OS 1 : Revenge

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Un rugissement féroce s'échappa de la haute tour d'obsidienne de la prison. La Lune était à son zénith dans le ciel nocturne, à demi-cachée par un nuage, éclairant d'une lumière laiteuse l'intérieur de la cellule lugubre.

Il tirait sur ses chaînes d'acier avec fureur, rugissant de plus belle.Ses yeux de rubis se tournèrent vers la fenêtre condamnée par des barreaux et scrutèrent le ciel d'encre. La Lune était désormais entièrement cachée par les nuages, mais ce n'était plus qu'une question de temps. Une légère brise s'engouffra dans la pièce. Il ferma les yeux pour savourer cet instant, réfléchissant à sa future vengeance. Il avait passé de longues années enchaîné dans cette tour, recouvrant peu à peu ses forces. Et il était là, six ans plus tard, dans toute sa puissance.Il rouvrit les yeux et contempla l'astre qui venait de faire son apparition. Un sourire mauvais étira ses lèvres. Ses yeux se mirent alors à luire dans l'obscurité. Le vent se leva et un coup de tonnerre déchira le silence de la nuit.

-C'est l'heure, murmura-t-il.

Il rugit de toutes ses forces, et au-dehors, le tonnerre lui répondit en écho. Il éclata de rire. L'heure de la vengeance avait sonné !

Une dizaine d'hommes s'engouffra dans les escaliers menant au sommet de la tour, le fusil à l'épaule. Leur capitaine, un homme d'une quarantaine d'années au fort caractère, les avait mis en garde contre ce prisonnier. Lorsque l'orage avait éclaté quelques instants auparavant, il s'était douté que la créature en était la cause. Et le rugissement du condamné avait confirmé ses craintes.

Le sol se mit soudain à trembler, et une explosion retentit. Les hommes se tinrent au mur pour ne pas perdre l'équilibre. Lorsque la secousse cessa, le capitaine devança ses hommes et gravit quatre à quatre l'escalier de pierre. Au moment où il ouvrit la porte de la cellule, il eut juste le temps de voir la silhouette noire s'élancer vers la brèche ouverte par l'explosion et se jeter dans le vide.L'homme jura et s'approcha du mur détruit afin de regarder dans le vide. La créature avait étendu ses ailes et remontait à vive allure vers le sommet de la tour. Le capitaine recula à temps pour éviter les griffes d'ivoire du monstre. Les soldats entrèrent dans la cellule, le canon du fusil dirigé vers le trou béant, près à tirer.


Argwu poussa un cri de triomphe en se posant sur le toit de la tour. Enfin la liberté ! Il jeta un regard vers l'entrée de la prison et renifla avec mépris. Ces vulgaires mortels pensaient pouvoir l'arrêter avec leurs malheureux fusils ? D'ici, il avait l'impression de se trouver face à une armée de fourmis. Il rugit et s'élança dans le ciel orageux, plaquant ses grandes ailes sombres contre son corps fuselé, et descendit en piquet à une allure folle.La vitesse le grisait, c'était une sensation qu'il avait oublié après toutes ces années enchaîné dans sa tour. Au dernier moment,il étendit ses ailes et cracha un jet de flammes ardentes dans le trou du mur. Les cris d'agonie lui arrachèrent un sourire. Il voulait entendre ces cris, encore et encore ! Mais surtout, il voulait les entendre sortir de la bouche du misérable qui avait réussi à le vaincre lui, Argwu, le dernier dragon libre. Il rugit une nouvelle fois, mais cette fois de contentement. La vengeance qui l'attendait serait grandiose, il s'en faisait le serment.

***

Le garçon errait dans les ruines, son sac sur l'épaule, une boussole et un vieux carnet dans les mains. L'endroit où il se trouvait semblait être un ancien palais, dont les piliers et les murs richement décorés étaient encore debout, mais dont le toit s'était effondré, laissant voir le ciel dégagé. Le jeune homme s'arrêta devant un des piliers et effleura les gravures du bout des doigts,les regardant attentivement. Jordan était un adolescent d'une quinzaine d'années, intelligent et curieux, qui aimait les énigmes et les mystères du passé. Son père lui avait transmis sa passion pour l'aventure et sa soif de réponses. Depuis sa plus tendre enfance, ils partaient ensemble dans des endroits inconnus que l'on ne trouvait sur aucune carte, et passaient des heures à chercher des indices et des trésors. Mais il y a quelques années, six ans pour être exact, son père avait dû partir sans laisser de traces, ne laissant derrière lui qu'une lettre et le carnet que Jordan tenait à présent dans ses mains. La lettre ne contenait qu'une phrase,rédigée d'une écriture tremblante : "Toi seul peut la résoudre". L'adolescent n'avait que dix ans à l'époque, et avait dû déménager avec sa mère. Il n'avait jamais su la raison réelle du départ de son père. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il était lié à "la Grande Énigme", comme l'appelait son paternel. Jordan tourna les pages jaunies du carnet, et compara les motifs dessinés par son père à ceux présents sur le pilier de pierres blanches.

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⏰ Last updated: Jun 19, 2019 ⏰

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