Ta mélodie.

Assis à son bureau, un jeune garçon, seul dans sa chambre, soupira, las, tout en mettant en boule pour une énième fois un autre morceau de papier.
Pourquoi était-ce si compliqué de s'exprimer ? Ce n'étaient que des mots qu'il souhaitait écrire ! Ces mêmes mots qu'il utilisait tous les jours sans réfléchir. Alors pourquoi est-ce qu'écrire son ressenti vis-à-vis de cette personne était si compliqué ?

Il avait l'impression de tourner en rond, de se répéter ou encore de mal s'exprimer. Peu importe à quel point il se concentrait, il ressentait toujours cette gêne lui arriver au visage alors qu'il se relisait.
Ses mots n'étaient pas clairs et peu importe à quel point il essayait de tourner ses phrases de manière poétique, il se trouvait juste ridicule.

Aah, pourquoi était-ce si compliqué ?

Soufflant, le jeune garçon se releva, se dirigeant dans sa salle de bain. Entrant dans la salle d'eau, il ouvrit son robinet, laissant l'eau froide couler dans ses mains qu'il avait placées en coupe. Les ramenant à son visage pour s'arroser, il saisit ensuite la serviette blanche à sa gauche, s'épongeant le visage tout en soupirant.
Un peu d'eau froide ne pouvait que lui faire du bien. Il avait l'impression d'avoir tellement réfléchi que son cerveau surchauffait.
Reculant son visage pour prendre une grande bouffée d'air, l'adolescent regarda ensuite son reflet dans le miroir en face de lui après avoir posé la serviette sur le bord du lavabo.

Il avait déjà réitérer cette action durant plusieurs jours. Pourquoi n'y arrivait-il pas ? Il était censé être un détective ! Les détectives n'étaient-ils pas censés être doués avec les mots ?

En effet, Shûichi Saihara, le détective ultime, cherchait désespérément à écrire sa lettre d'amour envers celle qu'il considétait être son soleil.
Elle qui lui avait souri, qui lui avait parlé, qui lui faisait confiance, qui l'avait aidé... Elle qui lui avait tendrement pris la main, qui l'avait sorti de sa carapace... Qu'est-ce qu'il l'admirait.

Son sourire lorsqu'elle parlait, ses yeux qui brillaient en discutant de ce qu'elle aimait, son visage si doux quand elle faisait ce qu'elle aimait, son sérieux lorsqu'il s'agissait d'aider les autres... Shûichi aimait tout cela.
C'était elle qui l'avait aidé à surmonter sa peur, à s'imposer, à reprendre confiance. Il avait appris à sourire à la vie de nouveau, grâce à elle.

Il se souvenait encore de ce moment de sa vie où il n'osait même pas lever les yeux pour marcher la tête haute ou regarder ceux qui l'entouraient dans les yeux. Cette peur constante qui l'étreignait, cette peur de voir le regard des autres. Il s'imaginait constamment regardé par des regards haineux ou trop attentifs à chacun de ses gestes. Il savait que tout le monde le surestimait, que tout le monde espérait trop de choses de lui. Pour une chose aussi idiote qu'un coup de chance, il s'était fait appelé l'ultime détective. Pourtant, peu importe à quel point il pensait ne pas le mériter, peu importe à quel point il savait qu'il ne le méritait pas, cette fille continuait de lui dire le contraire et, pour une raison étrange, le détective commençait peu à peu à y croire.

La douce manière de l'encourager de la jeune fille faisait battre son cœur à un doux rythme et il se sentait heureux. Repenser à son sourire lui donnait l'impression que tous ses soucis s'évaporaient comme un rayon de lumière dissiperait les ténèbres. Ces ténèbres dans lesquelles il s'était enfermés, dans lesquelles il refusait de sortir. Mais la chaleur que l'adolescente dégageait semblait traverser cette épaisse brume et l'attirait vers elle.

Oui, voilà, c'est ce qu'il ressentait.

Il se sentait attiré par elle. Kaede Akamatsu, la pianiste ultime, avait réussi à le charmer, prenant sans même s'en rendre compte le cœur du détective.
Il se sentait bien avec elle, simplement entendre sa voix le relaxait. Lorsqu'il l'écoutait jouer du piano, ça le relaxait. Lorsqu'il était avec elle, ça le relaxait. Lorsqu'il la voyait, ça le relaxait. Il avait l'impression que peu importe ce qu'elle faisait, cela le relaxait et berçait son cœur.