Ma chère Marie,
Je me réjouis de savoir que je serai bientôt de retour, près de toi. Je dois conclure l'affaire qui m'a amené ici au plus tard dans deux jours.
C'est un drôle de cas dans lequel je me trouve. Sans trahir le secret de l'instruction, laisse-moi te raconter ce dont il s'agit. Je me suis rendu à la prison pour interroger un certain Jean, ancien combattant, orné de la Légion d'honneur. Je pensais rencontrer un héros. J'ai en fait découvert un homme opposé à la guerre. Il m'a expliqué qu'il essayait de fraterniser avec l'ennemi, mais que par la faute de son chien sa tentative avait tourné au massacre. Jean a pardonné à son chien, mais il n'a pas pardonné au gouvernement de nous avoir obligés à nous comporter, nous, les humains, en bêtes, pendant cette terrible guerre.
Au début je ne voulais qu'une chose : le faire parler et terminer mon interrogation au plus vite. Mais ce parallèle entre les hommes et les animaux m'a profondément troublé. Petit à petit, j'ai compris sa position. Pendant qu'il déambulait et parlait dans sa cellule, j'ai moi aussi ressenti cette désillusion profonde, au souvenir de tous mes camarades massacrés. Mais je suis juge, je représente l'autorité militaire. Pourtant, aujourd'hui, comment pourrais-je juger, et encore moins condamner, un homme en qui je reconnais un frère ? Je n'ai jamais reculé devant une décision difficile, tu le sais bien, mais j'ai besoin de te confier ces pensées qui me tourment tant.
Ton époux bien-aimé,
Marc.
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L'affaire d'un juge
RandomUn juge est chargé de l'affaire d'un ancien poilu. Ce dernier étant condamné pour avoir sous prétexte manqué de respect aux autorités lors d'une cérémonie de commémoration. Il décide ensuite d'écrire une lettre a sa femme, lui racontant son entrevue...