手紙 | ᶠᵃʳ ᵃʷᵃʸ

prologue

          « — flash info, l'information vient nous parvenir à l'instant ! Ray Dark, commandant et entraîneur de football pour plusieurs grands clubs et écoles, fils du très grand joueur professionnel Tom Dark, vient de perdre la vie lors d'un accident de la route sur l'île de liocott où se déroulait l'incontournable football frontier internat- »

le bruit sourd de la sonnette sorti l'adolescent de ses pensées, à force de les écouter, ils connaissaient sûrement les paroles de la journaliste par cœur. il se faisait du mal, mais il continuait à les écouter en boucle, le regard vide. on sonna une seconde fois à sa porte, pour lui rappeler qu'aucun de ses majordomes n'ouvrirait à sa place comme d'habitude car son père les avaient tous fait prendre congé à sa demande. il voulait être seul. l'homme d'affaire était en déplacement et ce pour un petit bout de temps, ce qui l'arrangeait presque: l'adolescent se voyait mal afficher autant sa peine face à un homme qui était prêt à lui léguer son entreprise, hors de question que son père se mette à penser qu'il n'en a pas les épaules. qui pouvait bien sonner chez lui de si bon matin? l'adolescent soupira, il voyait déjà mark planté devant sa porte avec son immense sourire venu lui remonter le moral par le pouvoir du ballon rond. ce garçon semblait réellement croire que tout les problèmes de ce monde pouvait se résoudre par le football, comment lui expliquer qu'il ne ramenait pas les morts?

son agacement pour ce bruit strident l'avait poussé à se lever, et glisser les clés dans le verrou, lui qui vivait volets fermés depuis qu'il était rentré du FFI.

          « — bonjour monsieur sharp, une lettre pour vous. »

la lumière du jour attaqua ses jolis yeux cernés, tout autour de lui semblait flou, y compris l'homme au seuil de sa porte. il arrivait finalement à le voir s'incliner poliment, et à reconnaitre l'uniforme des postiers. le châtain devait afficher une drôle de tête à ce moment même, pourquoi s'embêter à sonner pour juste remettre une lettre alors qu'il avait une boite aux lettres ?

      « — euh, merci.. mais, vous pouvez la mettre simplement dans la boîte aux lettres vous savez, inutile de s'embêter.. »

sa voix était si faible, il se demandait presque si l'homme en face de lui l'avait entendu.

      « — oh! je suis désolé monsieur mais lorsque j'ai voulu la mettre quelque chose bloquait alors, je vous l'ai remis en main propre. »

l'adolescent assura à l'homme qu'il ne l'avait pas dérangé, au contraire d'ailleurs, il l'avait plutôt fait sortir de ce foutu reportage.. rassuré, l'homme parti continuer ses distributions.

la boîte aux lettres ? bloquée ? bizarre, ils n'étaient pas du genre à recevoir des colis. mais après tout, le joueur n'était pas sorti de chez lui depuis son arrivée, alors, qui sait? prenant sur lui et réunissant le peu de courage disponible il fit ses premiers pas à l'extérieur depuis ce qu'il lui semblait être une éternité. il en avait oublié la couleur du ciel, de l'herbe, des gens; tout semblait si gris. loin de là l'idée de se laisser aller aux idées noires, il saisit une autre clé de son trousseau, et pour en finir avec cette histoire, ouvrit cette fameuse boîte aux lettres.

à peine l'avait-il entrouvert, qu'une dizaine de lettres tombèrent à ses pieds.

délirait-il? ça n'avait aucun sens, il ne recevait jamais de lettres, et encore moins autant ! il se baissa pour les ramasser et éviter que l'une d'entre elles s'envolent, puis en saisit une au hasard. il n'y avait aucune informations sur l'envoyeur, juste son adresse. une fois relevé, son paquet de lettres sous un bras, il tenta de l'ouvrir d'une seule main, et lu la première phrase.

"yo judy, toujours pas mort?"