;; VAL ;; ( ou "Le commencement" )

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Perdu dans les méandres de son esprit, le jeune homme ne réagit pas instentanément au raclement de gorge qui tenta de le tirer de sa torpeur, sans résultat. " Laisse-moi en paix", avait-il eu envie de grommeler à la voix qui semblait l'appeler sans répit.

Les yeux dans le vague, Valentin réfléchissait à s'en cramer les neurones. A quoi pensait-il? A rien, et justement, le rien est assez complexe quand on prend le temps de se préoccuper du sujet. Le rien, c'est le vide, le blanc. Mais déjà, ces deux choses sont plus ou moins matérielles. Enfin, le blanc n'étant pas une couleur et ne pouvant toucher le vide, Val pensait que mettre un mot et une sensation sur quelque chose était déjà la rendre presque vivante.

Une soudaine douleur dans ses côtes le tira brusquement de sa pensée philosophique, lui arrachant un grognement au passage. Ses yeux se tournèrent vers la provenance de sa douleur et son regard vert croisa celui de Max, son meilleur ami. Il appliqua sa main sur l'endroit douloureux de son corps en le massant, grimaçant dans sa direction.

"C'était pour quoi, ça?"persifla-t-il, lui rendant la pareille en lui donnant un coup de pied discret sous le bureau.

Son camarade ne cilla pas, se contentant de darder ses yeux marrons devant lui. Suivant la direction de son regard, Val se redressa brusquement. Face à lui, un grand tableau à feutres vélédas s'étendait sur tout le pan de mur - qui était d'une affreuse couleur crème, sois dit-en passant. Un morceau du vidéo-projecteur fixé au plafond entrait dans son champ de vision, ainsi qu'un bout de la vieille fenêtre aux carreaux flous et aux battants usés. Leur peinture blanche s'écaillait d'ailleurs, et ce simple détail agaça profondément le jeune homme. Enfin, des bureaux occupés se trouvaient devant lui, et sûrement derrière et sur ses côtés. Occupés par des ombres difformes qui ne bougeaient pas, complètement fixes.

Et puis brusquement, une première paire d'yeux rouges se tourna vers lui, le clouant sur place. Ces orbes oculaires ne ressemblaient pas à ceux d'humains. Ils étaient rouges, jaunes, oranges, ils étaient fluides, vaporeux, solides. Ils étaient brûlants comme le feu, ils étaient de la lave en fusion projetée sur Val. Soudain mal à l'aise, il se trémoussa sur sa chaise en détournant le regard. C'était sans compter sur les autres, rapidement il se trouva encerclé par des dizaines d'yeux de feu, voulant à tout prix le faire cramer. Ces regards incandescent y arrivaient, il se sentait partir, brûlé sur place, il sentait son cerveau - si précieux- bouillir, ses os exploser comme s'ils n'étaient que du verre, sa peau fondre et couler sur le sol, ses yeux sortir de leurs orbites -










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Valentin ouvrit brusquement les paupières, se tirant -seul cette fois - de son sommeil, ses yeux rivés sur le plafond blanc de sa chambre. Son cerveau, encore embrumé, interpréta mal les informations et sa bouches s'ouvrit en un cri silencieux. Il se couvrit immédiatement les lèvres de sa main droite, mordant sa paume pour étouffer un sanglot qui secoua l'entièreté de son corps. Il s'efforça de calmer sa respiration - qui était assez forte pour qu'on puisse la comparer à celle d'un cheval - et sa main gauche se saisit de sa droite pour la masser, tandis que sa langue lécha ses lèvres sèches. Ou pas totalement, le goût métallique du sang fit se froncer ses sourcils, puis une fulgurante douleur lui fit hocher la tête. Il s'était mordu jusqu'au sang, ce qui n'étais pas très malin. En plus d'être douloureux, il allait garder une petite cicatrice pendant un moment.

Roulette-Russe { Nouvelle }Where stories live. Discover now