Malade d'amour

2 0 0
                                    


Il ne lui restait plus que vingt-quatre heures à vivre. Pourtant, il ne lui avait pas rendu visite une seule fois à l'hôpital. Pourquoi ? C'était ce qu'elle se demandait. Elle ne pensait même plus à la tumeur au cerveau qu'elle avait développé. Qu'y avait-il de plus important que l'amour, après-tout ? Rien. Du moins, c'était ce qu'elle s'obstinait à penser. Elle était allongée sur ce lit inconfortable depuis deux longues semaines. Qu'avait pu faire Dan pendant ce temps-là, au lieu de rester auprès d'elle ? Il fallait qu'il la rassure, qu'il passe du temps avec elle, qu'il lui dise combien elle compte pour lui. Mais il n'avait rien fait de tout ça. On aurait presque dit qu'il se cachait. Elle alluma alors la télévision. Le Juste Prix ? Nul. D&CO ? Pareil. Et voilà, en zappant il avait fallu qu'elle tombe sur un film d'amour. Toutes ses émotions remontèrent à la surface. Elle ne pouvait pas contenir ses larmes, pourtant elle les essaya d'un revers de main et tentait vainement de cacher celles qui revenaient à l'assaut, quand l'infirmière arriva.


- Il n'est toujours pas venu ?


La jeune fille secoua la tête de gauche à droite et afficha un sourire, faux bien entendu, afin de faire bonne figure. L'infirmière soupira doucement, elle comprenait. À vrai dire, cette histoire l'attristait. Mais que pouvait-elle faire ? Rien, malheureusement. Lorsqu'elle quitta la pièce, la jeune fille se mit à réfléchir quelques instants. Elle se dit qu'elle ne pouvait pas attendre indéfiniment, il fallait qu'elle aille faire face à Dan, qu'importe l'endroit où il se cachait. Quatre heures avant que ce ne soit la fin, elle débrancha tous les câbles qui étaient reliés à elle, enfila ses vêtements et sortit dans le couloir en piquant un parapluie au passage. En sortant de l'hôpital, elle vit une véritable tempête s'abattre sur la ville. Mais cela ne suffisait pas à la décourager, elle comptait bien voir une dernière fois son petit copain. Les rues semblaient désertes, deux ou trois fois son parapluie manqua de s'envoler, mais elle s'y accrocha de toutes ses forces, puis elle arriva finalement chez Dan. Elle toqua à la porte d'entrée. Quelques secondes plus tard, une jeune fille lui ouvrit.


- Salut Melani, ton frère est là par hasard ?


Au regard surpris que fît la demoiselle en face d'elle, elle sut que la réponse serait négative. Ou alors, elle devait se demander ce qu'une fille qui était censée être très malade faisait devant chez elle.


- Salut... euh non désolé, il n'est pas là depuis deux semaines. Il est chez notre père, il ne te l'a pas dit ?


Melani lui proposa d'entrer, mais elle ne l'écoutait déjà plus. Non, il ne le lui avait pas dit. Il ne lui avait rien dit. Elle s'essuya le visage, quelques gouttes de sueur avaient fait leur apparition. La demoiselle sembla réaliser quelque chose et d'un coup changea d'expression.


- Mais dis-moi, t'es pas censée être à l'hosto toi ? Est-ce que tout va b...


Elle ne lui laissa même pas le temps de finir sa phrase, qu'elle tourna les talons en lançant un vague merci à la sœur de son petit-ami. La jeune fille n'avait qu'une chose en tête, le retrouver chez son père. Rien ne pourrait l'en empêcher. Ni la tempête, ni la pensée de ses parents trouvant son lit vide à l'hôpital. Elle était tout simplement devenue un robot, ses pieds avançant tout seuls. Pourtant, le petit robot fatiguait, elle dût faire de nombreuses pauses et donc perdu un peu de son précieux temps. Après une bonne heure de marche, elle s'écroula, complètement fatiguée et trempée. Il ne restait plus que deux pâtés de maison avant d'arriver chez Monsieur Cooper. Elle se releva, se cramponnant au muret qui se trouvait à sa gauche, et le suivant, parvint enfin devant la maisonnette. Avec le peu de force qui lui restait, elle frappa à la porte. Un jeune homme lui ouvrit.


- Bons... Que ? Je...


Un sourire apparut sur les lèvres de la jeune fille. Enfin ! pensa-t-elle, avant de s'écrouler dans les bras de Dan. Un peu plus tard lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle se trouva allongée dans un lit, couverte jusqu'au menton par des draps. Un bol de soupe chaude reposait sur la table de chevet à côté d'elle. La porte s'ouvrit et Dan entra silencieusement dans la pièce. Elle releva d'un coup le haut de son corps, mais se cacha rapidement découvrant qu'elle était en sous-vêtements.


- Je... on a mis tes habits à laver, ils étaient trempes.


C'était tout ? Tout ce qu'il avait à lui dire après tout ça ? La demoiselle entra dans une colère noire, après tout ce chemin, malgré sa maladie et cette maudite pluie, c'était tout ?! Elle se jeta sur lui, se fichant maintenant d'être dévêtue et commença à le frapper, les larmes lui montant aux yeux. Chaque coup qu'elle donnait était de moins en moins fort, elle sentait son énergie diminuer chaque minute qui passait.


- Comment... comment tu peux ?! Tu te fiches de moi ? Tu ne m'as... rien dit depuis deux semaines. Et là... ça ?!


Son attitude changea radicalement. Il voulait tout d'abord la repousser, c'était ce que son cerveau lui disait de faire, mais il la rapprocha finalement de lui. L'étreignant pendant qu'elle se débattait en le traitant de tous les noms. Il la fit ensuite lentement s'éloigner de son torse où son cœur battait la chamade.


- Tu ne comprends pas, n'est-ce pas ? Je voulais m'éloigner de toi, le plus possible. Je ne voulais pas te voir souffrir, ni souffrir moi-même. Tu es ma seule raison de vivre. Te voir mourir me ferait mourir avec toi. Mon père va appeler l'hôpital, on va te ramener, tu dois être avec tes parents.


Elle se mit à pleurer toutes les larmes de son corps. C'était vrai, elle ne pouvait pas lui faire ça. Elle se trouvait égoïste, n'avait-elle donc pensé qu'à elle ? Mais même si ses proches l'attendaient, elle voulait passer les dernières minutes de sa vie avec l'homme qu'elle aimait.


- Dan, je... je veux rester ici. Dis à ton père de ne pas passer cet appel. S'il-te-plaît... On n'arrivera jamais à temps de toute façon.


Il plongea son regard dans le sien et vit tout le désespoir qui s'en dégageait. Il se demanda comment une petite chose fragile comme elle, avait pu tenir jusqu'ici. Il pensa au chemin qu'elle avait dû emprunter et au froid qu'elle avait dû affronter. Il ne pouvait pas refuser sa dernière requête, même s'il allait énormément en souffrir par la suite.


- C'est d'accord.


Les vingt dernières minutes, elle les passa allongée contre lui. Les vingt plus belles minutes de sa vie. Il la serra une dernière fois dans ses bras et lui dit un dernier mot d'amour, les larmes aux yeux.


- Je t'ai aimée, je t'aime et je t'aimerai toujours. Repose en paix Kaylee...


Ensuite, elle s'éteignit dans ses bras. FIN.


♠♠♠♠♠♠♠♠♠♠♠♠♠♠♠♠♠♠♠♠♠♠♠♠

J'ai écrit cette histoire en 2013, donc elle date un peu, mais je pense que je l'apprécie toujours autant ! Si elle vous a plu, restez dans les parages, j'en ai trois autres d'un autre style en réserve. Merci pour votre lecture ! :-) À bientôt !

You've reached the end of published parts.

⏰ Last updated: Mar 13, 2020 ⏰

Add this story to your Library to get notified about new parts!

Histoire brève n°1 - Malade d'amourWhere stories live. Discover now