Prologue

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— Tu l'as trouvé ? demanda la fillette aux boucles châtain mêlé de feu.

— Oui, je savais bien que mon papa avait une copie dans sa bibliothèque, répondit la fillette aux boucles d'or.

— Tu es certaine qu'il ne s'en rendra pas compte ?

— Non, il ne consulte jamais ses livres. Ils sont surtout là pour faire bonne figure. Ne t'inquiète pas, je le remettrai tout à l'heure et personne n'en saura jamais rien.

La fillette aux boucles blondes sortit ensuite, de son sac à dos, l'ouvrage qu'elle avait emprunté à son père. Ce n'était pas grave si ce n'était pas l'original, il contenait tout de même ce que les deux amies voulaient lire.

— Tu crois vraiment que l'on va en apprendre plus sur eux là-dedans ? demanda la rousse.

— Oui.

Fébrilement, elles commencèrent à tourner les pages de cette copie du livre des Origines. Cet écrit retraçait l'origine de leur espèce et de celle qui les intéressait : les vampires.

Depuis toutes petites, on leur avait appris que ces êtres constituaient leurs pires ennemis, mais depuis qu'elles savaient qu'elles étaient particulièrement menacées par les vampires, les deux fillettes voulaient en apprendre plus sur eux. Elles cherchaient à se rassurer : ils ne pouvaient pas être aussi vils qu'on le leur avait fait croire.

— Je crois que j'ai trouvé ce qui nous intéresse, déclara la blonde.

Elle commença alors sa lecture à voix haute, pendant que son amie l'écoutait religieusement :

— En des temps immémoriaux, alors que l'humanité n'en était qu'à ses balbutiements, des êtres dotés de capacités hors-normes vivaient en relative harmonie dans une cité nommée Atlantide. On les appelait les Anciens. Voici l'histoire de deux d'entre eux qui fut déterminante et marqua un tournant irréversible pour ceux de notre espèce : Abel et Caïn.

Les deux fillettes se fixèrent quelques instants, s'interrogeant mutuellement du regard. Ni l'une ni l'autre n'avait jamais entendu parler de ces deux personnages. Mais cette introduction promettait une aventure passionnante et terrifiante.

La blonde replongea son nez dans le livre pour continuer sa lecture :

— Tous les Anciens étaient capables de donner vie à des mots en récitant des formules ou en suivant des rituels particuliers. Cependant, certains d'entre eux étaient beaucoup plus doués avec cette magie. Par exemple, il leur suffisait d'invoquer par la pensée une volonté pour qu'elle devienne réalité. C'était le cas d'Abel. Il était d'ailleurs le plus doué que toute la cité n'ait jamais connu.

— Tu crois que c'était un mage ? demanda la rousse.

— Je ne sais pas, il est bien noté que c'était un Ancien, mais on dirait qu'il avait les mêmes capacités qu'un mage.

— Continue, peut-être que nous allons en apprendre plus sur lui.

— D'autres Anciens avaient une force et une rapidité inégalées. Caïn appartenait à cette lignée. Grâce à leurs capacités, ils étaient les protecteurs de l'Atlantide. Ils étaient chargés de la sécurité au sein de la cité, réglant les différents conflits qui pouvaient y naître et empêchant les humains de s'approcher par mégarde de l'île. Cependant, Caïn nourrissait, dans le fond de son cœur, un sombre dessein. Corrompu par l'avidité, il se mit à convoiter les pouvoirs des Anciens capables de manier les mots pour leur donner vie selon leur volonté. Son projet était simple : s'il pouvait allier la force physique et la force mentale, il pourrait devenir l'être le plus puissant de l'Atlantide.

— Je l'aime pas ce Caïn, commenta la rousse.

— Moi non, plus.

La fillette continua ensuite sa lecture, pressée de découvrir la suite.

— Cette idée germa et mûrit dans son esprit. Il y pensa nuit et jour, jusqu'à ce qu'il décide de la concrétiser. Discrètement, il commença à se documenter pour chercher une piste qui pourrait lui être utile. Après plusieurs heures de recherches infructueuses, il finit par trouver, caché au fond d'une étagère, un sort qui retint son attention. Ce dernier permettait de s'approprier l'essence d'un animal. Caïn le lut et se demanda s'il pouvait également s'appliquer pour un Ancien. Obsédé comme il l'était par son plan, il décida de tenter l'expérience.

La blonde fit une pause, le temps de tourner la page. Les deux amies étaient tenues en haleine, curieuses de savoir comment tout ceci allait se finir.

— Abel était l'être le plus doué avec les mots, Caïn le prit donc pour cible. Une nuit de pleine lune, il s'arrangea pour s'introduire dans le repère d'Abel. Selon les écrits qu'il avait trouvés, il lui fallait boire le sang de l'être convoité à la pleine lune en récitant dans sa tête l'incantation. Dès qu'Abel eut franchi le pas de la porte, Caïn mit son terrible plan à exécution. Malheureusement, les choses ne se déroulèrent pas comme prévues. Abel refusa de coopérer et de donner son sang. Une terrible lutte s'en suivit et Caïn tua Abel. En désespoir de cause, Caïn s'abreuva aussitôt à la veine d'Abel. Il pria pour que la mort de ce dernier n'ait aucun impact sur l'effet souhaité. Malheureusement, tout ce qu'il obtint fut le pouvoir de persuasion par la voix et uniquement dans une moindre mesure.

La fillette aux boucles blondes tourna à nouveau la page pour découvrir comment cette tragédie s'était terminée. Caïn ne pouvait pas s'en être sorti à si bon compte, si ?

— Alertés par le bruit de la lutte, un groupe d'Anciens surprirent Caïn en plein dans son macabre repas. Outrés par ce crime abominable, ils l'emprisonnèrent et décidèrent de lui infliger une punition dissuasive. Comme Caïn avait convoité le sang d'Abel, ils firent en sorte que lui et toute sa descendance soient condamnés à se nourrir de sang pour vivre. En mémoire d'Abel, ils ajoutèrent une « clause » à cette contrainte : la mort de la personne « donneuse » entraînerait automatiquement celle de celui ayant bu. Ils expulsèrent ensuite Caïn et les siens de l'Atlantide et les désignèrent à partir de cet instant sous le terme de « vampire ». Afin qu'aucun autre vampire ne puisse plus jamais commettre pareil méfait, ils s'arrangèrent pour qu'aucun d'entre eux ne soit capable d'utiliser une incantation. Pour rendre hommage à Abel, ses descendants se virent dotés de l'appellation « magus », les mages.

Horrifiées,les deux fillettes se regardèrent. Cette histoire était tout simplementterrible. En fin de compte, on ne leur avait pas du tout menti. Les vampiresétaient bel et bien des êtres démoniaques.

Ornella - Nefasta T1Where stories live. Discover now