Les petites fenêtres

1 - de baskets trempées et de manucure inachevée

"- Ca va?"

Non, ça va pas.

Les pieds dans l'eau encore dans leurs chaussures, je réponds muettement à la main qui s'est assise à côté de moi. Elle a des ongles vernis sauf un. Je fais semblant de l'ignorer. C'est facile, la frange qui pousse mal devant mes yeux est aussi efficace qu'un chapeau de soleil. Pratique quand je crains autant ce dernier que les gens qui se tapent l'incruste' sans ta permission.

Les doigts pianotent nerveusement sur le sol et quand ils se mettent à rouler d'un commun accord avec le poignet qui s'y rattache, je peux voir une paume où les herbes vertes de la berge se sont sournoisement imprimées. Ca a l'air de l'embêter. Bien fait pour toi.

J'attends que l'anonyme s'en aille mais ses baskets imitent les miennes et le courant trempe bientôt ses chevilles.

"- Ca parait moins saugrenu comme idée, finalement, quand tu le fais."

Il y a un drôle de sourire sincère sur ses lèvres. Pas un sourire moqueur, étonné, narquois ou même entendu. Presque comme si sa phrase ne m'était pas particulièrement adressée. C'est une conversation pour parler, pas pour combler les blancs ou s'investir dans un sujet.

Sa présence continue de me gêner sans que je ne puisse plus vraiment m'expliquer pourquoi; je sens que je m'habitue à elle parce qu'elle me décontenance, mais mon esprit est trop engourdi pour être curieuse. Du coup, ça crée un décalage un peu inconfortable.

"- En ce moment, Socrate n'a pas l'air dans son assiette. Je sais pas ce qu'il a, il nous évite et on voit qu'il n'est pas heureux. Quand je veux le prendre dans mes bras, il s'échappe, il nous fuit un peu, je crois."

J'ignore qui est Socrate, son monologue est vide de sens pour moi, à tel point que moi qui voulais m'en foutre, je fronce les sourcils en me demandant s'il s'agit de son chat. Ca n'a pas l'air de l'embarrasser, de constater que je ne réagis pas. On ne se connait ni d'Eve ni d'Adam, et jusque sa voix, je suis incapable de déterminer qui s'adresse à moi. Depuis le rideau de mes mèches, je ne distingue qu'une coupe de cheveux indéfinissable et un corps qui flotte dans une chemise trop grande.

J'ai envie de m'en préoccuper mais quelque chose au fond de moi me souffle de ne pas m'en mêler. Je tiens bon et je fais ce que je fais de mieux: je laisse tomber.

"- Carmen."

En s'en allant, c'est tout ce qui m'est resté. Un prénom lâché du bout des lèvres et des morceaux de vie inconnue de gens sans visage qui ne résonnent pas. Après une demi-heure sous le cagnard de mi-juillet à peine adouci par le ruisseau frais, à évoquer des anecdotes sans début ni fin ni contexte et entrecoupé de longues minutes pour respirer sans se presser, je l'ai vu se relever et entendu se présenter.

J'ai attendu que ses pas se soient un peu éloignés pour me retourner. J'ai levé les yeux quand sa marche s'est arrêtée.

Il y avait sur son visage à moitié aveuglé, un regard doux et franc avec un drôle d'air réjoui, comme si le fait que je réagisse enfin après toutes ces secondes partagées s'apparentait à un énorme progrès.

Je ne lui ai rien dit en retour et je l'ai observé s'en aller.

Avec ce sentiment d'être étrangement troublée.

NDA/

bonjouuuur 

étant donné que y'a plein de gens qui se sont abonnés (wah je sais pas dU TOUT d'où vous sortez mais jsuis archi flattée) je me suis dit que décevoir avec 0 contenu c'est assez naze du coup comme j'ai plein d'histoires en brouillon dans mes docs word c'était l'occasion de me remettre à écrire. bref, j'ai jeté le pavé dès le résumé mais j'espère que 1) vous allez aimer, 2) vous allez pas trop cringer parce que ça va être bourré de thèmes lgbt+ et écriture inclusive ohlala

dites moi ce que vous en pensez des bisous tout ça, distribution de caramels tchuss jvais essayer d'être plus active promis (on a tous connu ff.net je tiens pas à entretenir cette époque sombre de l'histoire des updates datant de 2009 mdr)