Page blanche et ennui morbide

Devant moi, il y a deux écrans allumés, l'un est petit, celui de mon ordinateur portable. Le second, un peu plus grand, une télévision, sans décodeur. La réception du wifi est mauvaise, l'ordinateur est inutilisable. Assise sur mon bureau de ma chambre, je sèche.

Devant l'ordinateur il y a une feuille, une feuille blanche au grain dur, une sorte de canson mais en plus fin. Un crayon de papier blanc dont une écriture rouge l'orne ; est posé dessus. Je suis là, devant ce bureau d'étudiant depuis des heures.

J'envisage de dessiner,
je crayonne un peu,
je rate,
j'arrête.
Je reprends une feuille,
je griffonne,
je rate,
j'efface.
La feuille est torturée,
Un trait,
Une marque,
Une tâche d'encre.
La déception,
L'impatience,
Je déchire.

Rien n'est satisfaisant, rien ne me vient comme idée. Je m'ennuie. Je n'ai envie de rien.

Ni de continuer cette série que j'ai vu de nombreuses fois,
Ni de dessiner sans fin, sans imagination ni talent.
Ni d'écrire un semblant de texte inintéressant, sans imagination aucune.
Ni de voir, découvrir, apprendre, entreprendre.
L'ennui me prend. Il me hante. Il me ronge. Il noircit ma vie et assombri mes pensées.
Je suis incapable de produire, incapable de créer, incapable d'attendre, incapable d'entendre.

Mon monde est vide, il est néant.
Mon monde est aveugle, il est dérisoire.
Mon monde est las, il n'a plus de volonté.
Mon monde est muet, il n'a plus de saveur.
Mon monde voudrait s'exprimer, mais il n'a pas les formes.

Quand la lassitude vous prend, elle est tenace, elle reste. Elle détruit vos rêves, vos envies, vos créations, vos élocutions.

Lame tranchante, poignard furtif. Rapide et succincte.
La lassitude dérobe vos convoitises et vous laisse face à un désarroi certain.
Carapace vide, bercée par l'incommensurable néant

Et la feuille qui auparavant se trouvait vierge, est désormais souillée d'une encre maladroite et écœurante.