"Peu importe ce que tu dis (...)" (Charles/Pierre)

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Il y a peu de bruit, dans la pièce. La main de Pierre broie la sienne. Charles soupire doucement, toujours pas convaincu que ce soit une bonne idée. Il est drôlement fier, au fond.

"Peu importe ce que tu dis, est-ce que tu peux juste continuer à parler ?" marmonne Pierre, la mine douloureuse.

"Ce ne devrait pas être long."

La tatoueur leur adresse un sourire amusé. Ce n'était même pas son idée à lui de venir ici, mais bien celle de Pierre. Il se mord la lèvre, il sait bien ce qui est tatoué. Il sait que c'est son logo qui prendra forme dans l'intérieur de la cuisse de son petit-ami et il se sent possessif. Il s'exécute quand même, voyant le malaise reflété au fond des yeux de son français.

"Est-ce que tu te souviens de cet accident de karting ? Je pense ... non je suis même sûr qu'Esteban était là aussi. Tu étais furieux. J'essayais de te retenir par la taille mais c'était compliqué ..."

Un sourire vague qui se pose sur ses lèvres alors qu'il expose en détail le souvenir de cette journée et Pierre a plusieurs émotions qui passent dans son regard. Leurs mains sont toujours liées, il est content d'avoir forcé Pierre à couper ses ongles avant de venir. Il suit l'afflux, les veines apparentes le long de son bras ...

"Tu sais que ce n'est pas vrai, je n'ai jamais eu ... avec lui ..."

"Un jour, il faudrait vraiment résoudre ce qu'il y a entre vous."

"Il n'y a rien entre nous, merci."

Une amitié gâchée, oui. Charles embrasse Pierre pour le faire taire. Il le sent se tendre sous lui, probablement à cause de la douleur. Quand il se recule et se rassoit à sa place, le tatoueur se redresse en hochant la tête.

"Travail fini."

Il a du mal à détacher ses yeux du tatouage. En relevant le regard, il se rend compte que c'est la même chose pour son petit-ami. Bouche sèche. Oh. Il reste absorbé dans sa contemplation tandis que des consignes sont données. Elles ne sont pas pour lui, pas encore du moins, il peut se laisser aller à l'observation quelques secondes supplémentaires.

"M.Leclerc ?"

Les regards du tatoueur et de Pierre sont sur lui. Il se sentirait presque embarrassé.

"On peut commencer votre tatouage ?"

Il acquiesce, se déshabillant précautionneusement pour révéler l'intérieur de son bras gauche, proche de son aisselle.

Un accord plutôt tacite, quant au comment les endroits seront visibles par eux et par eux-seuls ...

Pierre rit en fond lorsqu'il se place et se demande quel genre de douleur il va affronter. Le français lui offre sa main, tout comme il lui a offert la sienne quelques minutes auparavant. Ce ne devrait pas être trop long, après tout le logo de Pierre n'est pas si gros mais quand même.

Quand même, ça reste un tatouage.

Ils marquent leur peau vierge pour la première fois et quelle signification, quelle romantisme que de commencer par la marquer de quelque chose qui appartient à l'un et à l'autre. Certains pourraient y voir une certaine idiotie, dire qu'une relation peut ne pas durer, mais ils savent qu'elle durera.

Ils ont déjà fait le plus dur. Ils ont affronté les tempêtes et le gouffre qu'ont été les pertes dans leur vie. Ils se sont tenus aux côtés l'un de l'autre, sans flancher, sans jamais partir. Et si ils ne peuvent pas prévoir leurs disputes, ils peuvent au moins mettre en avant l'amour qu'ils ressentent l'un pour l'autre.

Et ce n'est peut-être pas assez, peut-être que c'est trop naïf. Mais ces tatouages incarnent une promesse qu'ils se font. Une promesse qui leur est propre.

Les aiguilles qui plongent dans sa peau et il commence à serrer la main de Pierre un peu plus fort. Celui-ci sourit, presque moqueur, mais affectueux :

"Je t'avais dit que ça ferait mal, mon cœur, je te l'avais dit."

letters to ṣ̴̓e̶͔͐n̷̹̈d̷̲̾Where stories live. Discover now