J A D E

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Ce soir, Jade était magnifique. Pour dire vrai, elle était toujours magnifique mais ce soir, elle l'était encore plus. Sa robe fleurie ondulait autour d'elle alors qu'elle dansait au rythme effrénée de la musique. Ses cheveux noirs bouclés orbitaient autour de son visage fin. Elle souriait ; et quel sourire ! C'était un sourire à tomber par terre. Ses dents n'étaient pas tout à fait alignées, la forme de ses lèvres pas tout à fait symétrique et pourtant, c'était le plus beau sourire de la Terre. Il guérissait les maux et était aussi renversant qu'un tsunami.

Aussi loin qu'allaient mes souvenirs je n'avait aimé qu'elle. Il n'y avait que Jade. Jade. Jade. Jade. J-A-D-E. Je l'avait rencontré plus jeune et elle m'avait sourit. À la seconde qui a suivie, j'étais devenu fou. Fou d'elle, de ses yeux rieur, de sa gaieté, de sa voix et de ses manières. La voir de jours en jours l'avait rendue incurable : je l'avais dans la peau. J'étais dévoué à elle, quoi qu'il arrive et même si le ciel nous tombait sur la tête.

Sur la piste de danse, elle riait dans les bras de sa mère, au milieu de tout le monde. Elle était la reine de cette nuit, elle brillait, se détachait des autres. Sous la lumière des projecteurs, sa peau brune devenait cuivre. Elle irradiait et, comme une super nova, elle paraissait brûlante. Lorsqu'elle laissa sa tête tomber en arrière de manière nonchalante alors qu'elle riait à gorge déployée, mon cœur se pinça. Son rire. Je la revoyais rire dans mes bras, un rire franc et doux qui retournait la tête. Son rire était un éclat de soleil et tout comme elle, il irradiait.

La musique changea, et le rythme devint chaloupé. Suivant la cadence, Jade se déhancha, les yeux clos, un sourire aux lèvres. Elle leva les mains au ciel, puis les descendit avec sensualité le long de sa crinière noire. D'un coup, mon ventre se tordît. Je la revoyais avec moi, dansant en riant. Puis, je me revoyais capturer ses lèvres, caresser sa peau et je la revoyais renchérir, m'agrippant la nuque et souriant contre mes lèvres. L'odeur de sa peau, son goût et sa douceur envahirent mes sens.

Assis sur ma chaise, au milieu de la salle des fêtes, j'étais comme dans un autre monde. Il n'y avait plus qu'elle, je ne voyais plus qu'elle, tous avait disparu, la musique s'était tue et elle était seule sur la piste de danse. Puis, sans prévenir, Jade a ouvert les yeux et les a posé sur moi. Ses pupilles sombres ont croisé les miennes et son sourire s'est élargi. J'ai manqué d'air, tout à coup, alors qu'elle fendait la foule – qui avait réapparue en même temps que la musique lorsque nos regards s'étaient croisés. Sans hésiter une seconde, je me suis levé et me suis dirigé vers la baie vitrée du balcon.

Je suis sorti et me suis reposé sur le mur, un peu plus loin sur le balcon. Jade, sans surprise, m'avait suivie. J'espérais disparaître autant que je souhaitais qu'elle me retrouve. Elle est sortie et a tourné vigoureusement sa tête vers moi, la penchant un peu sur la droite dans l'incompréhension.

– Gab ? a-t-elle demandé. Qu'est-ce que tu fiches ?

– Je respire, ai-je dit nerveusement. Regarde, je prends l'air.

Et comme pour illustrer mes paroles, j'ai inspiré et expiré bruyamment. J'étais crispé. Jade l'a tout de suite remarqué et s'est approché de moi en roulant des yeux, un sourire aux lèvres.

– Gab... qu'est-ce qui ne va pas ? a-t-elle dit doucement, se posant devant moi.

J'ai baissé les yeux, mon cœur battait à tout rompre. Son parfum citronné est venu chatouiller mes narines. Comme je ne répondais pas, elle a délicatement relevé, a l'aide de deux doigts, mon visage à la hauteur du sien. Ses sourcils étaient froncés, durcissant ses traits et rendant ses prunelles noires encore plus ténébreuses. Mes yeux se sont perdus dans les siens.

– Je n'aime pas danser, ai-je lâché au bout d'un moment.

– Je sais, a-t-elle soupiré.

Elle n'était pas contrariée, ni lasse de mon comportement. Elle a repris :

– Tu devrais te forcer, ça te ferais du bien.

– Jade... je n'aime pas ça, ça me gêne.

– Gabriel ! s'est-elle exclamée, en riant. C'est mon mariage !

J'ai souri. Elle avait appuyé sur le dernier mot, telle une enfant.

– Tu ne ressembles pas à une mariée, j'ai déclaré, moqueur.

J'osais la détailler, maintenant. Sous la lumière du soir, elle ressemblait à un ange. Sa robe dévoilait ses courbes délicates et j'eu envie de déposer mes mains aux creux de ses hanches. Ses joues avaient rougie. Elle était sublime.

– Tu ne ressembles pas non plus à un marié, a-t-elle rétorqué sur le même ton.

J'ai haussé un sourcil, sous la remarque.

– Si tu ne viens pas danser... a-t-elle commencé, en un souffle.

Elle s'était rapproché, laissant sa phrase en suspens dans l'air frais de la soirée. Puis, agrippant le col de ma chemise hawaiienne et s'approchant de mon oreille, Jade a repris, plus bas :

– Tu passeras la nuit de noce sur le canapé.

Je devinais le sourire dans sa voix, alors qu'elle était penché à mon oreille. J'ai souri et ai glissé mes mains sur sa taille.

– Tu es merveilleuse.

– Taratata ! s'exclama-t-elle, se dégageant de mon emprise. Sur la piste de danse !

Elle déposa un baiser furtif sur mes lèvres qui électrisa mon corps tout entier, puis m'entraîna à l'intérieur sur la piste.

Des gens ont sifflé en nous voyant arriver, je crois. Mais je ne m'en suis pas occupé, les yeux rivés sur Jade. Je la dévorais du regard. Le mixeur a embrayé sur une chanson douce, un slow. J'ai alors entouré la taille de Jade de mes bras tandis qu'elle enlaçait mon cou, passant une main dans mes cheveux. À nouveau, le temps s'est arrêté. Il n'y avait plus qu'elle et moi. Et mon cœur qui faisait des loopings dans ma poitrine. Elle souriait, plus qu'elle ne l'avait jamais fait avant.

– Tu es belle quand tu souries, complimentais-je.

– J'ai mal aux joues, a-t-elle simplement répondu en riant.

J'ai ri aussi. Décidément, j'étais le marié le plus chanceux du monde. Je l'ai à nouveau contemplé, pendant un temps qui m'a semblé une éternité : ce soir, Jade était magnifique. Pour dire vrai, elle était toujours magnifique mais ce soir, elle l'était encore plus.

T H E   E N D.

J A D E Où les histoires vivent. Découvrez maintenant