Sourire #1

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“Le temps me presse et me comprime.
Chaque matin sur ma poitrine une pierre git, si lourde que ma respiration se coupe parfois et son poids rend presque impossible mon levé.
Quand j'y arrive enfin, je suis épuisé
et la pierre se déplace, se divise et s'équilibre sur mes épaules.
M'affaler sur ma chaise de bureau ou mon fauteuil, en silence, semble être la seule action possible tant l'énergie me quitte.
Les pierres, les cailloux, les gravas sont partout.
Dans mes paupières pour les alourdir, dans mes narines pour rendre ma respiration difficile, dans ma gorge pour que je ne parle pas.
Elles remplacent ma colonne vertébrale pour me faire souffrir à chaque mouvement et touché.
Elles remplacent mes phalanges pour m'empêcher d'écrire, même de marcher.
Mon corps devient une pierre, inerte
Elles colonisent mon crâne, amenant les migraines, mon esprit, amenant les insomnies.
Sommeil, je te cherche pour que la douleur disparaisse.„

La porte s'ouvre. Et malgré la douleur, je sourit. Parce qu'il est là, lui, toujours sur mon dos pour tout. Il ne sait pas tout mais ne veut pas savoir. Ça ne le dérange pas, le silence et les pleurs, les cris peut-être un peu. Il me regarde et me prend dans ses bras dans ces moments là, il me sourit. J'ai toujours aussi mal, mais c'est peut-être ça qui me fait tenir, lui et ses bras chauds, ses silences pleins de mots invisibles, ses yeux réconfortants.
On passe des heures à jouer à des jeux vidéos sans se parler, Sylvain en rit souvent. On ne crit pas, on évacue le stress avec les manettes et pas nos voix.
J'ai toujours mal, mais il est là, c'est ça le principal.
Et puis, quand il parle c'est doux, moelleux comme un ours en peluche, c'est calme et sincère. Parfois il cris un peu dans l'excitation d'une sortie, mais ça reste doux, sûrement parce que c'est lui.
J'ai certe une douleur que personne ne pourrait comprendre qui m'isole, mais j'ai deux amis qui me regarde toujours avec ces yeux pleins de quelque chose qui n'a pas besoin de se dire. J'ai oublié de l'écrire ça, que j'avais l'amour pour me faire sentir autre chose que mes pierres tranchantes.

- Al' tu viens jouer ?
- Je suis fatigué...
- Chut chut chut, c'est jeudi, il est 17h, donc jeux vidéos.

Un rire lui échappa face au sourire toujours si enfantin de Rémi. Il vint alors s'asseoir sur le canapé, les épaules collées contre Rémi, Sylvain en observateur et ils commencèrent une partie.

Aliex (zéro profondeur dans le titre)Where stories live. Discover now