L'oiseau bleu

Chapitre : 1 Une enfance perturbée

Salopette, sabots de bois et casquette grise. Cheveux courts qui encadraient son visage fin et d'une couleur poil de carotte. Nous sommes dans les ruelles de Londres en mars 1751 et les temps sont durs. L'Angleterre subit une vague massive de pauvreté et ses habitants doivent malgré eux vendre tout ce qui se vend au possible afin de surmonter cette crise. Dans l'orphelinat Wool's, seul les garçons sont admis. Il s'agit en fait d'un bâtiment sinistre en piteux état. De hautes grilles l'entoure et ne laisseraient pas même passer le moindre insecte.

Depuis sa plus tendre enfance, c'est ici que vit cet enfant à la chevelure haute en couleur qui réchauffe un peu l'atmosphère de cet endroit glacial et fade. C'est ici que la directrice madame Colin a établit domicile et fait régner l'ordre depuis maintenant cinq longues années . Avant son arrivée, les peintures des enfants étaient accrochées aux murs de pierres grises et le rendait plus chatoyant à regarder, maintenant plus rien de tous cela n'est possible et le mur est redevenu gris et pâle. Malheureusement, il y a cinq ans de cela un drame arriva. L'ancienne directrice Angélique mourut dans les bras de son mari des suites d'une maladie mortel . Depuis cet événement tragique, les orphelins subissent les règles tyranniques de madame Colin. Un couvre feu est imposé, tous les jouets sont confisqués et les travaux forcés font partis du quotidien de tous ces enfants. Perdus parmi eux, à genoux, l'enfant au cheveux de feu se tient là à récurer les pavés gris du sol du bureau de la directrice. Sur un des pans de mur, les portraits de chacun des directeurs et directrices ayant travaillé ici étaient accrochés. La nostalgie s'empara de l'enfant à la vue du portrait d'Angélique qu'elle avait connu depuis bébé. Cet enfant cache un lourd secret depuis son arrivée. Cet enfant à la casquette grise est une fille cachée sous un portrait de jeune garçon. C'est grâce à l'ancienne directrice, qu'elle a put rester au sein de l'orphelinat. Elle se souvient lointainement, du jour où elle entra en pleurs dans son bureau.                                                                     "-Madame ; j'ai à vous parler . exprima t-elle entre deux sanglots.                                                                 -Je t'écoute mais assieds toi d'abord. dit Angélique d'un ton rassurant".                                                    Elle s'est assise doucement en se retenant sur ses jambes frêles. L'enfant à la chevelure rousse dit à Angélique.                                                                                                                                                                       "-J'ai peur. Le monde part en fumée et tous mes espoirs de savoir qui sont mes parents biologiques par le même occasion. Je ne veux pas devenir une femme enfermée à la cuisine qui s'occupe de ses enfants au foyer, ni même devenir si pauvre que j'en serai contrainte à vendre mon propre corps". La petite était déjà très intelligente et clair-voyante. Elle observait tout le monde qui l'entourait depuis petite et cela Angélique l'avait remarqué dès leur première rencontre. A son arrivée, Suzanne était emmitouflée dans un foulard un soir froid d'hiver . Angélique avait ouvert la porte et avait trouvé là sur son pas ; cette petite aux cheveux déjà flamboyants. Dans la main minuscule de la petite était glissé un coquillage blanc nacré. Au dedans on pouvait entendre le son des vagues déferlants sur le plages dorée et les mouettes et goélands qui croassaient tous ensemble, tout ça dans un doux vacarme et une harmonie parfaite. Au premier coup d'œil Angélique fut emparée d'un très grand attachement pour ce bébé. Elle décida alors d'en prendre l'entière responsabilité malgré le fait qu'elle dirige un orphelinat uniquement pour jeunes hommes.                                                                                                        "-Il faudra t'adapter si tu veux vivre dans ce monde. lui dit Angélique. Tu devras vivre sous les traits d'un homme afin de réaliser tous tes rêves. Prends cela et garde le chaque jours de ta vie. Il était dans ta main à ton arrivée et il te revient." Elle lui tendit le coquillage luisant et lui déposa dans sa main délicate comme celle d'un ange. Suzanne avait toujours ressentit un rapport étrange et intuitif à l'océan. Elle faisait un rêve récurant avec un phare blanc comme la couleur de sa peau et un coucher de soleil rougeoyant et étincelant comme ses cheveux. Puis d'un coup, plus rien. Son rêve se finissait frénétiquement par une image noir et un flash comme un éclair lors d'une tempête violente.