CHAPITRE UN

82 7 7
                                    

SEPTEMBRE

« Si les hommes se tirent dessus, c'est qu'il y a des vaccins dans les balles.

Et si les bâtiments explosent c'est pour fabriquer des étoiles.

Et si un jour ils ont disparu, c'est qu'ils s'amusaient tellement bien

Ils sont partis loin faire une ronde tous en treillis mains dans la main.

Tout va bien. Tout va bien.

Petit tout va bien.

Dors. Dors. »

La musique ne résonne plus que dans une seule de mes oreilles, mon écouteur droit étant tombé dans la nuit. La veille, je suis rentrée juste avant le couvre-feu que Melissa m'impose. Mais je ne suis pas parvenu à trouver le sommeil. Vers minuit j'ai voulu me risquer à ressortir de l'appartement. Mais je me le suis refusé. A la place, je suis resté allongé là, sur mon lit duquel mes pieds dépassent à cause de ma grande taille et j'ai repensé à toutes ces rentrées des classes que j'ai surmontées.

Maman disait toujours qu'il faut s'imaginer être encore en vacances le lendemain. Je déteste repenser à ça. Chaque fois, je revois son visage au-dessus du mien. Ses cheveux blonds qui me chatouillent les yeux quand elle m'embrasse sur le front pour me souhaiter une bonne nuit. Chaque fois, je serre les dents et la colère me gagne. Mais c'est la seule solution que j'ai trouvée pour ne pas passer une nuit blanche avant le début des cours.

Je regarde l'heure sur l'écran de mon portable me doutant d'avance qu'il est déjà six heures moins le quart. Je replace mon écouteur dans l'oreille et me lève pour m'étirer avant de faire quelques exercices physiques. Des séries d'abdos et de pompes quotidiennes pour tenter de maintenir ce corps maigrichon que j'ai réussi à muscler un peu depuis un an. Je l'ai fait dans la rue évidemment. On n'a pas les moyens de me payer un abonnement dans une vraie salle de sport. Maximilien, le petit-ami de Melissa, m'a donné quelques tuyaux, qu'il a appris pendant ses entrainements de rink-hockey, avant de partir en Italie pour sa saison, alors je me débrouille tout seul.

Une fois mon réveil physique terminé, je prends possession de la salle de bain avant que ma sœur, cette vraie fille, s'y enferme, pendant ce qu'il me semble toujours être des heures.

Après l'étape de la douche vient celle du petit-déjeuner. Je me sers un bol de céréales et m'assois à la petite table de la cuisine. J'essaye d'avaler cuillères après cuillères sans penser à la journée qui m'attend. Je ne veux pas me laisser emporter par le stress. Je peux gérer, je me dis quand Melissa débarque et renfonce le couteau dans la plaie.

- Prêt pour ta rentrée dans ton nouveau lycée ?

- Pourquoi vous avez choisi Victor Hugo, ce lycée de bourges, je proteste en m'affalant contre le dossier de ma chaise.

- Ca fais partie du deal Léo, elle clôt la discussion.

Le deal. Tout ça à cause d'un petit séjour au poste de police à la fin de l'été. Ni elle, ni personne d'autre d'ailleurs n'a voulu croire ma version des faits. C'est-à-dire, que je me suis retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Je ne savais pas que ces gars trafiquaient. Mais la police a débarqué à ce moment-là. Une nouvelle descente qui a bien fait jaser.

Heureusement pour moi, le fait que je sois mineur, que je n'étais pas en possession de drogue, m'a permis d'être libéré sans trop de conséquences. Mais il était hors de question pour Melissa de me laisser impuni et Frédérique, mon éducatrice, était du même avis. On a donc convenu que je reprendrai mes rendez-vous avec Fred plus une fois tous les quinze jours mais carrément deux fois par semaine, et que je devais changer de lycée pour diversifier mes fréquentations. Et je dois m'y plier sinon, à la prochaine connerie, volontaire ou non, ce sera pire que la prison.

Les autres peuvent bien aller se faire voir - T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant