Ses émotions ne sont que celles que tu as peintes d'une douce étreinte. Ses mouvements ne suivent que le son de tes gestes, indigestes soient ils. Alors son âme s'anime qu'une fois que tu joues d'elle comme l'instrument qu'elle est. L'ombre devient toujours plus petite jusqu'à disparaître entièrement derrière le soleil lui même, couvrant l'entièreté de sa personnalité.Tu touches l'instrument comme si il était ta chose, tu souffles, du bout des lèvres la sonorité qu'il te plaît. Aucune fausse note n'est permise sinon tu crierais que l'instrument lui même en est la cause. Bouillonnante de tes paroles, hypnotisé par la beauté de tes mélodies, incapable de de chanter de lui même , il joue de tes mots un son t'appartenant tout entier. A ses yeux tu parais être son dieu, il ne respire que par ton souffle, n'écoute que ta voix, n'agit que sur ta partition, pleure les seules larmes que tu lui offres. Mais tes mains finissent même par s'engourdir sur ces gestes qui t'irritent de plus en plus, le ton devient strident, au gout de tes jours.
D'une grande puissance de parole dont tu avais le secret qui rugissait au plus profond de son antre et qui le maintenait en vie, un rugissement vint, tu ne t'amuses plus. Entièrement contrôlé, manipulable en un seul regard ou par la pensée. Tu laisses cet instrument seul, dépourvu de parole, ne pouvant faire résonner ne serait ce qu'un écho d'âme. Incapable de jouer par lui même il reste sous couvert de poussière qui l'empêche de respirer. Manipulable, a peine reconnaissable , qui ne sait plus penser.
La lumière s'éteint qu'une fois qu'on l'aura arrêtée. L'instrument si perdu, ne voit ni avenir, ni plainte a déposer pourtant il suffirait quelqu'un lui tende la main, qu'il soit disposé a l'écouter pour redevenir celui qu'il était.
