1-Moi et uniquement moi

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William

-Tu sais, Will, la Terre ne tourne pas uniquement autour de toi, m'avait rappelé Adem.

Sauf que si. Tout gravite autour de moi et pour moi. Je n'ai pas connu un jour de ma vie qui a pu me prouver le contraire.

Si j'y repense, c'est parce que l'entraînement de cet après-midi se passe on ne peut plus mal, avec cet imbécile d'Oscar Malory, qui ne sait plus dribbler sans se prendre la balle sur le menton.

Normalement, sous mes directives, personne n'a le droit de s'éloigner de la perfection, du moins de jouer en dessous de leurs limites absolues.

Je ne pense pas être quelqu'un d'antipathique. Mais aujourd'hui, je suis de mauvaise humeur, parce que j'ai dû plaquer Sofia devant tout le monde à la cantine.

Assis sur la première rangée de gradins tout en bas, je note sur un carnet les conseils de positionnement que j'ai à apporter à chaque membre de mon équipe. Mais même en m'étant limité à cinq lignes par personne, j'ai presque une page gribouillée de désespoir, pour la cause perdue qu'est cet imbécile de Malory.

-Oscar, tu sais dans quel sport on est, au moins ? lance Adem, alors que la balle part encore en touche.
-Ferme-là, j'essaie de me concentrer, souffle-t-il, rouge comme une tomate (en voie de péremption).

OK, je vois le truc.

-Oscar, appelé-je depuis les gradins.

Je n'élève même pas la voix. Le pauvre bonhomme se tourne vers moi, la honte luisant dans sa sueur d'incapable. J'ai énormément de méchancetés à sortir, mais je me contente de :

-T'es viré.

Les bruits de fond de la salle cessent. Plus de frottement sur le parquet. Rien.

-Quoi ? William, tu ne peux pas me faire ça, la saison reprend dans une semaine !

-C'est justement pour ça que je le fais.

-Mais c'est du délire, qui va me remplacer ? Valerio veut se casser, Leo veut juste rester sur le banc de touche et cirer nos pompes et les autres viennent à l'entraînement une fois sur quatre. Tu condamnes la Swish P si vous n'êtes pas plus de cinq titulaires dans les recensements.

-Ouais, bon t'as fini ? le coupé-je. C'est moi, le capitaine. Je sais comment gérer mon équipe, alors, tu peux prendre tes clics et tes clacs, et foutre le camp, c'est pas mal aussi.

Axel et Adem me jettent un regard noir. Mon manque de tact semble peut-être un indicateur de grand connard mais je fais ça pour le bien de l'équipe. Pas pour mon ego (même si ça aide).

Oscar camoufle au maximum ses larmes de défaite et sort du terrain sans un mot. Les autres continuent de me regarder, certains cherchant sûrement un moyen de répliquer. Comme quoi ce n'est pas juste. Comme quoi je n'ai pas de cœur. Mais honnêtement, même si c'est vrai, je m'en contrefous d'une puissance...

Ce serait peut-être plus simple pour Oscar de contester si je ne méritais pas ma place. Mais personne ne peut rien opposer de ce côté-là. Je suis le meilleur. Je n'ai aucun défaut dans mon jeu, et je sais mener les autres. Personne ne peut remettre en cause cela.

Je suis peut-être dur, mais le basket, c'est toute ma vie. Je ne vois rien d'autre quand j'envisage mon futur. Alors si certains ne le prennent pas au sérieux, qu'ils se cassent, mon dieu. J'ai autre chose à faire.

-Axel, Xavier. En défense. Adem, en attaque. On teste le deux contre un, pour consolider tes prises de balle.

-Je suis pivot, je te rappelle, souffle froidement mon coéquipier, toujours contrarié par mon manque de clémence.

Swish, Will !Where stories live. Discover now