Spontanéité

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Le regard brun aux reflets rouges de Tanjirô se posa sur les épaules frêles de Kanao. Elle lui tournait le dos assise sur le parquet en bois, son kimono était étalé autour d'elle. Quelques de ses mèches de cheveux virevoltaient au gré du vent et ses yeux, suivaient le mouvement d'ailes des papillons dans le ciel bleu du jardin, devant elle. Ils brillaient presque, et c'était la première fois que le pourfendeur remarquait cette étincelle de vie dans son regard violeté. Sa curiosité fut piquée à vif et intrigué; il s'assit en tailleur à ses côtés, avide de découvrir la raison de son émerveillement.

– Tu ne te lasses pas ? Sa voix douce se glissa à l'intérieur des tympans de Kanao. Elle détacha finalement ses yeux violets de l'insecte aux ailes bleues pour porter son attention sur son interlocuteur.

Un fin sourire avenant était calé sur les lèvres de Tanjirô et épuisé, il s'étendit contre le parquet, ses mains posées derrière sa tête.

– De les regarder. Il précisa en suivant du regard les mouvements d'ailes d'un papillon qui volait au-dessus de lui. 

La tête de la brune se secoua de gauche à droite et sa barrette papillon bougea légèrement. Les cigales chantaient, les oiseaux piaillaient et le soleil brillait. Le jardin devant eux étendait son pouvoir enchanteur et sa douce odeur de menthe fraîche. Le brun aux boucles d'oreilles se laissa porter par l'ambiance apaisante et ferma ses yeux, profitant pleinement du calme et de chaque léger bruit de la nature.

– Ils sont fascinants. Son murmure délicat s'éteignit dans la brise d'été et Tanjirô apprécia le timbre de sa voix, harmonieux.

– J'aimerais être comme eux... libre. Se faire emporter par la brise du matin, virevolter autour des fleurs.... Leurs battements d'ailes me fascinent. Ils sont tellement rapides et tellement...beaux.

Il était perturbé qu'elle se dévoile autant, c'était la première fois qu'elle évoquait son point de vue. La joie de la voir ouverte au dialogue et maîtresse de ses paroles l'emporta sur son étonnement.

– Je suis content que tu n'utilises plus ta pièce ! S'exclama le pourfendeur en souriant; sincèrement heureux pour son amie.

– Nezuko-chan ! Où es-tu? Nezuko-chan ? TU VEUX BIEN M'ÉPOUSER ? La voix forte et désespérée de Zenitsu résonna à travers les cloisons en bois de la maison traditionnelle du pilier Kochô Schinobu.

Les papillons alors proche d'eux s'éloignèrent brusquement et les oiseaux firent de même, effrayés. L'ambiance apaisée du jardin qui leur faisait face semblait maintenant perturbée. Le cicatrisé se redressa d'un mouvement souple pour s'asseoir en tailleur. Il jeta un coup d'œil vers le couloir d'où provenait les cris.

– Ce Zenitsu... Il grimaça, énervé par l'attitude de son ami envers sa sœur.

Tanjirô entendit les bruits de pas de son ami se faire de plus en plus éloignés et sentit la présence de sa sœur quelques bâtiments plus loin. Son attention se reporta sur sa camarade.

– Tu sais...tu es un peu comme eux Tanjirô.

À l'entente de cette réplique il sentit ses joues chauffer, embarrassé de comprendre qu'elle le trouvait...fascinant. Elle n'y porta pas attention et poursuivit de sa voix claire et posée.

– Tu prends rapidement des décisions et à chaque fois, elles te permettent de t'envoler un peu plus haut, de te faire progresser.

Le jeune homme détourna son regard d'elle, brusquement gêné. Ce que Kanao pensait de lui..n'était pas totalement véridique. Il passa sa main dans ses cheveux, nerveux, et ses boucles d'oreilles se balancèrent légèrement dans l'air.

– Elles ne le sont pas toutes..et la plupart sont spontanées. C'est une sorte d'instinct je suppose. Il répondit sérieusement.

– Comme un battement d'aile. Répliqua Kanao alors qu'un papillon venait titiller le bout de son doigt.

Tanjirô retrouva constance devant la mélancolie du regard de la successeur du pilier du papillon. Un léger pincement au cœur le secoua.

– Tu devrais essayer. Je t'assure. Il insista gentiment.

L'insecte s'envola de son doigt et instantanément le regard violet de la jeune fille se voila. Elle entoura de ses bras fins ses genoux, repliés sur sa poitrine. De la même manière que tout à l'heure: les cigales chantaient, les oiseaux piaillaient et le soleil brillait.

– Je crois que j'ai peur. Elle chuchota d'une voix tellement basse que Tanjirô eu du mal à l'entendre.

Les sourcils du garçon se froncèrent, il ignorait tout de son passé, son vécu. Mais une chose était sûre; il était certain qu'avec son comportement actuel elle laissait passer de nombreuses occasions de s'épanouir pleinement.

– C'est facile ! Je te donne un exemple ? Il lui proposa alors qu'il plantait ses yeux dans les siens.

Il n'attendit pas sa réponse. Une de ses mains se posa sur son épaule et il la sentit tressaillir. Pourtant bien qu'elle en eut les capacités de le faire, elle ne le repoussa pas. Les doigts rugueux et abîmés par l'entraînement de son autre main vinrent s'emparer de son menton qu'il leva à sa hauteur; leurs yeux s'arrimèrent. Et ce fut comme si une bulle s'était créée entre eux.

Abruptement, le chant des cigales et le battement d'ailes des papillons se firent lointain.

Tanjirô avait conscience de ce qu'il faisait, son cœur battait fort, résonnant dans ses tempes. Et même en utilisant le souffle intégral, il n'arrivait à réguler les battements de son cœur. La proximité qu'il avait instauré avec elle le perturbait. Ses yeux remplis d'incompréhension qui le scrutait aussi.

– Ferme tes yeux Kanao. Lui souffla-t-il.

La brune sentit sur ses lèvres le souffle brûlant du garçon et ses joues se tintèrent d'un léger rouge presque rosé. Suite à l'indication du sabreur, elle s'abandonna à ses soins et ferma ses yeux.

Celui-ci rapprocha lentement ses lèvres des siennes, il les effleurait, les titillait; avant de les poser sur les siennes. Il osa même les mouver lentement contre les siennes, et timidement elle suivit son mouvement. Il prit quelques secondes à se détacher d'elle.

Leurs yeux se retrouvèrent et son souffle se coupa. Elle semblait désorientée et Tanjirô sentit le rouge lui monter aux joues, son assurance commençait à redescendre.

– Et maintenant...il passa sa main dans ses cheveux et planta son regard sur le parquet avan de reprendre, gêné: J'espère sincèrement que cette décision pourra nous faire nous envoler plus haut. Il ponctua sa déclaration d'un léger sourire communicatif pas très assuré de sa décision.

Un papillon vert se posa gracieusement sur le bout de son nez. Ses sourcils se froncèrent et son nez se retroussa, il faillit même éternuer. Un sourire éblouissant s'installa sur les lèvres de Kanao et un éclat de rire féminin résonna entre les arbres du domaine du papillon.

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Léger os sur Demon Slayer d'à peine 1 000 mots! J'espère qu'il vous a plus !

Aussi! L'écrit prend place la deuxième fois que Tanjirô, Zinetsu et Inesuko se retrouvent au domaine du papillon pour se faire soigner.

Bisou,

L'envol du papillon Where stories live. Discover now