1. Viens, on voyage

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Viens, on voyage. 

On a pris un train pour Paris car ça incarnait ces rêves que nos âmes pourtant trop pleines s'permettaient d'imaginer. 

Je nous revois jeunes, tissant un futur autour d'une table décrépie ; dans ce fast-food miteux où on croquait la vie en même temps que nos frites et, où, si le décor s'effrite, rien ne nous a jamais paru aussi beau. Y'avait ton rire qui fendait l'air, les yeux d'Anna qui pétillaient de bonheur, les bruits de mastication de Mickaël qui savourait son moment et moi, moi observant le rendu qu'on donnait.

Y'avait des gosses dans l'aire de jeux, ils semblaient heureux et on l'était aussi alors on s'en formalisait pas. 

Y'avait aussi ces âmes un peu plus perdues que nous l'étions, engoncées dans des survêtements non adaptés à leurs morphologies qui criaient trop fort pour que ça sonne vrai ;  qui brûlaient leurs cigarettes pour qu'leur tristesse parte en fumée. 

Puis, y'avait le serveur exténué qui épongeait inlassablement leurs conneries. Il sauvait la dame qui s'était coincée dans les toilettes en accusant les petits, il sermonnait les jeunes qui faisaient trop de bruit, il secouait, d'un air affligé, sa tête en voyant l'ampleur de ce qu'il aurait à ranger et... moi, moi, j'me perds. 

Moi, j'divague. 

Dans la Ville LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant