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play: une barque sur l'océan, André Laplante.

les pêches sont fraîches, d'un rose flagrant au dessous du soleil estivale, et leur couleur se mêlent avec le rosée de ses joues. ses cheveux anthracites me noyent dans leur mer noire. les vagues se battent, s'écrasent et m'emmènent quand elle m'attrape. ses yeux me rendent un peu plus fou qu'amoureux, elle me fait halluciner et je doute.
tout les jours, je doute encore, une vision de gidéon est-elle?

l'envie de l'embrasser me mord, ses dents s'enfoncent dans ma peau et je veux que ça soit les siennes qui me percent. les chants rayonnants du soleil sont comme piano à mes oreilles, et je sens son souffle tel éclair sur le bout de mon cou.
elle tourne dans le sable, la dentelle de sa robe qui vole dans le ciel beaucoup trop bleu m'hypnotise. je la vois tourner encore, et encore, elle voltige dans le ciel mais ce n'est qu'imagination parce que bientôt ses lèvres se posent sur les miennes.

alors je commence à tourner avec elle. les pointes de nos pieds vermeilles nous font tourbillonner sous l'infinité immaculée. je parais livide presque sans vie près d'elle et ses joues pourpres. sa beauté laisse un goût amer au fond de ma gorge mais je n'y pense pas grandement car c'est peut être la dernière fois que je subis son être divin.
je veux qu'elle me noie dans sa pureté, je veux qu'elle me tue avec son sourire innocent, qu'elle se débarrasse de moi. mais elle fait tout sauf ce que je demande. elle continue à m'embrasser passionnément, ses yeux sont clos mais les miens ne le sont pas. je vois où ses pas me mènent et je me rend doucement compte que le tourbillon fou amoureux n'est que piège sur-joué.

ses tours me guident vers ma fin, la paume de sa main se pose sur ma joue qu'elle brûle sous ses empreintes. la flamme qu'elle anime au fond de mon estomac s'éteint quand je retrouve le sable mouillé sous mon dos. je veux mourir, certes, mais pas de cette manière. je veux qu'on se jette à la mer, qu'on noie notre peine sous les vagues de l'océan, pas qu'elle m'arrache la peau de ma lèvres alors que le sable nous avale.

je veux me lever mais je n'y arrive pas. sa peau devient glaciale dès que je la touche. elle désire s'enfuir, je le sais car au moment où ma main se mêlent dans ses vagues pétroles elle se retire.
le pourpre de ses joues s'est effacé et ses yeux joyeux ne sont plus que verres brisés. elle recule, me laisse m'enfoncer dans ma propre tristesse, la bague qu'on partageait longtemps enterrée en dessous de mon corps.
le sable rentre dans mes narines et je me sens mourir presque joliment. la houle que j'apprécie tant vient me chercher et je ne rétorque pas. brisé, je veux qu'elle m'emmène avec elle, qu'elle balance mon cadavre dans l'autre bout du monde.
mes yeux flottent encore et vacillent sur son corps orné de cette si jolie robe à la dentelle.
je l'aime, cette fille. aimer à en mourir, sans métaphore.

et elle s'enfuit, les clés de ma voiture autour des doigts, ces doigts qui ont tissé mes bonheurs comme mes malheurs. ces empreintes qui ont sculpté mon visage, qui ont parcouru les creux de mon être.

elle me laisse me noyer dans la douleur qu'elle a créé et je m'enfonce encore un peu plus dans la clarté l'océan.
je pers ma vision et je me dis que j'aurais dû fermer mes yeux quand le soleil était encore chaud sur nos peaux, que nos lèvres se battaient alors que nos langues valsaient.

j'aurais dû.

une barque sur l'océan.Where stories live. Discover now