pourquoi je regrette de coucher sans sentiments :

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tw/ viol

j'ai toujours été anti-romance

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j'ai toujours été anti-romance. du style le sexe ok mais le couple non et le mariage surtout pas. j'ai toujours été pour la libération sexuelle, j'ai toujours visé à être une femme libre qui baise quand elle veut baiser, avec une vision totalement déstigmatisée, décontractée presque désintéressée du sexe. quand j'étais vierge, je me disais que plus tard baiser ça serait une banalité pour moi. que je pourrais baiser n'importe qui si l'envie me prenait sans jamais ressentir de regrets. je me pensais intouchable, insensible, je pensais que j'étais capable d'avoir du sexe froid. je ne ressentais pas d'appétit sexuel à cette époque.

puis je me suis mise à baiser. et quand je baise, ma main interdit toujours l'accès à ma vulve quand on me propose un cunni, en revanche j'offre toujours du sexe oral à mes partenaires (hommes et femmes) parce que je préfère donner. au début c'est toujours drôle de baiser, c'est un peu scandaleux, tu te sens grandir, t'as une adrénaline le lendemain d'une baise, t'y repenses et tu te dis "putain, j'ai fait ça".

puis progressivement tu perds cette adrénaline, ça devient une banalité et tu donnes plus facilement du tien à un partenaire qui ne te plaît peut-être pas plus que ça. tu baises avec quelqu'un parce que la situation prête à baiser, parce que des fois c'est moins fatigant d'accepter que de refuser. t'as pas de papillons dans le ventre, on t'embrasse dans le cou et tu sens pas les frissons, tu sens la langue, l'humidité et ça ne te fait rien.

puis des fois on abuse de toi (je ne parle pas de viol ici) et ça te dégoûte, tu te dis que rien de ce que t'as pu ressentir ne vaut la peine. l'acte te hante et tu sens constamment l'odeur de la personne, si bien que tu la vois partout, littéralement partout, j'en ai rêvé tellement de fois. pour ma part, c'est vraiment l'odeur qui reste. elle se niche dans l'acier de mon septum ou dans mes vêtements, et souvent quand je reviens de soirée à 7h du matin, je m'endors dans des vêtements gorgés d'odeurs de la soirée : la personne, la fumée de cigarette, le whisky, le sexe. l'odeur du sexe avec une femme et l'odeur du sexe avec un homme sont tellement différentes, mais l'odeur du sexe est quasi pareille avec tous les hommes. l'odeur du sexe avec une femme fait que tu ne penses pas à l'acte mais à la personne, parce que les odeurs de femme sont plus singulières. la personne qui m'a blessée le plus récemment est une femme, c'est horrible de passer la nuit avec son odeur sous le nez.

j'ai tellement été utilisée pour le sexe, convoitée pour le sexe, blessée en faisant du sexe, humiliée à cause du sexe ou pendant le sexe, j'ai été agressée sexuellement, violée, ça fait quatre mois que je n'ai eu que des amitiés qui impliquent le sexe. l'immense majorité de mes amis ici au portugal me baiseraient si ils pouvaient. y compris des gens bien plus vieux que moi, vieux dans le style 28 voire 38 piges. je me sens objectifiée, réduite au statut de sextoy alors que mon attirance pour le sexe et mon appréciation du sexe sont riquiqui. je n'ai pas envie de baiser. je n'ai pas envie qu'on me touche, qu'on me lèche, qu'on me pénètre. j'ai envie qu'on me prenne dans ses bras, j'ai envie qu'on me souffle dans l'oreille, qu'on me caresse les cheveux. j'ai envie d'une figure paternelle, d'une amie bienveillante, d'un entourage sain. j'ai envie de me sentir bien à nouveau.

alors je regrette toutes les baises sans sentiments, je regrette tous les baisers quand j'étais ivre ou défoncée, je regrette par dessus tout le cunni de samedi dernier, auquel je n'ai jamais consenti et auquel je n'aurais jamais pu consentir morte comme j'étais, à peine consciente sur le tapis, après avoir pris des rails et des rails de cocaïne et des tirs sur un joint, quand je dis que j'étais morte c'est que j'étais morte. quand je dis que je n'ai pas consenti c'est que j'ai dit non, et pas qu'une seule fois.

je ne veux plus baiser sans papillons. je me suis mise à avoir peur de ce que les gens disent de moi. tout le monde est hostile, j'ai pas d'amis.

c'est drôle, je fais tout ce que je me voyais faire. je bois, je fume, je me défonce, je sors, je plais, je suis tout le temps invitée, je baise comme si ce n'était rien. j'ai fait tout ce qui était censé me rendre heureuse mais c'était pas le bon timing. je suis pas guérie. je souffre encore trop des conséquences de mon traumatisme. alors je ne m'amuse plus. je ne fais que faire tout ce qui est censé m'amuser en espérant que ça m'anesthésie le temps d'une nuit mais toutes les nuits sont pourries. plus rien ne me fait de l'effet. alors maintenant je veux faire tout ce que je n'ai jamais voulu faire. je veux un partenaire, pas sexuel, un copain ou une copine. je veux que quelqu'un me laisse dépendre de lui et je sais que c'est toxique. je sais que c'est pas non plus le bon timing pour être en couple. mais ce que je cherche là c'est pas la durabilité, c'est le confort, la stabilité en urgence. c'est de sentir de l'affection voire de l'amour. parce que je suis seule et que partout où je vais je ressens de la froideur. je n'aime personne. je n'aime pas mes amis. je suis avec eux par intérêt et je suis incapable de les aimer.

bref, je sais pas exactement ce que je veux... peut-être recouvrer des sentiments, une stabilité ou simplement sentir qu'on m'aime, je ne sais pas. ce que je sais c'est que je ne veux plus faire l'amour sans amour. je parle pas d'amour pour la personne, je parle d'un sentiment. je parle de la tension, du bien-être et de la chaleur.

ah et je veux plus baiser dans une voiture, je veux plus baiser dans une salle de bain d'hôtel. je veux plus baiser avec quelqu'un à côté non plus ou être à côté de quelqu'un qui baise.

je veux laisser le temps à mon esprit de guérir.

fute à prangeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant