Chapitre 1 : La nuit

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« Désormais, le temps se réduisait pour lui à la seule dimension du présent, un tout entier fondé sur la survie, ignorant les sommets de la joie comme les abîmes du désespoir. » - Je suis une legende - Richard Matheson

Paris – 20 septembre 2026 – 21h02

Damien marchait lentement dans la rue plus ou moins sombre de la ville de Paris. Le béton du trottoir humide crissait sous sa semelle et contrastait étrangement avec le calme de la nuit. Au loin, il pouvait entendre les klaxons des automobilistes qui se battaient pour quelques centimètres de goudron. Le brun au yeux bleu sortit un paquet de cigarette de sa poche, en mis une au coin de ses lèvres avant de l'allumer et d'aspirer la fumée toxique. Le regard rivé au sol, il observait les quelques gouttes de pluies s'accumuler dans les profondeurs de béton. L'humidité le faisait frissonner et il resserra contre sa peau sa veste trempée.

Plus loin, à une vingtaine de mètre, un son lui fit soudain relever la tête. Dans l'ombre d'une ruelle, trois hommes habillés sombrement semblaient menacer quelqu'un. Le jeune homme pouvait entendre leur voix et les coups qu'ils donnaient. Damien serra les dents et baissa les yeux au sol. Il aurait aimé être courageux, se sentir autrement que comme une merde qui ne pouvait rien y faire. Mais la réalité, n'était pas comme dans les films et il le savait, il était égoïste et puis c'est tout. De toute façon, il n'avait aucune chance de sauver cet homme. Un contre trois, il savait bien que c'était impossible, en plus ils devaient beaucoup plus savoir se battre que lui, alors aussi bien passer son chemin et sauver sa peau.

- T'as quelque chose à nous donner maintenant ?

- J'ai rien, comme vous, répliqua l'homme amère.

Il semblait mal en point. Cela serrait l'estomac de Damien, il savait la peur que l'homme devait ressentir. Il espérait seulement pour lui qu'il s'en sortirait et qu'il ne finirait pas mort comme beaucoup avant lui. Le jeune homme accélérait le pas alors qu'il entendait la voix des autres se perdre dans la nuit.

Il arriva finalement chez lui. Il s'assura de bien verrouiller sa porte et de placer les deux loquets avant de soupirer et de se laisser choir sur la petite chaise dans l'entrer. Il observa l'intérieur des lieux ; Son lit posé au sol avec dessus un ordinateur portable qui ne semblait pas dater d'hier, mais qui fonctionnait. Une porte fermée au fond de la pièce donnait accès à une petite salle de bain et à côté se trouvait la cuisine. Il n'y avait qu'un frigo et un micro-onde, le jeune homme n'avait pas eu le luxe d'avoir plus. Mais ça lui suffisait pour se nourrir. Il avait aussi un petit brûleur qui fonctionnait au propane pour se faire bouillir de l'eau.

Damien retira ses bottes et les balança au sol avant de se relever et de prendre avec lui son petit sac. Il avait été faire les courses. À cette heure, c'était plutôt rare et déconseillé, mais c'était aussi beaucoup plus facile de voler, et c'est ce qu'il avait fait. Ce n'était pas la première fois, malgré son travail, le jeune homme n'avait pas toujours assez d'argent pour se nourrir.

Il rangea ses commissions avant d'enfin retirer sa veste, de s'installer sur son lit et de prendre son ordinateur portable. Heureusement, ce soir il semblait y avoir un peu de connexion internet. Il allait enfin pouvoir se changer un peu les idées après cette longue et épuisante journée.


Paris – 20 septembre 2026 – 21h03

Maxime cracha sur le sol avant de remettre sa cigarette entre ses lèvres. D'un regard presque cruel, il regarda le visage ensanglanté de l'homme que venaient de tabasser ses deux compagnons. Le jeune homme tapota sur sa cigarette pour en faire tomber les cendres, avant de mettre un genou à terre devant le blessé et de dire d'une voix arrogante :

- T'as quelque chose à nous donner maintenant ?

- J'ai rien, comme vous, répliqua l'homme amère.

Il cracha du sang sur les souliers de Maxime avant de fermer les yeux et d'appuyer sa tête contre le mur derrière lui, épuisé par les coups qu'il venait de recevoir. Agacé, le jeune homme se mordit la lèvre avant de lui souffler la fumée de sa cigarette au visage et de lui jeter son mégot dessus. Il se releva rapidement, essuya sa botte usée contre le sol et dit d'une voix tendue :

- Bon, on va lui prendre son manteau, j'imagine qu'on pourra en faire quelque chose.

Ses deux compagnons approuvèrent avant de retirer son vêtement à l'homme qui ne tenta rien pour se débattre. Maxime observa quelqu'un d'autre qui passait dans la rue sans faire d'histoire. Il semblait avoir un sac. Le jeune brun soupira, agacé. C'est à lui qu'ils auraient dû s'attaquer, mais ils étaient assez loin, et il se mettrait surement à courir s'ils partaient à sa suite. Puis bon, ils avaient déjà fait assez de victime ce soir... Enfin, une c'était déjà trop, mais tout n'était qu'une question de point de vue.


Paris – 20 septembre 2026 – 21h49

Les trois compères entraient dans un petit abri délabré en bois. L'endroit semblait à peine tenir debout, mais c'était le cas de l'entièreté des bâtiments dans cette partit de la ville. Ils avaient trouvé celui-ci en se promenant un soir. Il n'était pas habitable, mais il était parfait pour leur petite réunion du soir. Il se trouvait un peu éloigné de la ville, ce qui leur permettait d'être plus tranquille.

- On a pas trouvé grand-chose ce soir, dit le plus grand des trois en déposant la veste volé.

Maxime ne dit rien et observa leur gain posé sur la table ; une veste, deux ou trois pièces et une demi sandwich. Il se mordit la lèvre sous le regard de ses deux compagnon, Jordan (Joyca) et Valentin (VodK). Le plus grand s'approcha de lui, lui mit une main sur l'épaule et dit :

- C'est bon Max, prend la bouffe et l'argent, moi et Jordan on va s'arranger. T'en a plus besoin que nous.

Le jeune homme les remercia du regard et ramassa leur maigre butin avant de fourrer le tout dans son sac avant de remettre celui-ci sur ses épaule.

- Faut pas se décourager, y'a des soirées pires que d'autres, dit Jordan pour tenter de le rassurer.

- Ça fait longtemps qu'on a rien eu de bon, y serait temps que les choses ailles mieux, répondit le plus vieux en se préparant à partir.

- Ça va aller mieux, t'inquiète, tu sais ce qui se prépare, dit Valentin en l'observant tristement.

- Ça augure que dit bon, répondit amèrement Maxime. Bonne soirée les mecs, à demain, ajouta-t-il en soupirant.

Les deux compagnons le regardèrent partir sans rien ajouter de plus. Après quelque instant, Jordan se laissa choir au sol et soupira en se passant une main dans les cheveux. Valentin ne tarda pas à le rejoindre et ils restèrent tous les deux-là, dans le silence de la nuit.


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⏰ Dernière mise à jour : Feb 16, 2022 ⏰

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Des deux côtés du fusil - TerrainkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant