Besa

Prologue

 "TRAQUEUR"

  Un seul mot qui, pourtant, résonne comme une alarme dans le quartier nord de la cité. Des portes se ferment, les volets claquent, les serrures se verrouillent et les rideaux se tirent tandis que dans la rue, des hommes tout habillés de noirs déambulent. On dit qu'ils ont la capacité de nous distinguer des autres humains. 

  Vous vous demandez ce que signifie ce "nous" ? Et bien ceux de mon espèce, les Esassiens. Nous ne sommes pas des extraterrestres, nous sommes des Terriens sauf que deux ou trois... modification génétiques et physiques nous différencie de vous.  En effet, nous sommes issus de personnes totalement normales qui ne sont pas forcément des Esassiens. Cependant, lors de notre formation dans le ventre de notre mère, une modification génétique se produit et le sang de l'Esassiens se gorge d'une substance qui n'est toujours pas identifiée des scientifiques - du moins c'est ce qui se dit. Cette substance, lorsqu'on atteint la maturité sexuelle, voir un peu avant ou un peu après, nous avons une capacité qui se déclenche. On nomme cette capacité l'armo. Dans un premier temps, elle nous permet de discerner sous forme de brouillard coloré les émotions des personnes qui nous entoure. Puis dans un second temps, et ce toujours après la première phase, notre faculté personnelle se réveille. C'est un pouvoirs qui nous est propre et qu'aucune autre personne ne peut contrôler. Ces pouvoirs sont classés en trois catégories. Les pouvoirs physiques qui ont pour but de modifier notre corps ou d'améliorer certaines de nos capacités. Les pouvoirs naturels qui permet d'interagir avec la faune et la flore à sa guise. Enfin les pouvoirs dit temporal (forme contractée de spatio-temporals) qui fait à la fois intervenir la nature et le corps humain. La forme physique est plus commune que la forme naturels qui l'est plus que la temporal. Enfin, nous avons tous une âme animale. En effet, vous, simple humains, vous descendez tout simplement du singe, hors nous Esassiens descendons effectivement du singe, mais avons l'instinct d'un autre animal. Cet instinct n'est que peu présent, à vrai dire nous n'avons ni hybridation, ni transformation, rien si ce n'est l'instinct prédateur ou l'instinct de proie, de survie. Un Esassien peut connaître la forme d'un autre en le regardant droit dans les yeux, bien que ce soit mal vu. Si l'autre ne fait pas attention et qu'il ne cache pas non plus son armo, l'Esassien peut le voir au travers de ses yeux, mais c'est extrêmement impoli.

  Maintenant que vous savez ça, vous vous demandez qui sont ces traqueurs non ? Et bien ils sont là pour moi. J'ai découvert mon armo dans ses deux phases et il est temps que je rejoigne l'académie dans laquelle je recevrais mon enseignement, hors je n'ai pas envie d'y aller. Tout le monde sait l'enfer qu'ils font subir aux élèves qui y sont tout ça car nous devons apprendre à nous battre pour les humains, pour les protéger et les défendre. Sauf que beaucoup d'Esassiens y ont laissé la vie dans cette académie. Heureusement j'ai appris à contrôler mes pouvoirs, bien qu'à mes dépends. 

  Quand le roulement du gravier s'arrête, je sais qu'ils ont senti l'odeur plus sucrée de mon sang et qu'ils vont rentrer dans la demeure. Mes cheveux de jais noués en queue de cheval en haut de mon crâne suivent le mouvement de ma respiration. Mes yeux sont verrouillés sur la porte et sa poignée commence à s'agiter. Mes parents ne sont pas là, ils savaient qu'ils viendraient et ils m'ont laissé. Un Esassien doit faire face seul à son départ pour Besa. Je frotte la pulpe de mes doigts contre celle de mes pouces, les épaules droites et le menton relevé. La porte finit par s'ouvrir dans un bruit sec et deux hommes au visage camouflé pénètre dans ma demeure. Leurs jambes restent sur place tandis qu'ils baissent leurs torse pour ma saluer, une main sur le cœur. Mes mâchoire sont serrés, mes dents me font mal tandis que je pose ma main sur mon menton, me penche en avant tout en descendant ma main à hauteur de genoux, puis je me redresse, mes yeux flamboyant de colère. 

  "Messieurs, en quoi puis je vous être utile ?"

  Sans un mot ils s'approchent et tendent les mains pour me saisir. Je projette mon pouvoir sur l'un des hommes, mais il reste stoïque. C'est impossible, il est censé être plier de douleur, son sang arrêtant de couler entre ses veines ! Et c'est là que je me souviens. La plus part des gardiens sont choisis pour leur talent d'annulateur. Mes yeux s'écarquillent tandis que je secoue ma tête en reculant. Le second jeune homme tend sa main vers moi et une vive douleur résonne dans mon crâne, me faisant tomber à terre, la tête entre mes mains. Je pousse des gémissements étranglés, les larmes inondent mes yeux tandis que la bave et la morve coule de ma bouche et de mon nez. Jusqu'à que tout s'arrête. Non pas parce qu'il a arrêté son emprise, mais parce que je me suis évanouie. 

  Voilà mon histoire, voilà comment j'ai atterri à Besa.