Chapitre 1

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Lelio s'engagea enfin sur la grande route qui menait directement à son village, il était exténué après cette journée de route. Il revenait d'une semaine à La Grande Ville où il avait passé ses journées à vendre ses articles et acheter du matériel pour la cordonnerie du village dans laquelle il travaillait maintenant depuis trois ans. Ce travail lui plaisait énormément, maintenant qu'il avait 17 ans, il avait plus de responsabilités et pouvait se rendre une fois par mois à la ville pour faire marcher les affaires. Au village, tout le monde était aimable avec lui et le qualifiait de « bon garçon » d'un « garçon comme il faut » lorsqu'il parlait de lui à sa mère. Il était la fierté de sa famille et cela était loin de lui déplaire.

Les chevaux se stoppèrent lorsque Lelio tiras sur les rênes, il s'arrêta en plein milieu du chemin qui paraissait désert. Quiconque aurait eu à arpenter cette route de campagne, à la nuit tomber à la manière du jeune garçon aurait plutôt pressé le pas au lieu de s'arrêter au milieu des champs, mais Lelio savait où regarder. Il s'approcha de l'immense haie qui s'étendait à perte de vue le long du chemin, farfouilla entre les feuilles, branches et épines et passa enfin sa tête de l'autre côté, à présent, son buste était tout entier dans l'épaisseur de la haie et sa bouche sentais les feuilles la chatouillée, mais ses yeux, eux étaient passé de l'autre côté et lui permettait de voire un spectacle époustouflant.

Un énorme manoir se dressait sous les yeux de Lelio, si grand que l'on avait l'impression qu'un monde entier pouvait s'y cacher, il était tellement haut que l'on se demandait comment il ne pouvait pas s'écrouler sous son propre poids. Des centaines de fenêtres scintillait toutes de milles feux dans la nuit noir, si bien que l'on était plus sur s'il faisait nuit ou jour.

Lelio portas alors son attention sur le terrain qui bordait le manoir, un terrain qui aurait pu sans mal accueillir le village dans lequel le garçon vivait. Mais au lieu de vieilles masures et d'échoppe de fortune, on y trouvais un grand labyrinthe de fleurs, au fond du terrain on apercevais même le début d'un bois mystérieux et attirant comme enchanté par la présence de quelque fée ou sorcière qui y vivrais. Au plus près de manoir des bassins d'eau surmontés de statues en pierre d'un élégance insolente étaient entourés de dizaines de bancs, chaises longues, canapé et sofa. Lelio observas alors les gens qui y étaient installés, des jeunes gens, quoi qu'il fût impossible à Lelio d'évaluer avec certitude leur âge car ils portaient tous et toutes des masques. De magnifiques masques de bal, tout en plumes et en paillettes. Lelio fut subjugué par la beauté de leurs habits, des longues robes étincelantes qui semblaient prendre feu lorsqu'elles brillaient à la lumière du manoir, des magnifiques costumes et des chapeaux élégants, le tout portés avec classe pour certains, délicatesse pour d'autres.

Lelio avait l'habitude de s'arrêter lorsqu'il empruntais ce chemin pour observer le manoir depuis qu'il avait découvert son existence des années plus tôt lorsqu'il était tomber à travers la hais, après qu'un groupe de jeunes garçons l'y ai poussé en le traitant de fils à maman. Mais habituellement, rien de ce qui était visible ce soir n'était présent, seul l'immense terrain en friche et le manoir, qui semblait désert depuis des années s'offrait d'ordinaire à la vue des curieux.

Il se rendit soudain compte qu'il était passé tout entier de l'autre côté de la haie, comme s'il avait été happé dans ce monde merveilleux « je ne peux pas rester ici » pensât-il en se tapissant dans l'ombre. Il sentait qu'il ne devrait pas être là, après tout, il n'était qu'un simple apprenti cordonier qu'avait-il à faire dans ce monde de luxe et de robe à paillettes?! Il se démena avec la haie pour y refaire un trou et revenir en arrière, mais celle-ci semblait s'être changé en mûr végétal infranchissable ! Pris de panique, il s'écorcha les bras contre les ronces et les branches jusqu'à ce qu'il se rende à l'évidence : il était coincé ici pour le moment.

Il se faufila donc vers le labyrinthe et se colla contre une paroi, à l'ombre des lumières du manoir, maintenant qu'il était ici, il devait trouver un moyen de passer incognito, malgré l'angoisse qu'il avait senti monter en lui lorsqu'il tentait de faire demi-tour, Lelio ne pouvais pas ignorer son envie d'en voire plus. Il décida donc qu'il trouverais un moyen d'entrer en douce et de profiter des festivités de ce qui semblait être le plus gigantesque bal masqué jamais organisé. Pour cela il devait trouver un masque et un habit convenable.

La soirée étant déjà bien avancée, dérober un masque à un ivrogne étendu à l'entrée du labyrinthe ne fut pas très compliqué, il était magnifique, empli de strasses et de paillettes, il couvrait tout le haut du visage du garçon, mettant en évidence sa bouche et son fin menton. En revanche, Lelio dû parcourir une bonne partie de la coure avant de trouver un habit plus décent . Apparemment les gens ici n'étaient pas si distingué et élégant qu'on aurait pu penser au premier abord, pas très pudique non plus. Alors qu'il s'approchait du bois, Lelio surpris un couple seulement dissimulé derrière quelques arbres, les vêtements avaient volé de toute part et malgré la gêne qu'il ressentais, Lelio s'était faufilé le plus discrètement possible et avait récupéré l'un des deux costumes sans que le couple ne s'en aperçoive, il avait choisit celui qui lui irait le mieux malgré la précipitation.

Il se trouvas un coin tranquille, se déshabilla et enfila le costume qui, par chance, ne lui allait pas trop mal. Enivré par l'adrénaline que lui avait procuré ces récentes aventures, Lelio ajusta son costume, remis son masque en place et s'avança d'un pas décidé vers les portes du manoir.

Le Manoir éphémèreWhere stories live. Discover now