A celle qui m'a souri...

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Hello ! Le chapitre d'aujourd'hui est un peu différent, il tient plus du rantbook que du vieux parchemin poussiéreux ressorti du fin fond d'on ne sait où... J'espère que ça vous plaira quand même ! C'est un chapitre que j'ai écrit pour une personne que j'aime beaucoup et que je suis toujours reconnaissante d'avoir rencontrée... Bonne lecture !

À toi.

À celle qui m'a souri une première fois quand je ne connaissais personne.
Je me souviendrais toujours de comment tu m'as abordée quand moi je n'osais pas parler, c'est drôle d'y repenser, mais tu m'avais parlé de cette voix aiguë que tu réserves aux personnes inconnues, quand maintenant tu ris de tout avec moi, même des choses les moins ragoûtantes, sans te soucier des conséquences. Parce que tu as confiance en moi et que c'est réciproque.

Je t'avais répondu un peu froidement, car j'avais peur dans cette nouvelle école où je ne connaissais personne, parce que j'avais perdu foi en le peu d'humains que j'avais laissé derrière moi. Toi qui semblait déjà dans ton élément, tu as pourtant persévéré ; tu as brisé mes défenses, tu as pénétré cette terre inviolée, ma forteresse de solitude. Tu m'as montré qu'on pouvait rire de tout, et parler de rien, même avec quelqu'un qu'on connait à peine, tant qu'on est heureux avec. Tu m'as beaucoup appris, même si tu prétends souvent que c'est le contraire. Nous étions heureuses je crois, comme je l'ai rarement été ; tu me disais que tu n'avais jamais autant ri avec quelqu'un et ça me mettait le baume au cœur. Tu étais le petit rayon de soleil qui m'a vraiment rendu la vie plus simple quand je la trouvais plus difficile que tous les problèmes de maths de tous les livres réunis. Sans mentir.

Puis j'ai appris que tu étais malade. J'ai eu peur, mais tu m'as rassurée. Tu m'as dit que tu avais passé une partie de ton enfance à l'hôpital. Que tu avais toujours été comme ça, mais que ça pourrait s'arranger. Avec des opérations, et peut-être des prothèses. Tu m'as dit que si tu étais en S, si tu voulais faire médecin, c'était pour aider les gens qui partageraient un jour ta situation. Tu souriais. Mais je n'écoutais plus. J'étais pétrifiée. Pourtant je t'ai souhaité bon courage. Je t'ai laissée te déscolariser et t'éloigner de moi, j'ai laissé s'en aller la joie pour me cloitre à nouveau dans le mutisme, et j'ai espéré, secrètement, que nous puissions toujours être amies, sans trop y croire : "loin des yeux loin du cœur comme on dit."

Mais tu étais toujours prête à me surprendre. Je savais, nous savions, même, qu'une amitié à distance ne serait pas comparable à une amitié quotidienne, qui se construit au fil des moments passés ensemble, au jour le jour. Mais nous avons essayé, et, si j'ose dire, réussi. Chaque semaine, nous partagions un court moment où le monde nous laissait rendre justice à cette relation fusionnelle, court moment que dans les temps difficiles, j'attendais comme on aurait attendu la venue d'un ange, d'une entité divine qui serait capable de guérir tous les maux. Tu étais mon ange, mon refuge. Une sorte de nouveau chez-moi.

Notre amitié s'est ainsi construite, autour de selfies, de rendez-vous hebdomadaires et d'aventures gourmandes, tous les mercredis où nous pouvions nous rejoindre, tant que ta santé et mon emploi du temps étaient compatibles. Au fil des semaines, nous avons appris à rire ensemble, à s'en faire mal aux joues, mais aussi à débattre, à s'aventurer sur des sujets plus sérieux, en somme, à se connaitre. Et c'était grisant d'apprendre que nous ressemblions autant que nous étions différentes.

Le temps a passé, les mois ont ridé la surface de nos existences. J'espérais dans mon cœur que tu me considère plus que comme une simple amie. Comme une meilleure amie, à vrai dire. C'était sans doute puéril, le nom qu'on donne à un être cher ne suffit pas à caractériser la relation qu'on entretient avec lui, mais ce désir était là comme un crime inavoué. Je me sentais coupable de l'entretenir en moi, car le fait était que tu avais déjà quelqu'un à nommer de la sorte ; et que moi j'avais perdu de vue toute personne susceptible d'être appelée ainsi. Tu étais mon repère dans la tempête, ce phare lumineux qui me donnait l'impression de ne pas être entièrement seule... Et puis tu as lâché le mot. Celui que j'attendais.

Tu m'as dit que tu m'aimais et ça m'a remuée jusque dans mes tripes. Tu as été là quand j'en avais besoin et même plus. Pour ça je veux te remercier à l'infini. Merci d'être là dans ma vie et de me soutenir.

J'avais besoin de quelqu'un comme toi. J'espère que toi tu avais besoin d'une comme moi,

Je te suis dévouée à jamais,

Lisa Thelmar

Récits du fond de ma chambreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant