Les fables du corbeau : Le corbeau et la petite mésange

Le corbeau et la petite mésange

La petite mésange et le corbeau.

Je prends ma plume pour vous conter pour la première fois une histoire de mon ami le corbeau.

Un jour, alors que le corbeau survolait une mare d'eau croupissante, il vit une petite tête de mésange qui dépassait de l'eau. Croyant qu'elle se noyait, il piqua droit dessus pour lui venir en aide.

Mais la petite mésange n'était pas paniquée, et elle lui confia même étonnamment que l'eau était son élément, et qu'elle s'y plaisait beaucoup...

Intrigué, le corbeau se posa sur un rocher près d'elle et il lui demanda comment elle vivait ainsi dans l'eau, très surpris que l'oiseau qu'elle était ne trouvait pas sa place dans les airs.

Elle lui expliqua que toute petite, elle avait été attirée par l'eau. Et qu'un jour un étrange poisson, dont ses parents lui avaient conseillé de ne pas s'approcher, l'avait invitée et qu'elle avait accepté de le suivre. Ses souvenirs étaient confus à ce sujet et elle ne se souvenait plus exactement de cette expérience, mais s'agissant d'un poisson, il y a fort à parier qu'il y avait une histoire d'eau.

Le fait est qu'elle essaya quand même de vivre dans les airs, son entourage n'imaginait pas un oiseau vivre ailleurs que dans les airs. Mais elle restait sans cesse attirée par l'eau...

Elle raconta au corbeau que depuis quelques temps, elle avait rencontré des poissons et fait le grand plongeon. Maintenant grâce à eux, elle plongeait profondément et de plus en plus profond.

Néanmoins, depuis peu, elle avait cessé de plonger car elle était elle-même intriguée par ces expériences dont elle savait qu'elles pouvaient être dangereuses.

Le corbeau lui proposa de sortir de l'eau et de discuter. Il l'a pris sous son aile et tenta de lui faire découvrir les plaisirs à voler dans les airs, sans oublier qu'effectivement il pouvait être agréable de se baigner parfois dans l'eau, mais sans se mettre en danger.

Lors de leurs conversations, le corbeau compris quels étranges poissons l'invitaient à plonger profondément, il en avait souvent entendu parler, c'était des poissons merveillonstrueux.

Ce sont d'étranges poissons à double face. D'un côté, ils sont merveilleux, resplendissants de lumière et de couleurs, toujours prévenants et même d'une grande bonté. Ils sont, de ce fait, quasi vénérés par d'autres poissons qui les encensent pour leur splendeur.

Mais de l'autre côté... ils sont ... monstrueux (d'où leur nom), les écailles pâles et pourrissantes. Et dès lors que quelqu'un les voit ainsi, il les fuie à tout jamais.

Mais ils ont appris par la ruse et l'expérience, à ne montrer que leur côté merveilleux, au moindre mouvement de fonds marins, ils se repositionnent. Et si quelqu'un entraperçoit leur aspect hideux, ils expliquent qu'il s'agit d'un effet d'optique, du reflet d'un autre poisson.

C'est aussi pour cela qu'ils ne vivent que dans les eaux troubles, afin que peu de lumière ne puisse passer. Dans une eau claire, il leur serait impossible de cacher leur face répugnante.

Le corbeau compris vite que ces poissons merveillonstrueux se jouaient de la petite mésange, et malintentionnés qu'ils étaient, prenaient une grande délectation à voir ce petit oiseau naïf plonger toujours plus profond, se moquant entre eux de la facilité avec laquelle ils pouvaient se jouer d'elle.

Bien sûr, elle réalisait ces plongeons en cachette de son entourage, personne n'aurait compris qu'un si bel oiseau pouvait être attiré par l'eau à ce point. Et même lorsqu'elle se confiait, elle minimisait le danger et n'évoquait que le côté divin des poissons merveillonstrueux, occultant les quelques doutes qu'elle avait pu avoir en entrapercevant parfois leur côté monstrueux.