Pretty est plutôt une dure à cuire. Elle se laisse pas faire et encore moins avec les mecs. L'amour? Ça fait bien longtemps qu'elle a fait une croix dessus! La seule règle qu'elle s'est imposée est de n'être ni la régulière ni la brebis de personne...
Putain de merde ! Après mon père, ma mère ! Fuck la life !
Voilà une semaine que j'avais enterré ma mère, décédée d'un cancer du sein. Elle venait de m'abandonner. J'étais à nouveau seule.
Déjà à l'âge de 17 ans, c'est mon père qui nous avait abandonnées. Enfin... on me l'avait pris, lors d'une mission au MotoClub ! Il devait ramener une cargaison de carburant qui avait pris beaucoup de retard ; sinon nous aurions dû fermer la station d'essence « Oil Puls », gérée par le club. Ford, mon père, président du club de moto « Darkpuls MotoClub », avait décidé avec Crush de ramener un camion rempli de carburant. Seulement, les Puschka Riders, un autre MotoClub, celui de Vancouver dans l'état de Washington, a vu rouge quand Crush et mon père sont arrivés. Nous étions pourtant un MotoClub pacifiste. Nous ne faisions pas partie des 1 % comme eux. On ne tuait personne contrairement à certains motards. Personne ne nous faisait chier jusqu'à ce jour-là. Ils ont cru qu'on leur avait volé leur marchandise. Or, Ford avait bel et bien payé sa cargaison.
Par conséquent, ça avait mal tourné. Ford et Crush s'étaient fait abattre comme des lapins.
Je le dis avec un ton un peu sec, mais j'ai eu le temps de digérer la nouvelle depuis onze ans. Il me manque. Je vous l'accorde. Mais on est de passage sur terre. Faut avancer comme on dit. C'était la devise de mon père. Je lui serai toujours reconnaissante de m'avoir inculqué cette devise ; sinon j'aurais fini comme ma mère.
Aujourd'hui, j'avouais qu'à part le DarkPuls MotoClub, il ne me reste rien. Et encore.... Quand mon père est mort, sa femme l'a très mal vécu.
Pendant plusieurs semaines, c'étaient pleurs et bris d'objets. Ma mère ne se laissait pas faire. C'était une dure à cuire. Aaahhh ça, c'est de famille !
Quand les frères du MC (MotoClub) venaient pour lui remonter le moral, ils finissaient soit avec un coquard, soit ils repartaient en courant. Sans compter les jurons. Les frères (ou membres du club, appelez ça comme vous voulez) essayaient de m'éloigner un peu de tout ça ; mais ma mère avait besoin de moi. Elle avait l'impression que le MC voulait lui enlever sa fille unique. Quelques semaines après l'enterrement de mon père, nous déménageâmes, ma mère et moi, à l'autre bout du pays.
Il ne me reste plus qu'à tout vendre et retourner au MC. J'espère qu'ils voudront bien de moi. La fille de l'ex-président. Si ça se trouve... Je ne reconnaîtrai plus personne. Tous ceux que j'ai connus sont peut-être partis dans d'autres chapitres ou bien ils ont déserté. Je saurai ça dans 2 mois. C'est le temps que je me suis donnée pour partir de ce trou à rat que je n'ai jamais aimé.
Quoi ? Vous ne savez pas ce qu'est un chapitre ? Je vais vous le dire bande d'incultes : c'est une autre section de notre MotoClub, mais dans une ville différente. Vous voyez ?
Dans le monde entier, aucune fille ne peut intégrer un MotoClub. Juste des hommes ! Si ce n'est pas macho ça !! On ne pouvait devenir que régulière (aka « femme de ») ou « fille de ». J'étais la fille de l'ex-président. Donc j'avais une part de moi dans ce club. Depuis ma naissance, j'étais continuellement fourrée dans ce club ou au garage avec mon père.
À 10 ans, je savais déjà démonter complètement une moto. À 15 ans, je pouvais déterminer une panne sur n'importe quelle moto. Que ce soit de la vieille Harley à la dernière Suzuki.
Y a que ces onze dernières années que j'ai déserté, et il était hors de question que je devienne la régulière de l'un d'entre eux. Jamais ! Je les vois venir ces gros machos. Mais j'ai vécu assez d'années à leurs côtés pour savoir ce qu'ils ont en tête. C'était ma règle numéro un.
Étant enfant, j'étais exclue des grosses fêtes ou du moins, à un certain moment de la soirée. Car je savais comment ça se finissait. Dorian Becker, le fils de Sacoss, avait fait le mur et était parti espionner. Une orgie, m'avait-il dit. Ah, quand j'y pense... Dorian me manquait ainsi que Crystal. À nos 8 ans, nos pères nous avaient offert un cuir un peu spécial. C'était une première et une exception, mais mon père était président donc... il avait tous les droits. Bref, sur le devant de mon cuir était inscrit le pseudo que Ford m'avait choisi : Pretty ! Ah, parce que vous croyez que c'était mon prénom ? Non, mais sérieusement ? Vous êtes trop naïfs ! Je m'appelle Paige McFerson. Ça vous en bouche un coin ? Hein ?? Vous dormirez moins cons ce soir !
Donc... Je disais... sur mon cuir était inscrit mon surnom sur le haut à droite, et dans le dos, mon père y avait mis une licorne avec marqué : « propriété de Ford ».
J'étais trop fière de ce blouson ! Aussitôt que je l'ai eu, je ne l'ai plus quitté, jusqu'à tant qu'il ne m'aille plus ! Dorian avait écopé du surnom : Dori. Quand on l'a appris, Crystal et moi étions mortes de rire. Le pauvre a eu la honte de sa vie et ne l'a que très peu porté. Quant à mon amie Rebecca Lopez, son père l'avait appelé Crystal, car elle était fragile et qu'elle était souvent malade.
On avait fière allure dans nos cuirs avec la licorne.
Mais ce n'était rien d'officiel. Dori, lui, visait une place de prospect dès qu'il aurait 18 ans. Quant à Crystal, bah... Je pense qu'elle finira régulière d'un biker. Moi je me voyais membre à part entière. À la rigueur, prospect ; afin de montrer que moi aussi, je pouvais leur prouver que je ne suis pas une chochotte ! Mais je m'imaginais membre de la « Darkpuls MC ». Quand j'étais petite, j'en avais tellement parlé à mon père, qu'il m'avait promis d'y réfléchir quand j'aurais 18 ans. Malheureusement.... Vous connaissez la suite !
