

C'est ce jour là que cette phrase était apparue pour la première fois dans l'esprit brisé de Yoongi, le poursuivant jusqu'à son dernier souffle. Et c'est également ce jour là que Yoongi fit le serment de ne jamais se suicider, pour que l'homme qui lui avait donné la vie n'oublie jamais qu'il existait, lui, son seul fils à qui il n'avait jamais témoigner le moindre amour.

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La porte de l'appartement retentit à nouveau. Le jeune homme observa un instant sa chambre si vide, si froide, si terne. Et soudain, une pensée vint lui heurter l'esprit. Il en avait assez de vivre plongé dans l'obscurité, il lui fallait de la lumière, de la couleur ! Si il ne pouvait pas trouver sa libération dans le suicide, alors il la trouverai autre part !

Ses mains virent d'elle même saisir la bouteille d'essence qui moisissait chez lui, n'attendant qu'à être enfin utilisée. Lentement, très légèrement, Yoongi s'appliqua à verser le liquide poisseux partout autour de lui. Sur son lit. Sur ses somnifères qui le tentaient chaque jour. Sur le sol gris et sale qu'il ne foulait que bien trop. Sur ses souvenirs. Tout ce qu'il avait vécu était désormais enfouit sous l'essence puante, en même temps que l'endroit où il avait grandi.

Il attrapa son briquet, et l'alluma, contemplant une énième fois la petite flammèche prendre vie devant ses yeux. Puis d'un coup, il le lâcha.

Tout s'enflamma. De grandes flammes orangées jaïrent de partout, embrassant de milles couleurs là pièces auparavant si terne, brûlant chaque particule de la vie qui avait jadis eu lieu ici. L'odeur de renfermé disparut, laissant place à celle de la fumée qui envahissait bientôt l'appartement.

Et là, au milieu de ces flammes dansantes, Min Yoongi riait. Il riait d'un rire fou. Il admirait le spectacle pour lui si magnifique, laissant la chaleur ambiante de la pièce caresser doucement sa peau. C'était cela, la vrai beauté. Le jeune homme n'avait rien vu de plus splendide, de plus authentique. Tout brûlait autour de lui, et pourtant il ne s'était jamais senti aussi heureux. Il avait enfin trouvée ce qu'il avait toujours cherché, la seule chose capable de lui prodiguer de la joie. Son unique bonheur.

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Min Yoongi allait bien.

Min Yoongi allait parfaitement bien.