Il continue à écrire.

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Le début est simple. Il est toujours simple.

Les premiers mots sont les plus faciles. Sans qu'il s'en soit rendu compte, il les avait mûrement réfléchis alors qu'il songeait à l'idée même d'écrire. La plume filait à une vitesse folle sur le papier. Des gestes réfléchis, pas une goutte d'encre qui déborde, une écriture propre et irréprochable. Bref, le début est toujours parfait, c'est un moment d'extase où cela semble facile, où il pense qu'il va réussir à toucher les étoiles. Où tout va bien et où il est facile de faire en sorte que tout va bien.

Plus l'écriture avance, plus il se rend compte que son histoire prend une ampleur inattendue. C'est plus ambitieux qu'il ne se l'était imaginé. Les pages défilent mais l'histoire qu'il veut raconter en est toujours à son début. Finalement cela va exiger plus de travail et d'abnégation qu'il ne s'y attendait. Ça ne parait plus aussi facile. C'est généralement à ce moment la que la volonté commence à vaciller, il se demande alors s'il va vraiment y arriver, si écrire c'est vraiment à sa portée et si ça vaut le coup. Il se demande si le fait que les autres y arrivent n'est pas la preuve qu'eux en avaient la force et il doute de l'avoir parce qu'après tout, il commence à ressentir la difficulté, les bons mots deviennent hasardeux à trouver, les mauvais mots commencent à apparaître dans son esprit, les mots qui ruineraient son histoire et qui gâcheraient tout, qui l'obligeraient à tout reprendre à zéro. Mais pendant qu'il hésite, qu'il se demande s'il ne devrait pas arrêter, il continue.

Il commence lentement à se rendre compte qu'a force d'acharnement, l'histoire continue, son déroulement se poursuit et au fur et à mesure que les pages se complètent, il se rend compte qu'il y arrive finalement. Ce n'est peut être pas si simple certes, mais pas si dur non plus ? Ce n'est peut être qu'une question de volonté, de ne pas abandonner. Malgré tout, il redoute d'arriver à un point ou il sera incapable de continuer, incapable de poursuivre l'effort, de trouver les mots. Ce moment potentiel où il ne pourrait plus y arriver, où il aurait juste la sensation d'avoir essayé pour rien et d'être déçu de lui-même, de ne pas avoir eu la force d'y arriver. Et pourtant son histoire se poursuit. Les mots continuent de venir. Alors il écrit.

Les pages deviennent nombreuses. L'encrier a du être rempli de nouveau. Mais il commence a se rendre compte que son histoire touche à sa fin, que bientôt il va écrire les derniers mots. Soudainement, les pensées d'abandon s'envolent. Il va y arriver, il va réussir à rédiger son histoire et lui donner les bons mots au bon moment. Il arrive à être satisfait de ce qu'il rédige et il va continuer à l'être jusqu'à la dernière lettre, parce qu'il en est finalement capable et qu'il va y arriver.

Et enfin, le dernier mot. Le point final. Son histoire est finie. Il se rend compte alors que c'était à la fois plus dur et plus simple qu'il n'a pu le penser tout du long. Que c'était un vrai travail à faire sur soi pour réussir à arriver la où il en est.

Il repose sa plume satisfait, le chemin est encore long bien sur. Il va devoir éprouver son texte. Le soumettre aux jugements des autres, le retravailler, revenir sur ses acquis et toujours aller plus loin, toujours chercher à s'améliorer.

Mais pour le moment, c'est fini.

Les Mémoires de Pangéa: Il continue à écrireNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ