J'ai peur [poème]

J'ai peur

Tu sais, j’ai peur de vivre, désormais, sans toi,
Seule, face à eux et leur jugement braqué sur moi.
Chute libre, la descente risque d’être longue,
Vertigineuse, je me laisse faire tandis que je sombre.

Tu sais, j’ai peur du temps, du vide et de l’espoir
Parfois même j’en pleure, mais ma peine semble dérisoire.
Chaque murmure au creux de mon oreille semble me faire un reproche
Seule, dans ce vide, à la recherche de points d’accroche.

Il est vrai que j’ai peur, j’ai peur des réflexions et des critiques,
J’ai peur des gens, peur de l’humain, race toxique.
Et je plonge, dans cette eau glacée,
Ma chute semble ralentie, ai-je enfin fini de sombrer ?

J’ai peur de me noyer, et sans bouée de sauvetage
Peur de devoir abandonner, ne jamais rejoindre le rivage.
Perdue dans l’inconnu, océan de douleur
Seule, oubliée et lestée par toute cette rancoeur

J’ai peur des grandes choses, de la gloire, du succès
J’ai peur de tout, et parfois même d'être aimée.
Océan, allégorie de mes craintes et de la dépression,
Sombrant, de plus en plus, enchainant les lamentations.

Tu sais j’ai peur de tomber et d’arriver encore plus bas
J’ai peur que tout disparaisse, sans que je sache vraiment pourquoi,
Et l’océan, tirée vers le fond par ma peine et mes regrets
Un jour j'espère je trouverai la force de remonter.

Tu sais j’ai peur d’être détestée par tous ces gens que je déçois.
Mais j’ai peur, d’être importante, que tout le monde ne parle que de moi.
Prisonnière, tout est beaucoup trop silencieux,
Mon amie la mort me fait comprendre que je valais bien mieux.

Maintenant j’ai moins peur, j’ai moins peur de rater des étapes,
J’ai moins peur de parler désormais, le deuil n’est pas un handicap.
Et je donne un coup de pied à l’eau comme je le donnerais à ma vie,
Et je me fais cette promesse de ne jamais plus être affaiblie.

J’ai encore peur, j’ai peur de ne plus revivre comme avant,
Peur d’être jugée par le monde ou par mes propres enfants.
Un genou sur le sable, un deuxième et l’espoir, le revoilà.
J’ai sombré, au passé, mais maintenant je suis là.

J’ai toujours peur, peur d’être rejetée, détestée, mal-aimée.
J’ai peur de l’avenir, de confondre mort et liberté.
Le corps au sec, les yeux mouillés, l’âme pleine de pensées noires
Essayant en vain de me convaincre que ma peine est provisoire.

Ça y est, je n’ai plus peur, je n’ai plus peur de souffrir,
Point de non-retour, il ne me reste plus qu’à sourire.
Contemplant l’océan, je m’en suis sortie, mais pas indemne
Et j’irai m’y jeter à nouveau, une fois que j’aurai fini ce poème.