Prologue

206 4 14
                                    

- Dis donc, toi ! Reposes ça tout de suite !

Une lueur de défi dans les yeux, l'adolescente rafla un autre paquet de Lucky Strike sur l'étalage et s'enfuit en sautant par-dessus les tables sous le regard ébahi du gérant du petit magasin.

- Essaies de m'attraper !

- Petite peste ! Reviens ici !

Sourde aux imprécations du vendeur, la « peste » se fondit dans la foule, esquivant habilement les gens pour se faufiler finalement dans une ruelle. A gauche après les poubelles, tout droit avant de sauter par-dessus un muret, longer un mur de brique, puis se glisser derrière un grillage découpé à la pince. Son parcours la conduisit droit devant un entrepôt désaffecté. Elle entra à l'intérieur en émettant un sifflement à l'intention d'autres adolescents qui se trouvaient au fond. L'un était nonchalamment allongé sur une poutrelle métallique en hauteur, un autre se balançait doucement à une chaine rouillée qui pendait du plafond, et les quelques derniers étaient assis ça et là sur des matelas dont les ressorts n'étaient pas loin de sortir.

- C'est qui, la meilleure ?

Le petit groupe, qui avait tourné la tête à son sifflement, poussa des cris de victoire.

- Meuf, t'as réussi !

- Respect !

- Je vous l'avais bien dit, les gars !

Le garçon allongé sur la poutrelle se saisit de la chaine et sauta pour se retrouver en bas, non sans manquer de bousculer son camarade qui se balançait et qui esquiva en poussant un juron.

- Tu ne t'es pas fait gauler ?

- Mec, tu rigoles ! C'est Roanne, hé ! rétorqua l'un des garçons assis sur les matelas. Le cauchemar des flics, l'insaisissable ! acheva-t-il en passant un bras autour du cou de la dénommée Roanne.

- Tais-toi, Josh, tu vas me faire rougir, charria la jeune fille en riant.

- Oh ben, je peux changer, hein. Que dis-tu de « La sale teigne des rues » ?

La réplique fit rire le groupe et Roanne se retourna vivement pour se jeter sur Josh.

- Toi, alors ! Viens ici que je t'étripe !

Les deux adolescents tombèrent et roulèrent sur les matelas, luttant pour chacun dominer l'autre. Ce fut finalement Roanne qui se retrouva plaquée sur le matelas, les mains clouées au-dessus de sa tête, Josh la regardant d'un air satisfait.

- Alors, roucoula-t-il, on se rend ?

- Jamais, glapit furieusement Roanne en se débattant vainement.

- Tu sais que tu m'excites en t'agitant comme ça ?

- Pervers !

Roanne reprit son souffle et sourit.

- Et lui, tu veux savoir ce qu'il en pense ?

Josh fronça les sourcils, perplexe.

- Hein ? Qui ça, « lui » ?

- Lui ! s'écria Roanne en lui balançant son genou dans les parties.

Le pauvre garçon en eut le souffle coupé et s'écroula en se tenant l'entrejambe.

- Nom de...#!%*?!@$*# !!!

- Sans rancune, hein, Joshy ? ricana Roanne en se relevant, tandis que ses amis se tordaient de rire, sans compassion aucune pour Josh qui continuait de jurer dans la poussière.

- Pétasse... ! éructa-t-il d'une voix légèrement haut perchée.

Deux autres garçons l'aidèrent à se relever, non sans se retenir de rire, et il rejoignit Roanne pour lui taper dans la main.

- Bien joué, Roanne. Mais la prochaines fois, épargnes mes noisettes, tu veux ?

- Les faiblesses sont faites pour être exploitées, mon grand. Et nous permettre de vaincre.

L'un des garçons, vêtu d'une veste en cuir sombre, tapa dans ses mains pour capter l'attention de tout-un-chacun.

- Bon, les gars, c'est pas tout ça mais j'ai un truc important à vous dire.

Les adolescents se tournèrent vers lui et ils s'assirent tous sur les matelas au sol.

- Bon, déjà, le premier truc, c'est qu'il va falloir faire profil bas quelques temps. Les flics en ont assez d'entendre parler de nous et ils ont décidé d'agir pour de bon. Le deuxième truc, c'est que j'ai même cru comprendre qu'il y avait un nouveau dans le tas et celui-là, c'est un gars déter', il ne va rien lâcher jusqu'à ce qu'on soit tous en maison de redressement. Il nous connait, il a étudié nos dossiers. Faut s'attendre à ce que les flics quadrillent le périmètre, il ne faut pas qu'ils se doutent que cet entrepôt, c'est notre QG, ok ? Faites profil bas, ou si vous ne tenez absolument pas en place – et ce n'est pas moi qui vous le reprochera – faites-vous discret.

Le petit gang acquiesça gravement, soucieux. Jusque-là, ils avaient toujours réussi à échapper à la police, malgré les plaintes qui pleuvaient sur eux. Ce ne serait désormais plus possible. Mais la plus frustrée, c'était Roanne. Elle n'était pas capable de se tenir tranquille, elle avait besoin d'action.

Elle se jura donc intérieurement de mener la vie dure à ce nouveau policier, qui qu'il soit.


Bon, je tente un premier lancement pour cette histoire, j'espère que ça va marcher. Dites-moi ce que vous en pensez dans les commentaires.

UnbreakableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant