les yeux des murs

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Italie il y a de cela des années, j'avais visité les jolis monuments de Rome, rencontré les rues colorées de Milan, et aperçu les vestiges de Venise. Mais rien n'eut jamais été aussi beau que San Gimignano.

Une richesse se cachant sous ces chemins modestes, on s'y trouvait hors du temps, comme éloigné de l'espace, c'était un charme tenu vagabond dans l'immensité des dimensions. Durant mon séjour je ne pris pas la peine de me prendre au décor, observer les gens de loin, me repaître des discussions passagères entre les habitants et errer dans les rues rayées de pavés durant des heures entières, cela m'était déjà suffisant.

Je n'avais rencontré que de rares personnes, me mélanger à ce peuple si plein de bonté ne me gênait pas, je n'en éprouvais simplement pas le besoin. Sauf ce soir-là.

J'observai la lune naviguer sous les nuages, traînant derrière elle des longues vagues d'étoiles, mais elle me vola un regard. Au détour d'une rue, je la voyais, quand elle m'observait. Lèvres coupées d'une cigarette, ses jolis yeux encadrés de cheveux fadement décolorés, qui se cachaient presque derrière une frange maladroitement taillée, Giannina rayonnait dans cette élégante jupe sombre qu'elle portait.

Elle m'embrassa pour me saluer, habituelle depuis que l'on se côtoyait. C'est elle qui m'avait fait parcourir le vocabulaire italien, un brouillon d'expressions et d'exclamations qui me semblait ravissant, lors des après-midi où il faisait trop chaud pour s'amuser, quand on s'enfermait dans son appartement pour un peu réviser.

On se parla longuement, trop pour rester encore dans les longues rues traversées par la jeunesse. Alors on alla chez elle, talons frappant contre le sol de bois, vite retirés sous notre commun ras-le-bol et la douleur qu'il en advenait.

Nos lèvres se mêlaient dans les rires, et dans un premier regard de désir, sa bouche finit sa course mordue de mes dents. Je couvrais son visages de baisers quand ma poitrine respirait sous ses caresses à la sensualité troublée d'ardeur. Ainsi, nous fûmes bientôt drapées de nudité, réchauffées de nos attentions embrasées, et le plancher s'habilla étroitement de nos légers vêtements.

On s'est couvertes de nos plaisirs charnels, nous ouvrant à l'autre quand nos corps suaient de cette chaleur nocturne, éprises de l'autre, nuit bestiale dans une atmosphère fauve. Elle a apprécié mes lèvres autant que j'aimais ses mains, qui me découvraient, comme j'explorais ses courbes.

Les deux belles noctambules qui se cherchaient dans le noir, sombres silhouettes dansant sous le soleil du soir, un érotisme parlant et puissant, qui hurle et qui explose dans nos délices, amantes de la fantastique concupiscence.

Et à la suite de nos si précieux ébats, je lui demandai une cigarette, sous ses soupires de douceurs et ses paroles murmurées à mon oreilles dans un discret sourire. Sous ma fumée on se balançait, encore nues bien que parcourues d'impudeur, car il faisait bon de remuer rien qu'à la beauté de ce que l'on avait toujours porté. Je me souvient tant de ma Giannina, la belle blonde d'Italie.

Et encore aujourd'hui, je me revois amoureuse de cette nuit, et du corps de San Gimignano.

le corps de san gimignanoHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin