Absurde épopée

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Avant de commencer ce récit, il faut que vous sachiez une chose. Ma vie me semble, banale, triste, ennuyante, insipide, voire même minable par moment. Je suis par ailleurs d'un naturel assez ... inventif. Et ce dans le sens positif comme négatif. Je me plais à mentir aux gens, mais j'ai aussi une imagination débordante. Toujours est-il que ma vie me déçoit. Ainsi, quand je rêve, et que ce que je vois me semble agréable, incroyable, ou original, j'essaye de m'y identifier. Ainsi, je jubjote très fréquemment, c'est-à-dire que je cherche à replonger dans le même rêve, pour que mon imagination continue son travail. Cependant, je n'y arrive que très rarement. Alors éveillé, je revis ce rêve, et je le modifie, de manière à ce qu'il comble mes manques d'originalité. Ce que je vais vous raconter est l'un de ces jubjotages, le plus récurrent. J'ai toujours tenté d'en voir la fin, ou de parvenir à un récit idéal, voici donc l'occasion pour moi de mettre un terme à mes tourments. Ne soyez pas surpris de l'absurdité du texte, il vient de mon inconscient retors.

Des gouttes de sueur ruissellent sur mon front, et s'écrasent sur mes cils, qui ploient sous cette charge. J'essuie mes yeux avec la manche de ma veste, tout en jaugeant du regard mon adversaire. Il semble faible, voire même fragile, et pourtant il est parvenu en finale. Depuis 6 semaines se déroule le tournoi international de CPT, le Combat Pluri-Technique. S'affrontent sur des terrains aléatoires des personnes de tous les pays du monde, spécialisées dans toutes les techniques de combat possibles et imaginables. Tireurs d'élite, spadassins et experts en arts martiaux se regroupent afin de défendre leur discipline, leur pays, et leur honneur.
Le dernier affrontement a commencé depuis quelques minutes, mais la chaleur étouffante ralentit nos mouvements. Armé de sa longue lance qu'il tient de la main gauche, et d'un glock-18 qu'il tient de l'autre main, l'adversaire éthiopien parvient à conserver une distance suffisante pour me mettre en difficulté. Depuis les quarts de finale, nous sommes en droit d'utiliser deux types d'armes. Mon adversaire a fait son choix, mais moi, je n'ai rien changé. Toujours armé de mes deux courtes dagues, je pare les balles et tente de me rapprocher. Par chance, je suis de loin supérieur à mon opposant. Profitant du contrecoup qu'il ressent dans le bras quand je frappe de toutes mes forces sa lance, je me faufile entre ses deux armes, et le met à terre. Il tente de se défendre, mais les balles de son pistolet viennent se heurter à la pointe de sa lance dont je me suis emparé. Rapidement, je lui fais une clé de bras, et lance au loin ses deux armes. Quelques secondes passent, puis une cloche retentit, et le brouhaha des spectateurs éclate. Ça y'est, je suis officiellement le plus grand combattant du monde, et de loin, puisque ma réputation veut que j'aie écrasé tous mes adversaires, sans recevoir une seule blessure, et toujours en moins de 10 minutes.
Après avoir reçu mon titre, et avoir fait un bref discours, je quitte la scène, et me laisse porter par la foule. Je finis dans les vestiaires, où, à ma grande surprise, il n'y a personne. Je verrouille la porte, et entreprends de me déshabiller, pour prendre une douche rafraîchissante. Alors que je me dirige, nu, vers les cabines, un bruit derrière-moi m'alerte, et je me baisse brusquement. Une lame m'effleure, et termine sa course dans le mur, le découpant comme du beurre. Surpris, je me propulse en arrière, au fond des douches, et réfléchis à la situation. Je suis seul, nu donc désarmé, face à un homme excellent dans le combat au sabre.

« -Que puis-je faire pour vous ? dis-je avec assurance, convaincu qu'il répondra.
- Affronte-moi ! Si tu gagnes haut la main, je t'expliquerai.
- Je ne peux pas avoir quelques explications av... »

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'il lance dans ma direction des petits carrés de métal tranchants, qui viennent se ficher dans le mur. Récapitulons : il est arrivé dans le vestiaire sans passer par la porte, il utilise des armes étranges, et ne semble pas adepte de la discussion. Conclusion : sûrement un guerrier de je-ne-sais quel pays, qui n'accepte pas ma victoire. Afin de défendre mon titre fraîchement acquis, je me jette sans rechigner dans la bataille. Sans armes, et face à un homme capable de couvrir une longue, et une moyenne portée, je veux me coller à lui, pour l'empêcher de m'atteindre. Avec toute la vitesse dont mon corps fait preuve, je me propulse sur lui et le prends par surprise. Il tombe à terre, et je vole dans sa ceinture un de ses projectiles, ne manquant pas de me couper avec au passage, et le colle sous sa gorge.

Brève diversitéWhere stories live. Discover now