Episode 1

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ADELAÏDE


C'était une froide soirée de début janvier. Tout le monde, ou presque, était rentré chez lui pour vaquer à de vagues occupations ou inoccupations. Tout le monde.

Ou presque.

Une petite fille était dehors et elle gambadait, l'air joyeux, dans les sombres ruelles enneigées et pratiquement désertes de la petite ville où elle avait eu le malheur d'atterrir. Elle passa à la hauteur d'un M. en costume- cravate, doté également d'un attaché-case et d'une moustache-impressionnante (il était d'ailleurs la seule personne présente dehors à part la fillette). Elle lança :

«- Bonjour ! Belle soirée, n'est-ce pas ? Je suis heureuse de constater que je ne suis pas seule à avoir eu l'idée de sortir faire une promenade par un temps aussi splendide !

Le M. inidentifié lui jeta un regard étonné et un tantinet soupçonneux, peut-être simplement à cause de son apparence physique.

Elle était pieds nus et vêtue d'un tee-shirt rouge imprimé de toutes sortes de boutons, leviers et autres engrenages. Son bermuda qui semblait deux fois trop grand pour elle était décoré de vers-de-terre kawaï. Et son apparence étrange était complétée par une magnifique chevelure carotte impressionnante. Ses cheveux traînaient par terre, elle avait une peau très blanche, des taches de rousseur et un sourire jusqu'aux oreilles. Et elle insista:

-MA-GNI-FI-QUE soirée ! »

Un temps.

« Mais vous êtes doté d'une maladroitesse sociale abbbbssssssolument pathétique ! Parlez donc !

-Mais, heu...tu n'as pas froid ? dit l'autre qui parvenait visiblement tout juste à sortir un son.

-Un peu, mais je suis habituée, à force...par contre j'ai faim !

Un temps.

-Ravie de faire votre connaissance, claironna la fillette en tendant sa main. Je me nomme Adelaïde. »

Mais M. Nobody ne la serra pas, et jetait autour de lui des regards apeurés, comme s'il cherchait une issue de secours à la fichtre de situation dans laquelle il se trouvait.

Un temps.

Adelaïde reprit :

« -Votre bled est ...-elle jeta un rapide regard circulaire sur les petites rues sur lesquelles s'entassaient des tas d'ordures et sur les lampadaires cassés-...charmant. »

Un temps.

Adelaïde se mit à pleurer et hurla :

« -PERSONNE-NE-M'AIME !!!!!!!!!!!!!

-Excuse-moi, dit l'autre qui avait changé d'attitude avec une vitesse déconcertante, excuse-moi, je ne voulais pas te faire de peine. Je m'appelle Alfred, Alfred Scassca-Meslay. Si tu veux, tu peux venir chez moi, ma femme de donnera de quoi manger. Ce n'est pas loin, à peine dix minutes d'ici. »

Elle acquiesça, toujours en sanglotant, et partit avec Alfred en direction de chez lui. En chemin, celui-ci essaya d'obtenir plus d'informations sur elle (parents, amis, âge, nationalité, etc) mais cet honneur ne lui fût pas accordé puis ils montèrent, à pied puisque l'ascenseur était en panne, les sept étages qui les séparaient de chez lui. A.S.-M. toqua à la porte et une femme d'âge moyen et d'une beauté moyenne vint leur ouvrir. Elle embrassa Alfred mais quand elle vit Adelaïde, elle devint carrément moche, elle la dévisagea puis demanda d'un ton hautain :

« -Qu'est-ce que c'est ?

-QUI est ce que c'est, corrigea Adelaïde.

-C'est Adeline, répondit son mari.

AdelaïdeWhere stories live. Discover now